en 
 
 
cinema

 
 

Carol (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  08/04/2024  

De Todd Haynes avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson et Kyle Chandler


Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux.
À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les 2 femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.


Que n’a-t’on pas déjà dis et surtout écrit de manière toujours fort élogieuse sur les prestations cinématographiques de la remarquable Cate Blanchett, actrice australienne plébiscitée à juste titre, ainsi qu’aux nombreuses récompenses et distinctions amplement méritées ! Que ce soit l’Oscar pour son rôle dans Blue Jasmine, les Golden Globes, les Bafta Awards, même la coupe Volpi à la Mostra de Venise et autres nominations à la pelle, il ne lui restait plus qu’à décrocher le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour réussir enfin le Grand Chelem ! Peine perdue pour cette année, d’autant que c’est sa partenaire Rooney Mara (The social network ; Millénium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes ; Effets secondaires ; Her ; Les amants du Texas) qui a reçu les honneurs à sa place, empochant une Palme de la meilleure actrice gagnée pour son rôle d’oiseau ou plutôt d’« ange tombé du ciel ».
Autant la première est bluffante comme à son habitude en élégante bourgeoise tirée à 4 épingles, à la fois empruntée, pincée, corsetée et hyper sophistiquée, voire un peu trop snob jusqu’à minauder parfois, autant la seconde – avec son petit air à la Winona Ryder aussi gênée que mal à l’aise - est merveilleuse de simplicité, de fragilité et de réserve. Quoi qu’il en soit, ce duo dans une liaison homosexuelle fonctionne parfaitement à l’écran, l’une comme l’autre jouant à la perfection le trouble, soit à travers la tentatrice mélancolique certes amoureuse mais malheureuse en mariage pas très heureux, soit à travers la jeune vierge « effarouchée » toute en délicatesse mais néanmoins au comportement pour le moins désarmant de spontanéité, le tout dans ce drame romantique au demeurant fort « sulfureux » se déroulant à une période encore ultra puritaine, très à cheval sur le « qu’en dira-t’on », les conventions, les principes et son cortège de valeurs bien pensantes. En effet, nous sommes plongé dans une époque révolue, les années 50, où la moindre incartade sentimentale dite aussi relation taboue ou le plus petit écart de conduite limite interdit pouvait entrainer l’esclandre, la honte, le scandale, l’infamie, le déshonneur et même le divorce pour clauses de moralité douteuse. Comment voulez-vous arriver à vivre autrement si vous êtes obligé d’aller contre votre nature ?
Adapté du roman intitulé Eaux dérobées, écrit par la célèbre Patricia Highsmith et publié en 1952, cette romance lesbienne qui vire au mélodrame est un must de la reconstitution on ne peut plus réaliste et fidèle d’une Amérique (presque) d’antan, du genre classieux comme ce n’est pas permis, précis et soigné jusqu’aux moindres détails, au point de retrouver ici et là l’esprit très décoratif des peintures exécutées par le fameux artiste américain Edward Hopper, témoin attentif des mutations sociales aux Etats-Unis. Rien n’a été laissé au hasard de la part du réalisateur Todd Haynes (Velvet goldmine ; Loin du paradis – qui traitait déjà de la délicate question de l’homosexualité dans l’Amérique bourgeoise des années 50 - ; I’m not there – avec notamment Cate Blanchett dans le rôle de Bob Dylan ! -), ni son choix scénaristique infiniment nostalgique (souvent tourné autour de la différence peu tolérée par la société), ni son prestigieux casting au formidable talent qui en impose, et encore moins son sens de l’esthétique académique sur support « argentique », souvent poussé à son paroxysme…

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique