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Un heureux évènement (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  26/04/2021  

De Rémi Bezançon avec Louise Bourgoin, Pia Marmaï, Josiane Balasko, Thierry Frémont, Gabrielle Lazure et la participation de Firmine Richard (sur Ciné + Emotion les 26 et 29/04)


« Elle m’a poussée dans mes retranchements, m’a fait dépasser toutes mes limites, m’a confrontée à l’absolu : de l’amour, du sacrifice, de la tendresse, de l’abandon. Elle m’a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m’a rien dit ? Pourquoi on n’en parle pas ? ».
Un heureux événement ou la vision intime d’une maternité, sincère et sans tabous.


Voilà exactement le style de film qui ne peut que marcher auprès d’un large public, disons plutôt adulte ! En effet, un sujet assez « universel » autour d’une histoire qui s’adresse autant aux femmes qu’aux hommes ; des personnages crédibles à travers un duo d’acteurs charismatiques auxquels on peut s’identifier facilement, à la fois beaux, libres, insouciants, spirituels et bien sûr convaincants ; et une réalisation joliment rythmée et astucieusement montée, celle de Rémi Bezançon à qui l’on doit déjà Ma vie en l’air et surtout l’excellent Le premier jour du reste de ta vie.
Sur ce principe narratif de base on ne peut plus classique et à l’épilogue attendu, tout semble être réuni pour que ce jeune couple d’amoureux, et surtout elle, accepte, avec plus ou moins de facilité et d’aisance comme de difficultés et de sacrifices, les nombreuses épreuves qu’ils vont rencontrer à l’arrivée d’un enfant. Ce bébé, qui va venir « égayer » leur nouvelle vie, peut se révéler être source de merveilleux comme de conflits et de périodes catastrophiques (vomissements, dépression, surpoids,…) pour des parents sans véritables repères et pas vraiment préparés à cette importante venue. Et c’est là que repose toute la problématique de ce changement soudain qui va soit solidifier soit faire éclater cette cellule familiale.
Alors, comment sauver le couple lorsque l’enfant paraît ? Est-ce que je suis prêt(e) à assurer ce « débarquement » éminent ? Serais-je vraiment à la hauteur ? Aurais-je la fibre maternelle ? Vais-je pouvoir véritablement (m’)assumer ? Et suis-je un bon parent, solide et responsable ? Tant de questions existentielles et post-natales que vont se poser aussi bien la pétillante Louise Bourgoin (La fille de Monaco ; Le petit Nicolas ; Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc Sec), qui est le centre névralgique de ce film d’autant que tout repose sur sa propre métamorphose à elle (notamment ce qui se passe dans son corps !), que le sémillant Pia Marmaï (Le premier jour du reste de ta vie ; La loi de Murphy ; D’amour et d’eau fraîche), un peu absent, égoïste et immature, limite irresponsable, à l’image d’un certain nombre de papas qui se respectent et qui poussent parfois leur femme dans leurs derniers retranchements.
Et avec eux deux, tous les cas de figures et réactions autour de la maternité vont y passer tel un défilé connu seulement des « initiés », des 9 mois d’attente interminables à « rêver » jusqu’à l’après et ces multiples corvées, doutes et moments de stress, en passant par une peur viscérale collée au ventre (c’est le cas de le dire !), le choix du prénom (à ne jamais révéler à quiconque !), les précautions vis-à-vis de l’alimentation (avec une longue liste d’interdictions), les rapports avec les grands-parents (et leurs « conseils » soit cool, soit psychorigides), les cours de préparation à l’accouchement (qu’on ne suit jamais jusqu’au bout), la péridurale (qui reste la solution miracle contre la douleur), l’allaitement (ou le biberon, c’est selon !), les pleurs (et le manque de sommeil qui va avec), l’intrusion de la belle-mère (qui veut toujours bien pour ne pas dire mieux faire), la poussette (dont on a perdu le mode d’emploi), le baby-blues devant les tonnes de choses à faire (alors qu’on est seul et assigné à résidence)…Bref, devant tout cela, on souhaite en général bonne chance (et c’est bien compréhensible !).
Beaucoup se reconnaîtront dans ce portrait intime du couple, à la fois doux-amer et sans tabous, adapté du roman à succès d’Eliette Abécassis sorti en 2005, qui tente de passer les étapes et le cap sans trop de casses, ni de heurs et encore moins de complications. Avec un sens de la situation qui s’impose, des dialogues aussi francs que sincères qui fussent, une montée crescendo des états d’âmes les plus réalistes qui soient et des bouleversements « traumatiques » les plus véridiques possibles, sans oublier des scénettes particulièrement croustillantes (entre autres la désacralisation de l’accouchement et les envies de « tuer » Mr. Bébé), voire même cocasses (l’intro plutôt originale), on ne peut qu’adhérer à cette tragi-comédie sur la maternité, il faut bien l’avouer, beaucoup plus drôle et léger que franchement grave et dramatique.
Et tout ce méli-mélo fin et piquant se déroule sans trop d’encombres qui ne soient déjà prévisibles d’avance, mais qui fera au moins le bonheur de tous ces couples amoureux avec des enfants que l’on connaît ! Ne dit-on pas d’ailleurs que le bonheur n’est pas un état permanent mais un équilibre précaire….

C.LB



 
 
 
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