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Je fais le mort (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  26/04/2024  

De Jean-Paul Salomé avec François Damiens, Géraldine Nakache, Lucien Jean-Baptiste, Anne Le Ny, Nanou Garcia, Corentin Lobet et Jean-Marie Winling (les 26 et 29/04)


A 40 ans, Jean, comédien, est dans le creux de la vague… Il court le cachet sans succès. Au pôle Emploi Spectacle, sa conseillère lui propose un job un peu particulier : prendre la place du mort pour permettre à la justice de reconstituer les scènes de crime.
Son obsession du détail bluffe les enquêteurs et va permettre à Jean de revenir sur le devant de la scène dans une affaire délicate à Megève, hors saison, suite à une série de meurtres…


Après nous avoir habituées à des grosses productions à la française telles que Belphégor – le fantôme du Louvre, Arsène Lupin ou bien encore Les femmes de l’ombre, le réalisateur et scénariste Jean-Paul Salomé s’est lancé dans des mises en scène un peu moins tape-à-l’œil et plus modestes sans pour autant manquer d’un certain intérêt comme le fut notamment Le caméléon, inspiré d’une histoire vraie. Cette fois, il s’attaque à la comédie avec une joie non-dissimulée, à la fois simple, sans prétention et drôle juste ce qu’il faut. Loin de vouloir être péjoratif, on pourrait presque dire qu’il nous propose ici un très bon téléfilm du niveau d’Arte mais sans néanmoins l’aspect très esthétisant de la photo.
Pourtant, il a tourné en montagne dans les Alpes à Megève pour être plus précis, donnant un aperçu aussi beau que possible de cette station de ski huppée de Haute-Savoie et filmée en période creuse dite aussi basse saison. Personnage à part entière comme l’avait été en son temps la ville de Twin Peaks dans le film de David Lynch, ce village montagnard, déserté par ses touristes à cette époque, donne une image mystérieuse, voire quelque peu inquiétante, qui renforce l’ambiance plus ou moins polar de ce long métrage. Mais c’était sans compter sur la présence de François Damiens qui apporte un côté rassurant et décontracté de par sa prestation comique en artiste mythomane aussi précis que carré, aussi pointilleux que tatillon, aussi méticuleux que pinailleur, bref, aussi chiant que chieur. Toujours au taquet, discutant tout et jamais en manque d’initiative alors qu’il n’est, pardon, qu’il ne « joue » que le mort dans des scènes de reconstitution, il mène son enquête à sa façon, ne laissant aucune preuve passer et essayant tant bien que mal de pointer les incohérences d’une affaire crapuleuse face à une (très) jeune juge d’instruction chargée de résoudre 3 crimes.
Il faut bien le préciser, François Damiens est l’attraction première de ce film, véritable cerise sur le gâteau qui jubile dans chacune de ses scènes et qui nous fait rire à chacune de ses apparitions. Cette série de meurtres intriguant n’est qu’un prétexte à bien le mettre autant en avant qu’en valeur, nous faisant sa tête habituel de français (ou de belge) moyen, d’ahuri vantard et de curieux pugnace, prenant petit à petit sa place, comme Benoît Poelvoorde d’ailleurs, dans le cœur, l’esprit et l’estime des spectateurs. Comment ne pas avoir pour lui un réel désir de sympathie lorsqu’on le voit galérer et se démener comme un (beau) diable, à la recherche d’un emploi et faisant le parcours du combattant pour y arriver ? Quoi qu’il en soit, il est touchant, attendrissant et forcément « marrant » du début à la fin, donnant à cette comédie une petite touche de décalage, un léger grain de folie, un charme évident ainsi qu’un dépaysement total, et cela malgré une réalisation certes pas très pertinente mais qui ronronne parfaitement, doucement, inéluctablement….

C.LB



 
 
 
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