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Joueuse (sur Ciné + Club)

Sortie  le  08/10/2022  

De Caroline Bottaro avec Sandrine Bonnaire, Kévin Kline, Francis Renaud, Jennifer Beals et Valérie Lagrange (sur Ciné + Club les 08, 12, 14, 17, 20, 23 et 25/10)


Dans un petit village de Corse, la vie d’Hélène, effacée et discrète, est faite de jours qui s’enchaînent et se ressemblent…Elle travaille comme femme de chambre dans un hôtel et semble apparemment heureuse avec son mari, Ange, et sa fille de 15 ans, Léa. Sa vie modeste et monotone paraît toute tracée….Tout bascule le jour où, faisant le ménage d’une des chambres de l’hôtel, elle surprend, fascinée, un jeune couple d’américains très séduisants, qui jouent aux échecs sur une des terrasses. Tout d’abord intriguée, puis finalement passionnée par ce jeu, Hélène mettra tout en œuvre, avec obstination, pour maîtriser les règles des échecs jusqu’à l’excellence. Elle pourra compter sur l’aide du docteur Kröger, un mystérieux habitant du village, pour arriver à ses fins. Mais cette métamorphose positive vers une nouvelle liberté pour Hélène, ne se fera pas sans modifier profondément ses relations avec sa famille, ses amis et les habitants du village.

Avant toute chose, il faut un peu aimer les échecs pour apprécier à sa « juste » valeur cette étude de mœurs contemplative autour du célèbre jeu de stratégie, sinon vous risquez de vous ennuyer fortement. Presque 1h40 de parties incessantes, aussi faussement acharnées que véritablement explicatives, entre une simple femme de ménage décidée à s’élever intellectuellement et « socialement » en jouant, et un docteur excentrique sur la fin qui se sait condamné (le côté bien pathos du film), c’est un peu lourd à digérer à moins d’être un tant soit peu amateur, voire un grand fan, d’autant que tout repose sur la concentration, la tactique, le silence et la persévérance de cette débutante qui n’était vraiment, mais alors vraiment pas prédisposée à devenir une accro des échecs, loin de là.

Et quand c’est Sandrine Bonnaire qui endosse ce rôle peu charismatique et plus ou moins ingrat, on a l’impression qu’elle n’a plus qu’une seule et unique raison de vivre, celle de jouer toujours et encore par n’importe quel moyen, même les plus farfelus qui soit. Il faut la voir froncer les sourcils lorsqu’elle ne comprend pas et qu’elle veut apprendre coûte que coûte (voir la photo). Sans vouloir l’offusquer ni la dénigrer, si elle est tout à fait le personnage, à la fois inexpressive, servile, réservée et introvertie, son jeu à elle s’en ressent beaucoup, sans nuance ni surprise et encore moins touchant.
Encore faut-il croire à cette histoire énorme, exagérée, abracadabrante, totalement incroyable et spécialement tirée par les cheveux, celle d’une totale néophyte qui devient, par la seule force de sa volonté et de son mental, une gagnante, voire presque une pro ! Quand elle part à la recherche d’autre chose dans son existence étriquée, une quête de nouveaux désirs et de nouvelles sensations, telle une obsédée excessive prise d’une frénésie subite et galopante (on a le droit aux longs regards qui en disent longs, aux dialogues assez prévisibles et aux réflexions plutôt téléphonées), on a du mal à croire à son engagement soudain pour les échecs (pourquoi ce jeu est-il si important pour elle ?). En vérité, on a plus envie de rigoler qu’autre chose lorsqu’elle touche les pions d’une façon sensuelle, qu’ elle se relève la nuit pour jouer, qu’elle néglige son travail pour une simple partie d’échecs, qu’elle voit des damiers partout, sur la nappe d’un restaurant comme sur le carrelage de sa salle de bains, et qu’elle finit même par jouer presque par télépathie !
Quand à Kévin Kline, le seul élément très légèrement comique du film, qu’est-ce qui l’a décidé à venir sur cette production plan-plan et nonchalante qui ressemble plus à un téléfilm qu’à un vrai long métrage (c’est d’ailleurs le premier de sa réalisatrice Caroline Bottaro !) ? Sans doute son penchant pour la France et peut-être son attrait pour l’île de beauté, malheureusement à peine présentée à l’écran, tout comme pour Jennifer Beals, l’héroïne de Flashdance dans les années 80 qui vient nous montrer sa plastique parfaite sans dire quasiment un seul mot.
Bref, ce « Gasparov » en jupe et tablier, qui lorgne du côté de La leçon de piano version échecs, est un scénario grotesque, évident et cousu de fils blancs, indigne des 2 acteurs principaux, habitués à des prestations bien plus consistantes et plus tenues que celle-ci.

C.LB



 
 
 
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