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Margin call (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  25/04/2024  

De J.C. Chandor avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Mary McDonnell et Demi Moore


Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche.
La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…


Quand on commence à faire des films sur un sujet aussi épineux que celui de la crise boursière (encore toute chaude et à peine remise de ses « émotions » d’ailleurs !), c’est qu’il a beaucoup de choses à dire et à montrer, puisqu’elle est toujours d’actualité, d’autant qu’elle donne matière à la fois à réfléchir sur la situation et à écrire dessus, notamment comment fonctionnent de l’intérieur toutes ces institutions financières plus ou moins requins, voire nébuleuses, limite opaques, qui gravitent autour.
Ici, on l’appellera la firme, un peu à l’image de celle du film du même nom réalisé par Sydney Pollack en 1993, une banque d’investissements (direction service gestion à risques) où travaillent des analystes, des traders, des experts, des pontes, bref, des mercenaires de la finance qui s’amusent avec l’argent des autres. Tant que ce n’est pas le leur, ils vont essayer de vous refourguer n’importe quel bon « plan » juteux qu’ils auront manipulé au préalable sur leur ordinateur, dans le seul et unique but de ramasser le pactole (la prime et les bonus qui vont avec !) en fin d’année. Leur devise : ne pas perdre d’argent sauf pour les autres. Mais quand on jongle avec des chiffres, au point de jouer avec les propres valeurs de sa société, on s’expose au pire et les risques de pertes peuvent être énormes, pour ne pas dire catastrophiques (souvenez-vous par exemple de l’histoire assez récente de Jérôme Kerviel au sein de la Société Générale !).
Voilà une bonne occasion de voir comment ces hommes pas tous et toujours intègres, « heureux » d’être encore là (mais pour combien de temps ?) alors qu’ils se congédient les uns les autres à tour de bras et à la moindre baisse de régime, vont tenter un plan de transition (ou plutôt d’urgence !) en liquidant leurs positions et autres valeurs « spéculatives » auprès de leurs clients et intermédiaires qu’ils vont flouer et dont beaucoup ne se relèveront pas, tout cela afin de soutenir leur boîte en « faillite » et, peut-être, de sauver leur peau pour ne pas être virer comme un malpropre. Certes, tous des survivants en sursis (« il faut survivre à tout prix ») mais des destructeurs avant tout !
Prêt pour la grande « braderie » ? C’est inquiétant mais c’est la dure réalité de cette profession qui passe son temps à parler fric et qui, quand on y pense, donne sacrément froid dans le dos. Un véritable carnage en perspective et dans tous les sens du terme que cette petite et première réalisation sans prétention de J.C. Chandor, pourtant nominée aux derniers Oscars dans la catégorie Meilleur Scénario Original, qui nous dépeint avec beaucoup de sérieux mais aussi pas mal de nuance scénaristique et de subtilité narrative l’existence assez précaire et hautement risquée de ces hommes d’argent.
Pas besoin d’en faire des tonnes (Krach de Fabrice Genestal) ni d’avoir beaucoup de moyens (Wall Street 1 & 2 d’Oliver Stone) pour nous (dé)montrer les dessous de tels procédés, juste un très beau casting presque choral où s’affronte entre autres un Kevin Spacey (American beauty ; Un monde meilleur ; La vie de David Gale ; Las Vegas 21) toujours aussi roublard (comme dans Swimming with sharks en 1994), et un Jeremy Irons (Lolita ; Kingdom of heaven ; Inland empire)) qui nous fait son numéro de PDG très imbue de sa personne avec un discours imparable (surtout celui au final).
En résumé, une critique du système…humain, sur sa réflexion ainsi que sur son jugement, sans jamais être une parodie outrancière ni une caricature éhontée de l’univers boursier, juste un constat authentique et plus vrai que nature de l’environnement dans lequel nous évoluons ! Et pas besoin d’être un initié ou un averti du jargon financier pour bien comprendre ce qui se trame tous les jours dans ces grandes tours dispatchées un peu partout dans le monde….

C.LB



 
 
 
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