en 
 
 
cinema

 
 

Le premier jour du reste de ta vie (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  01/04/2024  

De Rémi Bezançon avec Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Déborah François, Marc-André Grondin et Pio Marmaï


Marie-Jeanne et Robert Duval ont 3 enfants : Albert, Raphaël et Fleur. Le portrait de leur famille s’esquisse sur une douzaine d’années, à travers 5 journées particulières. Le premier jour du reste de ta vie, ou 5 jours décisifs dans la vie d’une famille de 5 personnes, 5 jours plus importants que d’autres où plus rien ne sera jamais pareil le lendemain….

En réalité, ce portrait d’une famille est découpé en 5 tranches de vie sous forme de saynètes savoureuses, tour à tour comiques et dramatiques, au sein d’un couple et de leurs 3 enfants, le tout se déroulant entre la fin des années 80 et celle des années 90. Sur un peu plus d’une décennie vont se faire, se défaire puis se réunir à nouveau les membres d’une même famille assez ordinaire et pas spécialement modèle, et cela pendant 5 jours décisifs, au gré des humeurs comme des émancipations de chacun. C’est ce qui arrive généralement à des étapes bien distinctes, très différentes et plus ou moins ballottées de l’existence dans n’importe quelle cellule familiale lambda lorsque celle-ci se mue ou s’affranchie à un moment ou à un autre. Chaque souvenir d’un passé révolu correspond au rythme de l’un ou de l’une des personnes qui compose cette tribu sympathique, certes disparate les uns des autres mais néanmoins soudée, permettant ainsi de découvrir à coup de retours en arrière et par ordre chronologique, d’abord des 3 enfants puis des 2 parents, certains éléments de jeunesse, de l’âge ingrat et de la vie d’adulte, avec son lot de remarques pertinentes comme de commentaires virulents, mais aussi ses problèmes de génération, affres comme pérégrinations, états d’âme comme regrets, premiers émois comme questions existentielles de chacun. D’ailleurs, le générique de début assez démonstratif, qui montre des photos d’enfance et des extraits de film de vacances, nous prépare assez bien à ce qui va suivre : on rencontre successivement le frère aîné qui prend son indépendance, interprété par l’emporté et bouillonnant, voire fougueux Pio Marmaï dont c’est ici le premier film et qui semble être le seul personnage le moins approfondi et nuancé de tous ; puis la sœur au caractère bien trempée (en guerre avec sa mère) qui perd son innocence, jouée par la talentueuse Deborah François (L’enfant, La tourneuse de pages, Les fourmis rouges, L’été indien, Les femmes de l’ombre) à l’air mutine (elle ressemble parfois à Miou-Miou jeune) ; et enfin l’autre frère, le cadet qui régresse mais qui tombe amoureux, par l’excellent Marc-André Grondin (Crazy, La belle bête, Bouquet final). Côté parents, on retrouve Zabou Breitman en pleine crise de jeunisme, toujours aussi resplendissante et filmée divinement bien, ainsi que Jacques Gamblin en père copain, toujours aussi jeune et franchement touchant. Ils sont tous les 2 parfaits, drôles (l’histoire des poils pubiens), bien dirigés, sobres, impeccables, comme leur progéniture d’ailleurs, et totalement crédibles, tant leurs traits ne trahissent pas une seule fois leur âge, quelque soit la période concernée, présentée et dépeinte dans le film. On doit cette petite fresque familiale passée au grill au talentueux réalisateur Rémi Bezançon, qui joue avec de longues ellipses de temps et qui nous avait déjà enthousiasmé avec l’excellent Ma vie en l’air, interprété notamment par Gilles Lellouche faisant ici une courte mais mémorable apparition en junkie débonnaire, tout comme Roger Dumas qui joue un vieux papy chiant et bourré de principes, ainsi que François-Xavier Demaison en docteur fan d’Apocalypse now. Superbement cadré et formidablement stylisé, ce film très générationnel (il s’adresse surtout à ceux qui ont vécu pleinement cette période !) est un bel hommage légèrement mélancolique aux eighties, entrecoupé de chansons nostalgiques qui ont bercé cette formidable et riche époque en très bonnes musiques (Indochine, The Divine Comedy, Etienne Daho, sans oublier David Bowie, Lou Reed et même Janis Joplin !), et pimenté de détails comme de situations de remises en questions aussi représentatives qu’identifiables à n’importe quel clan familial (entre autre, pendant le fameux premier dîner où ils sont tous réunis). Bref, une agréable surprise qui sort du lot des productions formatées, annoncées pour cet été !



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique