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My week with Marilyn (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  18/01/2024  

De Simon Curtis avec Michelle Williams, Kenneth Branagh, Eddie Redmayne, Emma Watson et Judi Dench


Au début de l’été 1956, Marilyn Monroe se rend en Angleterre pour la première fois. En pleine lune de miel avec le célèbre dramaturge Arthur Miller, elle est venue tourner Le prince et la danseuse, le film qui restera célèbre pour l’avoir réunie à l’écran avec Sir Laurence Olivier, véritable légende du théâtre et du cinéma britanniques, qui en est aussi le metteur en scène.
Ce même été, Colin Clark, 23 ans, met pour la première fois le pied sur un plateau de cinéma. Tout juste diplômé d’Oxford, le jeune homme rêve de devenir cinéaste et a réussi à décrocher un job d’obscur assistant sur le plateau. 40 ans plus tard, Clark racontera ce qu’il a vécu au fil des 6 mois de ce tournage mouvementé dans son livre, The prince, the showgirl and me. Mais il manque une semaine dans son récit….
Son second livre, Une semaine avec Marilyn, relate la semaine magique qu’il a passée, seul, avec la plus grande star de cinéma du monde. Tour à tour drôle et poignant, My week with Marilyn porte un regard intime et rare sur l’icône de Hollywood, en racontant le lien aussi bref que puissant qui s’est noué entre cette femme exceptionnelle et le jeune homme qui a su la comprendre mieux que le reste du monde.


Le plus important pour rendre totalement crédible une telle histoire, c’est d’abord de trouver la bonne actrice, l’interprète idéale qui jouera le mieux possible la femme la plus célèbre et la plus idolâtrée de ses 50 dernières années, l’irremplaçable Marilyn Monroe disparue en 1962. Et de ce côté-là, Michelle Williams (Le secret de Brokeback Mountain ; Synecdoche New York ; Shutter island ; Blue Valentine) a pas mal d’atouts en sa possession : une silhouette sexy, des expressions bien connues, une chevelure platine, des mimiques typiques, bref, un mimétisme qui frise la copie (presque) conforme. En effet, elle serait parfaite si sa voix et certains gros plans ne trahissaient pas l’image que l’on a (gardée) de l’unique Marilyn à travers ses nombreuses et différentes prestations.
Néanmoins, celle-là est tout de même à marquer d’une pierre blanche, tant Michelle Williams illumine, voire irradie à l’écran, notamment lorsqu’elle descend de l’avion, qu’elle a un comportement fantasque ou bien qu’elle pose ses yeux sur quelqu’un. On décèle chez elle cette douceur mêlée à une fragilité à fleur de peau derrière son personnage qui n’est pas sans nous rappeler tout à fait l’originale. Et même si ses minauderies comme ses moues et poses sont insistantes, pour ne pas dire un peu soulignées et parfois trop appuyées, on se laisse prendre par le jeu remarquablement glamour de cette jolie comédienne dans la peau d’une femme-enfant tourmentée et à l’instinct pur qui, toute sa vie, s’est sentie seule et abandonnée, qui avait souvent le trac et qui n’avait pas beaucoup confiance en elle (ni en son talent d’ailleurs !), qui dévorait littéralement ceux qui l’entouraient (Arthur Miller compris !), que l’on flattait régulièrement et que l’on essayait d’« assommer » avec toutes sortes de calmants pour mieux tenter de la contrôler.
On connaît plus ou moins bien son véritable parcours ainsi que son aura et ses débordements, entre autres ses frasques, caprices et facéties de star (avec la fameuse méthode de Paula Strasberg), et pour ceux en particulier qui savent comment s’est vraiment déroulé ce tournage en Angleterre (la souffrance endurée pendant plusieurs mois), ils vous diront que Sir Laurence Olivier (représenté ici par un Kenneth Branagh légèrement bouffi), issu de la bonne vieille école d’acteurs européens, ne pouvait pas (ou plus) supporter Marilyn, notamment ses trous de mémoire répétés, ses oublis consécutifs et ses retards intempestifs. Il fallait la prendre comme elle était sinon, elle les rendait tous fous, mais quand elle y arrivait, elle était bonne ! De là à enjoliver la réalité pour mieux se mettre en avant, il n’y avait qu’un pas allègrement franchi par le charmant et séduisant (on n’en doute pas !) Colin Clark (c’est le jeune Eddie Redwayne qui a ses traits, vu dans Raisons d’état, Elizabeth : l’âge d’or, Savage Grace, et 2 sœurs pour un roi) qui s’octroie celui (et le seul « camarade ») qui a réussi à lui dire la vérité et à sauver cette production plutôt mal engagée, une comédie légère en costumes sans grande renommée internationale.
Vrai ou pas, on s’en moque un peu, préférant admirer cette belle romance, pardon, histoire d’amitié sous forme de biopic, son « souvenir le plus persistant » qui l’a littéralement chamboulé (comment ne pas l’être autrement, en étant à sa place ?), lui a fait tourner la tête (et à pleins d’autres également !) et lui a brisé le cœur (au lieu de se laisser séduire par Emma Watson – la saga Harry Potter - en costumière perruquée !). Un grand bravo au réalisateur Simon Curtis qui vient du théâtre et de la télévision, capable de restituer à la perfection cette époque révolue, grâce à une reconstitution assez minutieuse, une photo plutôt impeccable et une BO très chatoyante (Nat King Cole et Dean Martin).
Voilà donc un défi remporté haut la main (c’est si rare de voir quelqu’un qui sache bien lui ressembler au cinéma !), et une chronique amoureuse agréable qui plaira aux fans de la première heure, comme de la dernière d’ailleurs….

C.LB



 
 
 
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