Le skylab (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  19/03/2024  

De Julie Delpy avec Julie Delpy, Eric Elmosnino, Lou Alvarez, Aure Atika, Noémie Lvovsky, Bernadette Lafont, Emmanuelle Riva, Vincent Lacoste, Marc Ruchmann, Sophie Quinton, Valérie Bonneton, Denis Menochet, Jean-Louis Coulloc’h, Michele Goddet et Luc Bernard

Juillet 1979, pendant les vacances d’été dans une maison en Bretagne. A l’occasion de l’anniversaire de la grand-mère, oncles, tantes, cousins et cousines sont réunis le temps d’un week-end animé.
Chronique familiale pittoresque racontée par Albertine, 10 ans, Le skylab est aussi celle d’une époque particulière.

« Souvenirs, souvenirs, quant tu nous prends…. » ! Nostalgique du bon vieux temps, la comédienne, scénariste et réalisatrice Julie Delpy (Looking for Jimmy ; 2 days in Paris ; La comtesse) se remémore sa tendre enfance et nous la raconte à la manière d’une chronique familiale particulièrement savoureuse, sous forme de petites saynètes du quotidien très jubilatoires et de courtes anecdotes d’antan assez croustillantes, le tout pimenté de rires, de chansons mais aussi de répliques cinglantes et de coups de gueule. Les parents boivent et les enfants trinquent !
Et nous voilà plongé en arrière, transporté à la fin des années 70 lors d’une grande réunion de famille près de Saint Malo. Tout le monde est là, petits et grands, débordant de fraîcheur, de vitalité et de gouailles, prêt à toutes les retenues mais aussi à tous les penchants, prenant l’existence comme elle vient, à bras le corps et parfois excès, et se souciant peu du lendemain, le fameux quand-dira-t-on. Bref, tout y passe !
C’est l’image pleine d’intensité de la famille au grand complet, non pas parfaite ou bien tranquille, loin de là, mais plutôt presque « idéale », voire quelque peu exaltée, avec tout ce que cela comporte comme moments exhubérants, histoires fortes et passages drôles, ainsi que problèmes ambiants, espiègleries coquines et autres dérapages en tout genre. Sans tomber dans les faux-semblants comme Affaire de famille de Claus Drexel, ni dégénérer dans les réglements de compte comme Pardonnez-moi de Maïwenn, et encore moins sombrer dans le drame violent comme Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin, cette fresque familiale touchante lorgne plus du côté des comédies populaires à la Pascal Thomas (Les zozos ; Un oursin dans les poches ; Les maris, les femmes, les amants ; Mercredi folle journée). On retrouve ici cette décontraction, cette réjouissance et cette bonne humeur communincative chez des parents décomplexés et un peu infantiles, mais cette fois regardés et jugés par des enfants à leur passage de l’adolescence vers l’âge adulte.
Rien de nouveau ni à redire en ce qui concerne le scénario très autobiographique (elle a tourné dans la maison de sa propre tante !), la mise en scène tout à fait traditionnelle et bien équilibrée, sans oublier le choix des acteurs (dont son père Albert), tous aussi talentueux qu’excellents, sans qu’aucun ne tire la couverture à lui ! On sent bien que Julie Delpy a voulu se faire plaisir en immortalisant une époque révolue (elle a respecté tous les détails, de la coupe de cheveux aux fringues en passant par les voitures et les chansons de jadis). En plus, c’est pour elle l’occasion de retrouver ses racines françaises, elle qui s’est exilée aux Etats-Unis depuis longtemps (20 ans), faute de trouver des propositions vraiment intéressantes dans son pays ! Et d’ailleurs, ça à l’air de plutôt bien lui réussir, le fait de revenir chez elle….

C.LB