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Dallas Buyers Club (sur Ciné + Club)

Sortie  le  29/09/2022  

De Jean-Marc Vallée avec Matthew McConaughey, Jennifer Garner, Jared Leto, Steve Zahn, Deneen Tyler, Denis O’Hare et Griffin Dunne (sur Ciné + Club les 29/09 + 02 et 06/10)


1986, Dallas, Texas, une histoire vraie.
Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.


Il n’était franchement pas évident à la base, d’autant plus pour un réalisateur d’origine québécoise, de mettre en scène pareil sujet plutôt très américain dans sa forme et son fond, mais Jean-Marc Vallée (Liste noire ; CRAZY ; Café de Flore) semble avoir réussi haut la main ce pari un peu fou, certes risqué mais néanmoins audacieux, au vue de son résultat pour le moins passionnant et cela à plus d’un titre.
D’abord, un scénario qui traite du VIH à travers l’expérience réelle qu’a vécu non pas un homosexuel comme on a déjà pu le voir à plusieurs reprises au cinéma (entre autres Les nuits fauves, N’oublie pas que tu vas mourir, Jeanne et le garçon formidable, Clara et moi, Le temps qui reste et Les témoins du côté français, et Philadelphia côté USA) mais celle d’un homme « 100% hétéro » ayant eu des rapports non-protégés et adepte de substances illicites, peu enclin à suivre les traitements médicamenteux (notamment l’AZT) imposés par un hôpital « charlatan » et à servir de cobaye pour quelques laboratoires pharmaceutiques avides de notoriété internationale et surtout de rentrées financières non-négligeables grâce à des données encore peu fiables à cette époque (nous sommes au milieu des années 80), afin de se soigner à sa manière avec sa propre technique tout en continuant à garder son style de vie décousue faite d’expédients de toute sorte.
Ensuite, pour interpréter un tel personnage, aussi désinvolte que sûr de lui et aussi combatif qu’arrogant, il fallait un acteur à la hauteur et capable de « donner vie » de façon intense à cet espèce de cow-boy pur et dur qui « se bat pour une vie qui lui échappe » (en réalité, il a survécu plus de 7 ans alors qu’on ne lui donnait qu’un mois à vivre). Matthew McConaughey (Mud ; Magic Mike et dernièrement Le loup de Wall Street) s’est glissé magistralement dans la peau de ce gars atteint du virus du sida avec un physique de circonstance, d’une maigreur extrême à faire peur – et qui fait d’ailleurs peur à voir ! -, un peu comme son confrère Christian Bale dans American psycho. Bref, un rôle à Oscar - mais tout de même avec déjà un Golden Globe ! - dans l’air, tout comme d’ailleurs pour son drôle d’acolyte, joué par Jared Leto (Requiem for a dream – où il arborait déjà un profil et un physique de junkie - ; Fight club ; Panic room ; Lord of war ; Alexander ; Mr.Nobody) qui est tout aussi impressionnant que lui - lui aussi vient de remporter un Golden Globe -, méconnaissable en « grande folle » d’une minceur également excessive. Quant à Jennifer Garner (Pearl Harbor ; Daredevil ; Elektra ; The kingdom) en médecin qui a « des couilles », elle apporte sa petite contribution à l’ensemble avec une touche compatissante.
Enfin, un rythme soutenu qui oscille entre drame (la gravité de l’état de santé de certains) et humour (le franc parler utilisé par Matthew McConaughey) sans jamais tomber dans le pathos ni le comique, et cela grâce à un montage nuancé, plein de subtilités et de rebondissements narratifs. On se croirait tout à fait dans une version d’Erin Brockovich : seule contre tous mais cette fois masculine à travers l’action et le combat disproportionnés, genre David et Goliath, entre une seule personne et le lobbying pharmaceutique soutenu par les pouvoirs publics, qui est toujours d’actualité même chez nous (voir par exemple en ce moment le procès du laboratoire Servier)....

C.LB



 
 
 
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