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L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (sur Ciné + Famiz)

Sortie  le  17/03/2021  

De Jean-Pierre Jeunet avec Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie, Kyle Catlett, Niamh Wilson, Jakob Davies et Dominique Pinon (sur Ciné + Famiz les 17, 20 et 23/03)


T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Après avoir laissé un mot à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que 10 ans et qu'il porte un bien lourd secret…

C’est toujours avec une immense joie, une profonde impatience (et une certaine fébrilité aussi !) que l’on attend le nouveau film de Jean-Pierre Jeunet, lui qui n’a pas son pareil pour vous emmener dans des univers bien à lui, certes incroyables, à la fois grandioses et majestueux, mais toujours originaux, souvent bigarrés, voire parfois magiques. Sous la houlette de ce faiseur aussi créatif que stylisé, nous voilà emporté aux Etats-Unis dans une présentation d'abord rurale puis dans un périple ferroviaire qui va d’Ouest en Est, un moyen comme un autre de glorifier, du moins de rendre un vibrant hommage - et dans toute sa splendeur - aux étendues à perte de vue et la beauté encore épargnée de ce continent nord américain.
On sent que cette fois, Jeunet s’est fait plaisir, sans transformer ni (trop) traficoter (à grands coups de focales colorées, comme à son habitude d’ailleurs !) ces magnifiques paysages naturels, sachant toujours trouver l’angle adéquate pour faire ressortir toute la puissance des lieux croisés, un peu comme s’il avait enfin concrétisé un vieux rêve d’enfant à travers un certain nombre de clichés typiquement U.S.. C’est d’ailleurs un livre d’images qu’il nous délivre ici autour du ranch traditionnel (dans le Montana), du père cowboy sur son cheval (un mustang), à la fois imperturbable et impénétrable, la winchester en bandoulière, sans oublier ces trains qui n’en finissent pas, bref, de l’idée qu’on se fait de ce pays autant pour ceux qui le connaissent un peu que pour ceux qui n’y sont jamais allé !
Quoi qu’il en soit, passé ce constat, Jeunet n’a fait qu’exporter son savoir-faire bien français à l’étranger, réutilisant à nouveau tout l’esprit ainsi que le style visuel d’Amélie Poulain (qui n’est d’ailleurs pas très loin, notamment avec ce titre à rallonges !) dans une histoire – toujours - aventureuse, poétique et sensible (pleine de séquences « émotion » dirons-nous !), cette fois dans la version non pas d’une fille mais d’un petit garçon astucieux, aussi curieux qu’inventif, et aussi méticuleux qu’obsessionnel, certes surdoué – au complexe de supériorité éhonté qui a une solution à tout avec ses neurones constamment en ébullition – mais néanmoins un génie en herbe qui s’ennuie « ferme » (c’est le cas de le dire !) chez ses parents qui le négligent un peu trop à son goût, et qui décide d’aller visiter les environs avec comme prétexte une remise de « diplôme » à l’autre bout du pays. Toutefois, l’indéfectible lien familial étant le plus fort, tout rentrera évidemment dans l’ordre, bien sûr.
C’est encore une fois pour Jeunet l’occasion d’installer - en plus de Dominique Pinon sa mascotte depuis 1991 avec le fameux Délicatessen - ses petites astuces narratives remplies d’impressions explicatives diverses et variées sous forme d’incrustations en relief (d’où l’utilisation de la 3D) servant d’alternatives possibles, entre des schémas, des graphiques, des croquis, des inventions et des statistiques de toutes sortes, en un mot, d’inscriptions en tout genre pour égayer les situations proposées et les enchaînements rencontrés (et pourquoi pas un système de mouvement perpétuel pendant qu’on y est, réalisé par un Géo Trouve-Tout haut comme 3 pommes au potentiel cérébral exceptionnel, devenant une sommité scientifique récompensée à seulement 10 ans !).
Ce n’est pas qu’on se lasse mais son procédé technique amusant ne change pas beaucoup d’un film à l’autre, n’évoluant pas trop telle une marque de fabrique déposée qui revient inlassablement à chaque fois, et restant constamment le petit « truc » qui essaye de divertir mais qui finalement sert plus de gadget, de remplissage ou de bouche-trou qu’autre chose. Cela donne au passage l’impression d'alourdir, voire même le sentiment de desservir son scénario, tiré du célèbre roman de Reif Larsen (sorte de conte initiatique fortement illustré et quelque peu naïf) - simple sans être simpliste - qui reste fort attachant sans pour autant nous toucher véritablement. Mais il ne faudrait tout de même pas (trop) mégoter sur cette production qui mérite amplement le déplacement de part son message universel et sa qualité cinématographique….

C.LB



 
 
 
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