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Hugo Cabret (sur Canal + Grand Ecran)
Sortie
le 11/03/2025
De Martin Scorsese avec Asa Butterfield, Chloë Grace Moretz, Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen, Ray Winstone, Emily Mortimer et Jude Law (les 11, 12 et 23/03)
Dans le Paris des années 30, Hugo est un orphelin de 12 ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En recontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…
Le réalisateur Martin Scorsese n’a jamais tourné de film pour enfants et encore moins en 3D, et voilà qu’il s’est décidé enfin à franchir les 2 caps en le faisant pour sa fille âgée de 10 ans. Tant mieux, on va pouvoir en profiter nous aussi, d’autant qu’il a adapté le beau roman d’aventure de Brian Selznick, intitulé L’invention d’Hugo Cabret ! Cette histoire de pauvres ados plus ou moins orphelins (on pense bien sûr un peu au film Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire !), qui arrivent, grâce à leur ingéniosité et leur persévérance, à surmonter les épreuves dressées sur leur chemin et à espérer une existence meilleure, ne pouvait que susciter intérêts et curiosité chez un metteur en scène aussi réputé et talentueux que lui. Mais n’est pas conteur d’histoires qui veut, même lorsque celles-ci sont destinées aux plus petits ! Si Martin Scorsese sait parfaitement rendre l’atmosphère et l’esthétique d’une époque révolue (souvenez-vous du Temps de l’innocence, de Casino ou bien encore d’Aviator !), avec ici sa reconstitution minutieuse de Paris (avec néanmoins pas mal de réminiscences empruntées à l’univers du Fabuleux destin d’Amélie Poulain !), il ne retrouve pas le souffle narratif qu’on espérait de lui, trop linéaire, trop figé, trop lent et trop emprunté. Il installe son sujet sans presque aucun dialogue (les 20 premières minutes), tourne pratiquement dans un seul décor (celui de la gare Montparnasse transformée pour l’occasion en celle d’Orsay au début du 20ème siècle), fait parler nos jeunes protagonistes avec un phrasé qui n’est pas le leur (souvent avec des mots qui ne font partie de leur langage ou qui ne semblent pas très naturels venant d’eux, avec parfois des termes théoriques pas évidents à comprendre et d’autres en français quelque peu désuets), et déclenche des situations maladroitement exagérées, voire enfantines, qui ne font pas vraiment rire (notamment les bousculades provoquées par un inspecteur/chef de gare « intrépide », joué par Sacha Baron Cohen – vous savez le fameux Borat !). Autant le casting est à la hauteur de ce projet ambitieux, avec un Asa Butterfield (Wolfman ; Nanny McPhee et le big bang) impressionnant en Hugo Cabret, une Chloë Grace Moretz (Amityville ; Big Mamma 2 ; The eye) délicieuse en Isabelle, sans oublier un Ben Kingsley parfait en Georges Méliès, autant son récit manque cruellement de souplesse (beaucoup trop écrit et souligné), de rythme (plutôt statique et mou à défaut d’être énergique), de relief (un peu toujours les mêmes plans…répétitifs), de profondeur (pas assez de sentiments ni d’émotions) comme de charme (certes rétro mais néanmoins toujours un peu cliché venant d’un américain !). Le seul vrai attrait, qui apporte une certaine dimension intriguante à l’ensemble (à part le mystérieux automante), est cet hommage vibrant et non dissimulé que rend le réalisateur à la naissance du cinéma et donc du muet (des premières images réalisées avec l’entrée du train en gare de La Ciotat en 1897 jusqu’aux films de Charlot comme Le kid en 1921 ou avec Harold Lloyd tel que Safety last en 1923), et surtout au fabuleux univers magique de Georges Méliès (avec notamment le célèbre Voyage dans la lune), qui est la principale et quasi unique référence du film, et pour cause puisqu’il est le pivot de l’histoire ! Le principe étant de raconter au jeune public comment le cinéma à débuter, et un moyen comme un autre de le leur faire (encore et toujours) aimer, cette production nostalgique remplie son rôle d’apprentissage et de connaissance plus que celui de réel amusement et de véritable divertissement auprès d’un public familial…
(voir la conférence de presse à la rubrique Actu)
C.LB
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