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Rango (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  11/03/2022  

De Gore Verbinski avec les voix de Johnny Depp, Isla Fisher, Abigail Breslin, Alfred Molina, Ned Beatty et Bill Nighy (sur Canal + Grand Ecran les 11, 16 et 18/03)


Alors qu’il mène sa vie sans histoire d’animal de compagnie, Rango, caméléon peu aventurier, est en pleine crise d’identité : à quoi bon avoir des ambitions quand tout ce qu’on vous demande, c’est de vous fondre dans la masse ?
Un jour, Rango échoue par hasard dans la petite ville de Poussière, dans l’Ouest sauvage, où de sournoises créatures venues du désert font régner la terreur. Contre toute attente, notre caméléon, qui ne brille pas par son courage, comprend qu’il peut enfin se rendre utile. Dernier espoir des habitants de Poussière, Rango s’improvise shérif et n’a d’autre choix que d’assumer ses nouvelles fonctions….
Affrontant des personnages plus extravagants les uns que les autres, Rango va-t-il devenir le héros qu’il se contentait jusque-là d’imiter ?


Quand vous aurez vu ce film d’animation, vous ne regarderez plus du tout de la même manière les westerns, ou du moins, pas avec la même impression ni avec la même vision des choses, c’est certain ! Vous vous surprendrez sans doute à rire et peut-être même à bien rigoler lorsque vous apercevrez ces visages patibulaires, voire pour certains féroces, qui peuplent généralement un saloon. La réaction sera de même en découvrant cette veuve et/ou cet orphelin qui cherche à se faire justice en vengeant l’un des siens, tout comme ce shérif et son étoile scintillante qui essaye de faire régner l’ordre, ainsi que ce maire véreux qui tente de s’accaparer le bien d’autrui, tel qu’on les voit dans un western classique.
Si ce genre est plus ou moins moribond, pour ne pas dire presque mort (sauf l’estampillé made in USA qui sort une fois par an sur les écrans tel que True grit des frères Coen cette année !), ce sera la faute à ce style de production moderne qui rivalise d’ingéniosité narrative comme de clins d’œil parodiques pour repousser le genre un peu plus loin et inventer de nouvelles donnes à la fois scénaristiques et visuelles, aussi attractives et irréprochables que possible.
La preuve, cette réalisation en forme d'hommage, d’un réalisme flagrant et plus vraie que nature, tout droit sortie de l’imagination du metteur en scène Gore Verbinski (notamment la trilogie Pirates des Caraïbes, Le mexicain, Le cercle, et La souris - déjà !) et de quelques autres scénaristes inspirés, qui fait la part belle à des animaux singeant à la perfection des humains dans la situation d’un western digne de ce nom, presque traditionnel à quelques exceptions près tout de même. Les techniques employées pour les représenter sont tellement évoluées et si abouties, proches des humains, qu’il nous est parfois difficile de croire que tout cela n’est qu’animation et images de synthèse.
Tous les codes du film se déroulant dans l’Ouest américain sont respectés à la lettre mais détournés avec humour, de l’environnement proche (paysages désertiques, ville balayée par la poussière - d'où son nom d'ailleurs !) au thème principal développé (ce n’est plus l’or que l’on convoite mais l’eau qui devient « source » de spéculation : « Qui contrôle l’eau contrôle tout ! » dixit l’un des personnages), en passant par le héros décontracté (un caméléon – voir la photo ci-dessus -), la belle au caractère bien trempé (un lézard qui ressemble un peu aux personnages de L’étrange Noël de Mr.Jack), la bande de gentils (une souris, un tatou) et de méchants (une tortue, un serpent à sonnettes), ainsi que l’ensemble des habitants apeurés (pour la plupart des petits rongeurs, plus un hibou, une renarde et un lapin).
Rien n’a été oublié, ni la course-poursuite en chariot dans les canyons sauvages du désert de Mojave, ni le duel au soleil dans la rue principale de cette ville "sans eau", et encore moins l’orchestre mexicain qui nous raconte l’histoire de ce fameux héros et de son chemin de croix à accomplir pour espérer entrer dans la légende (« Personne ne sort de son histoire ! »). D’ailleurs, en parlant de légende, la seule qui soit (presque) "humaine" et néanmoins réalisée à l’aide d’un ordinateur, n’est autre que Clint Eastwood en personne, venu donner brièvement quelques conseils avisés à notre caméléon quelque peu déboussolé. Un vibrant hommage qu’il aurait été impensable d’omettre, d’autant que certaines musiques sont empreintées à quelques-uns de ses premiers et néanmoins célèbres westerns !
Bref, un retour dans un Far-west très actuel et dont Clint Eastwood serait fier, assurément ! En résumé, une prouesse animée surprenante, d’une originalité incroyable et d’une efficacité redoutable, dans laquelle on ne s’ennuie pas une seule minute !
P.S. : la conférence de presse de Rango est dans la rubrique Actu.

C.LB



 
 
 
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