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Démineurs (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  29/03/2024  

De Kathryn Bigelow avec Jeremy Renner, David Morse, Anthony Mackie, Brian Geraghty, Guy Pearce et Ralph Fiennes


Si la guerre est un enfer, pourquoi tant d’hommes se battent-ils ? A une époque où les soldats ne sont plus des conscrits, mais des engagés volontaires, les combats en attirent plus d’un, et peuvent même créer une véritable addiction.
Bagdad, de nos jours. Le sergent-chef James, spécialiste du déminage en zone de combat, prend la tête d’une unité d’hommes ultra-entraînés au désamorçage d’explosifs. Mais ses méthodes surprennent 2 de ses soldats, Sanborn et Eldridge, lorsqu’il les précipite dans un jeu mortel de guérilla urbaine, sans se soucier de leur sécurité. James se comporte comme si la mort ne lui faisait pas peur. La ville plonge dans le chaos. Ses subordonnés tentent de raisonner James, grisé par le danger. Sa vraie nature se révèle alors, et ses hommes en seront marqués à jamais….


Vous allez penser et à juste titre, « voilà encore un film sur le conflit irakien ! », mais il faut bien que les scénaristes américains trouvent de nouvelles guerres à raconter en images, autre que le Vietnam moult fois porté à l’écran, surtout si celle-ci est bel et bien contemporaine et en plus toujours d’actualité. Il n’y a encore pas si longtemps, Jarhead dépeignait le moral plus ou moins en berne mais bien réel des troupes U.S. lors de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1991. Cette fois, nous nous retrouvons quasiment 20 ans plus tard, dans une sorte de suite à travers l’ambiance toujours actuelle et sans aucun doute quotidienne, vécue par quelques artificiers aux prises avec les nombreux attentats qui jalonnent leur existence dans la capitale irakienne tombée aux mains des « sauveurs de l’humanité », juste après la chute du dictateur.
Dès le départ, nous sommes plongé dans le vif du sujet, dans les préparatifs minutieux du déminage, tel un manuel du petit démineur, par des hommes « couillus », des fortes têtes véritables trompe-la-mort et fou furieux, près à tout pour faire exploser les bombes qui « poussent » ici et là à presque chaque coin de rue non sécurisé de la ville. A chaque fois en pleine mission suicide, ces inconscients ne craignent pas d’y rester comme s’ils avaient besoin d’adrénaline ou bien de prendre des risques pour (sur)vivre dans cet « enfer du devoir ». Comment voulez-vous qu’après cela, il ne s’installe pas une certaine tension et pas mal de nervosité chez ces soldats à cran, peu sociables mais bons guerriers, tout le temps sur le qui-vive et souvent à bout de nerf, eux qui ne voient pas toujours en face leur ennemi. Et comme toute production américaine qui se respecte, on n’a pu s’empêcher de placer un peu de morale dite militaire, histoire de faire bien viril et un peu casse-cou.
Quoi qu’il en soit, pour rendre ce film de guerre aussi vrai et réaliste que possible, comme tourné sur place dans les mêmes conditions qu’un réel reportage télévisé à la façon d’Envoyé Spécial, la réalisatrice Kathryn Bigelow a utilisé une caméra très mobile, constamment en mouvement et en perpétuelle agitation, au point qu’elle donne l’impression d’avoir elle-même couvert l’enquête tel un journaliste/cameraman chevronné. D’où d’ailleurs une quasi absence de musique, à part celle hard qu’écoutent les soldats en période de repos.
On est néanmoins très étonné de voir une femme telle qu’elle derrière la caméra et ce type de scénario (on lui doit entre autre l’excellent Point break extrême limite, Strange days, Le poids de l’eau et K-19), elle qui a su aussi bien décrire les aléas journaliers d’une guerre urbaine sans merci et qui semble partie pour s’incruster, voire s’enliser durablement. En résumé, ce film coup de poing, d’une véracité et d’une intensité vraiment palpables, est une représentation brut de décoffrage tel quel de la dure réalité qui sévit en temps de guerre et que doivent supporter tant bien que mal des hommes pas toujours préparés à un tel conflit, prêt à leur éclater à la figure à n’importe quel moment.

C.LB



 
 
 
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