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L’écume des jours (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  07/08/2023  

De Michel Gondry avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy, Aïssa Maiga, Charlotte Le Bon, Sacha Bourdo et Philippe Torreton


L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.

Cette histoire d’amour plutôt mouvementée, à la fois fantastique, comique et tragique, tirée du célèbre roman pour ne pas dire culte de Boris Vian, ne pouvait qu’être adaptée par un réalisateur au moins aussi visionnaire et imaginatif que l’auteur du livre lui-même. Un pari certes ambitieux et même un projet difficile que ne pouvait pas louper et surtout - si possible - que ne devait pas rater Michel Gondry, grand habitué des défis visuels assez singuliers, ainsi que des scénarios aussi fous qu’alambiqués !
Rien n’était véritablement impossible pour lui qui avait déjà mis en scène notamment La science des rêves, un sérieux pas dans un univers inventif et une ambiance fantasque. Raison de plus pour être très attentif à chaque image qui défile devant nous, où pas un plan n’a été pensé à l’avance, où pas un détail n’a été oublié au préalable, où pas un effet – certes systématique mais pas forcément « spécial » - n’a été bidouillé en amont ! Les lieux sont bizarrement insolites, les décors incroyablement originaux, les dialogues particulièrement iconoclastes et les accessoires bigrement farfelus. A croire que ce débordement d’idées en tout genre, un peu à la manière des Monty Python version Brazil (un piano à apéritifs, un agenda en forme de rubik’s Cube, une table cercueil, des chaussures-chiens, des plats à manger encore vivants, etc …) n’attendait que de trouver un scénario digne de ce nom pour être enfin créer à l’écran et se matérialiser sous nos yeux !
Il semblerait que l’œuvre de Boris Vian ait été respectée scrupuleusement au pied de la lettre et que ses passions n’aient pas été oubliés non plus, n’omettant pas de garder un certain nombre de tournures complexes du roman et autres références bien spécifiques de l’époque - les fameuses années 50 - à travers entre autres une BO genre « zazou » mais néanmoins bien jazzy qu’affectionnait beaucoup Vian (la trompette et Duke Ellington) et des lectures intellectuelles de l’après-guerre (comme le nom de Jean-Paul Sartre qui a été ici mal orthographié exprès, une sorte de pied de nez à cette période certes révolue mais riche en littérature).
Quoi qu’il en soit, malgré un rythme vif et toujours en alerte, cette production de plus de 2 heures ressemble beaucoup à un fourre-tout aussi bien visuel que narratif, du livre mythique comme de l’esprit créatif de son concepteur. Et déjà 2 heures, c’est long quand il faut rester concentré à chaque instant, faute de quoi on passe à côté de quelque chose, si minime soit-il ! N’empêche que si le livre a marqué toute une génération, ce film devrait réussir à en faire autant avec cette nouvelle qui, on l’espère, saura apprécier, à sa juste et grande valeur, le travail colossal fourni et accompli par son créateur et réalisateur…
P.S. : Le casting n’a pas été délibérément oublié, loin de là, d’autant qu’il soutient parfaitement et harmonieusement cette fresque monumentale, mais s’il fallait comparer entre 2 mises en scène naviguant dans le même environnement tour à tour magique, fantaisiste et fantasmagorique, est-ce que la présence d’Audrey Tautou, encore (trop) marquée par sa prestation dans le stylisé Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, était vraiment nécessaire à l’élaboration – si ce n’est financière - de cette réalisation somme toute assez proche de la précédente, ne trouvez-vous pas ?

C.LB



 
 
 
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