en 
 
 
cinema

 
 

Il était temps (Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  08/05/2024  

De Richard Curtis avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy, Lydia Wilson, Lindsay Ducan et Richard Cordery (les 08 et 14/05)


À l’âge de 21 ans, Tim Lake découvre qu’il a la capacité de voyager dans le temps... Lors de la nuit d’un énième nouvel an particulièrement raté, le père de Tim apprend à son fils que depuis des générations tous les hommes de la famille maîtrisent le voyage intertemporel. Tim ne peut changer l’histoire, mais a le pouvoir d’interférer dans le cours de sa propre existence, qu’elle soit passée ou à venir... Il décide donc de rendre sa vie meilleure...en se trouvant une amoureuse. Malheureusement les choses s’avèrent plus compliquées que prévu.
Tim quitte les côtes de la Cornouailles pour faire un stage de droit à Londres et rencontre la belle et fragile Mary. Alors qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre, un voyage temporel malencontreux va effacer cette rencontre. C’est ainsi qu’au fil de ses innombrables voyages temporels il n’a de cesse de ruser avec le destin afin de la rencontrer pour la première fois, encore et encore, jusqu’à ce qu’il arrive à gagner son coeur. Tim se sert alors de son pouvoir afin de créer les conditions idéales pour la demande en mariage parfaite, pour sauver la cérémonie à venir du discours catastrophique du pire des garçons d’honneur imaginable mais aussi pour épargner à son meilleur ami un désastre professionnel.
Mais alors que le cours de sa vie inhabituelle se déroule, Tim découvre que ce don exceptionnel ne lui épargne pas la peine et les chagrins qui sont communs à n’importe quelle autre famille partout ailleurs.


Les réalisateurs comme d’ailleurs les scénaristes anglais ont ce don de savoir faire des films romantiques ou du moins cette faculté de raconter de belles comédies sentimentales qui fonctionnent parfaitement et tiennent durablement la route. Ce fut entre autres le cas de 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Le journal de Bridget Jones (et sa suite intitulée Briget Jones : l’âge de raison) et Pour un garçon, sans oublier Love actually en 2003 du bien nommé Richard Curtis qui récidive à nouveau avec cette histoire d’amour pour le moins abracadabrante, pas très éloignée du principe du film Un jour sans fin.
En effet, un secret de famille bien gardé mais on ne peut plus extravagant – la possibilité d’avancer comme de reculer dans le temps, prodige réservé uniquement aux membres masculins d’une tribu aimante aussi joyeuse qu’heureuse – va bouleverser quelque peu la vie d’un jeune homme, facilitant plus ou moins son existence alors que ce garçon semble si timide, si gauche, si maladroit, si hésitant, si nerveux, si stressé, si mal à l’aise ou mal dans sa peau, bref, pas franchement sûr de lui. Il va tenter d’assurer en se servant de cette capacité surnaturelle pour faire son bonheur et trouver l’amour, sauf que rechercher l’âme sœur ne se fait pas sans un certain nombre de difficultés au passage, du genre hésitations, erreurs, bévues et autres manques qu’il essayera tant bien que mal de corriger grâce à son nouveau « procédé » miraculeux.
Ce scénario, au thème on ne peut plus extravagant pour ne pas dire fantastique, peut paraître léger et mince résumé de la sorte, sauf que ce « cadeau » incroyable va servir à faire le bien autour de notre personnage principal – interprété par le talentueux Domhnall Gleeson (vu notamment dans Never let me go, True grit, Shadow dancer et dernièrement Anna Karenine) -, en corrigeant par exemple quelques sorties de route aussi malencontreuses qu’inopinées (comme celles de sa sœur, pauvre « victime de la vie » sacrifiée sur l’autel des quotas prédestinés), plutôt qu’à lui-même, aidant le plus souvent son prochain parfois à son détriment. On pourrait se laisser facilement avoir et même attendrir par le côté touchant, voire attachant de ce gentil héros accompli s’il n’y avait pas autant de situations répétitives et d’anecdotes redondantes sur fond de rapports père/fils idylliques, de bons sentiments exacerbés et de belles valeurs morales défendues.
Quoi qu’il en soit, ce merveilleux procédé, plus proche d’un « subterfuge » narratif qu’autre chose, qui ne sauve pas toujours notre jeune homme du perpétuel dilemme ni du ridicule d’ailleurs, tourne malgré tout rapidement en rond à force de vouloir faire constamment le bien d’autrui. Même avec toute la volonté du monde et une bonne BO par-dessus le marché (Amy Winehouse ; Cat Power ; Nick Cave ; Ron Sexsmith), cette bluette divertissante pour (très) jeunes adultes esseulés, qui pensent positif à tout bout de champs, manque singulièrement de surprise et cruellement de suspense, n’arrivant pas à sortir de ses ornières toutes tracées que va être cette « extraordinaire vie ordinaire » où le quotidien n’est que bonheur et ravissement. Ah, chienne de vie, pardon, rah lovely…

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique