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Bright star (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 26/12/2024
De Jane Campion avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider et Kerry Fox (les 26 et 27/12)
Londres, 1818. Un jeune poète anglais de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny Brawne entament une liaison amoureuse secrète. Pourtant, les premiers contacts entre les 2 jeunes gens sont assez froids. John trouve que Fanny est une jeune fille élégante mais trop effrontée, et elle-même n’est pas du tout impressionnée par la littérature. C’est la maladie du jeune frère de John qui va les rapprocher. Keats est touché par les efforts que déploie Fanny pour les aider, et il accepte de lui enseigner la poésie. Lorsque la mère de Fanny et le meilleur ami de Keats, Brown, réalisent l’attachement que se portent les 2 jeunes gens, il est trop tard pour les arrêter. Emportés par l’intensité de leurs sentiments, les 2 amoureux sont irrémédiablement liés et découvrent sensations et sentiments inconnus. « J’ai l’impression de me dissoudre », écrira Keats. Ensemble, ils partagent chaque jour davantage une obsédante passion romantique qui résiste aux obstacles de plus en plus nombreux. La maladie de Keats va pourtant tout remettre en cause….
Comme vous avez pu vous en rendre compte à la lecture de ce résumé, il est question de poésie, pour ne pas dire même d’une grande et belle leçon de poésie, celle que nous donne le célèbre poète romantique du 19ème siècle, John Keats. Encore faut-il l’aimer même si vous n’entendez rien à la poésie, car elle est omniprésente, bien au coeur de cette histoire d’amour, et récitée à maintes reprises par ce grand poète mais, fort heureusement, la langue anglo-saxonne s’y prête à merveille pour faire ressortir toutes les subtilités et les nuances de chaque phrase comme de chaque mot ! Bref, la poésie ici, c’est une expérience des sens, de tous sans exception ! En effet, à travers des prises de vues de toute beauté (surtout les jardins fleuris aux couleurs vives), des décors somptueux (ah, ces fameuses résidences anglaises bien d’époque !), des créations vestimentaires originales (l’héroïne ne porte pas 2 fois la même robe ni le même habit, ruban, volant et autre fanfreluche en 2h de temps !) et des portraits de personnages environnants (dépeints dans leur cadre de vie, tel des natures mortes), on découvre l’univers feutré et douillet de 2 tourtereaux : l’un pauvre, concentré dans ses nombreuses pensées profondes pour ne pas dire méditations (même combat !), sur la réserve ou sur la défensive (c’est selon !), limite dépressif mais néanmoins fort inspiré (il n’y a qu’à écouter quelques-uns de ses écrits !) ; et l’autre, ingénue et volontaire (qui n’a pas sa langue dans la poche), coquette (elle confectionne elle-même ses costumes très « fashion ») et amoureuse (à en être excessive, tour à tour désespérée, odieuse, pleurnicharde, rageuse et même parfois malade jusqu’à se consumer !). Leur idylle naissante mais tenace est bien racontée, autant visuellement qu’émotionnellement, disséquée avec minutie, délicatement mais sûrement, étape par étape, sans jamais déraper ou s’accélérer plus que la normale, le tout dans les règles (bien pudiques) de l’art imposées à cette période de l’Histoire. Tout en mots d’esprit à demie teinte, en regards qui en disent long, en sensibilité à fleur de peau, en léger frôlement de mains et en élans du cœur couchés sur papier, cet amour évanescent s’installe paisiblement, nonchalamment, inexorablement même, avec des sentiments certes alanguis, fébriles et tourmentés mais chastes et pour le moins exacerbés, plus souvent écrits que dits (ou faits) d’ailleurs ! En réalité, ce film posé et lent, loin d’être mièvre, sirupeux et douceâtre, joue sur une alternance bien dosée de souffrance et d’allégresse, de douleur et de bonheur, mélangée à de la compassion, du respect et de la retenue l’un envers l’autre. La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion nous a toujours habitué à traiter l’image comme la photo avec un très grand souci du détail comme de la clarté, sachant capter divinement l’humeur du moment qui passe, au point que ces productions (comme celle-ci) sont de véritables petits joyaux académiques et graphiques (souvenez-vous de La leçon de piano – récompensé d’une Palme d’Or à Cannes en 1993 -, et de Portrait de femme – qui se déroulait à peu près à la même époque que celui-ci !). Côté casting, le couple charismatique tout à fait crédible, que forme la belle Abbie Cornish (Cercle intime, Somersault, Candy, Une grande année, Elizabeth : l’âge d’or) et le ténébreux Ben Whishaw (La tranchée, Mauvaise passe, Le parfum : histoire d’un meurtrier, I’m not there, L’enquête – the international), fonctionne tellement bien à l’écran, innocent comme le bébé qui vient de naître, romantique à souhait et envoûté comme ce n’est pas permis, qu’ils arrivent tous les 2 à éclipser les autres, sauf peut-être Mr.Brown, l’ami jaloux du poète, interprété par Paul Schneider (Rencontres à Elizabethtown, Esprit de famille, Une fiancée pas comme les autres, et récemment Away we go). Gageons que cet exercice de style d’une rare beauté classique et d’un charme primesautier évident, fera la joie des puristes en la matière mais aussi celle des amoureux en général, toujours en quête d’une histoire sentimentale, aussi passionnelle que tumultueuse à la Roméo et Juliette, qui ne soit pas uniquement qu’une transaction d’argent, ni qu’une affaire de mode et encore moins une question de création littéraire, cela serait inconcevable, n’est-il pas !
C.LB
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