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Hôtel Woodstock (Ciné + Frisson)

Sortie  le  09/04/2023  

De Ang Lee avec Demetri Martin, Imelda Staunton, Liev Schreiber, Emile Hirsch, Paul Dano et Mamie Gummer


1969. Elliot, décorateur d’intérieur à Greenwich Village, traverse une mauvaise passe et doit retourner vivre chez ses parents, dans le nord de l’Etat de New York, où il tente de reprendre en mains la gestion de leur motel délabré. Menacé de saisie, le père d’Elliot veut incendier le bâtiment sans même en avoir payé l’assurance alors qu’Elliot se demande encore comment il va enfin pouvoir annoncer qu’il est gay….Alors que la situation est tout simplement catastrophique, il apprend qu’une bourgade voisine refuse finalement d’accueillir un festival de musique hippie. Voyant là une opportunité inespérée, Elliot appelle les producteurs. 3 semaines plus tard, 500.000 personnes envahissent le champ de son voisin et Elliot se retrouve embarqué dans l’aventure qui va changer pour toujours sa vie et celle de toute une génération.

Cette fameuse aventure, c’est Le concert marathon du siècle précédent, le fameux Woodstock qui dura 3 jours (du 15 au 17 août) au cours de l’été 1969 et qui marqua pas mal de générations à venir. Ce sont aussi les années Nixon, la guerre du Vietnam et le premier pas de l’homme sur la Lune (que l’on voit d’ailleurs très légèrement en filigrane), mais ce qui est raconté ici représente plutôt la genèse du festival à travers ses coulisses, autant l’ambiance des préparatifs dans un petit village désoeuvré, que le « bon déroulement » de ce gigantesque concert qui rassembla un demi million de personnes venus des 4 coins de l’Amérique.
Ne croyez surtout pas que vous allez assister aux meilleurs moments de ce concert mythique, loin de là, mais plutôt tout ce qui a entouré cette célèbre manifestation et qui a contribué à son succès, ou comment un patelin paisible et sans histoire, assommé par l’été qui s’installe et quasiment dépeuplé à cause d’une population vieillissante, s’est retrouvé à cette époque le centre du mouvement Peace & love, envahi par une horde démentiel de milliers de hippies venus prêcher la paix par le truchement de la musique pop (Jimi Hendrix, The Grateful Dead, Santana, The Who,….). On assiste à la fois aux pérégrinations journalières comme aux tribulations décalées d’un jeune homme, instigateur accidentel et organisateur malgré lui du lieu légendaire où va se dérouler le plus grand évènement rock’n’roll du 20ème siècle, qui se retrouve à faire renaître toute une ville endormie, lui-même quelque peu dépassé par l’ampleur de ce phénomène autant médiatique qu’historique à jamais égalée depuis ce jour.
L’acteur Demetri Martin, un jeune comique dont c’est la première apparition sur grand écran, porte ce film de bout en bout sur ses frêles épaules, avec sa bonhomie juvénile aux faux airs de Dustin Hoffman dans Mrs.Robinson. Pour la petite histoire, la musique, que l’on entend en version instrumentale et qui accompagne une bonne partie de l’histoire, ressemble parfois étrangement à celle de Simon & Garfunkel qui composa d’ailleurs la BO de ce film-là. Quand aux autres protagonistes, ils sont tous gentils, parfois caractériels (Imelda Staunton, vu notamment dans Raison et sentiments ainsi que Vera Drake, en mère aussi coléreuse que truculente à souhait lorsqu’elle « quémande de la miséricorde ») mais néanmoins « cool », décontractés, optimistes et sympathiques, bref, dans tout à fait dans l’esprit hippie de cette période.
Il est néanmoins dommage que le réalisateur Ang Lee (Garçon d’honneur, Le secret de Brokeback Mountain, Lust caution), qui nous propose une image d’une clarté incroyable et pour le moins très colorée (et pour cause sous l’effet garanti du LSD !) ainsi qu’un montage original très sixties (quelque peu psychédélique), ne se soit pas plus penché en profondeur sur les problèmes occasionnés par un tel rassemblement, occultant carrément les difficultés qui sont résolus dans la seconde comme par enchantement, pour laisser apparaître de drôles de gens excentriques, certes fort charmants, au sourire béat et aux dialogues évanescents, voire planants, mais jamais stressés par tout ce show, ni préoccupés par le besoin d’argent pour une telle organisation. C’est vraiment « Tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil » sans aucune retenue !
Finalement, il ne se passe pas grand-chose sinon quelques situations comiques ici et là, des acteurs agréables à voir se mouvoir, un goût prononcé pour une reconstitution fidèle, et une narration qui s’éternise à force de rester bien tranquille dans les rails d’une sagesse nettement affichée dès le départ. En résumé, ce grand moment de souvenirs nostalgiques, tant attendus pour certains (on a fêté cet été les 40 ans du festival culte de Woodstock), se révèle vite être une comédie tendance flower/power, à la fois douce, harmonieuse et lancinante, qui dépeint agréablement les quêtes d’une jeunesse certes énergique mais utopique, à la recherche d’absolu bucolique.

C.LB



 
 
 
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