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Disco (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  12/12/2022  

De Fabien Onteniente avec Franck Dubosc, Emmanuelle Béart, Gérard Depardieu, Samuel Le Bihan, Abbes Zahmani et Isabelle Nanty (sur Ciné + Premier les 12, 19 et 21/12 + 01, 03, 06 et 10/01)


Endetté jusqu’au cou dans une affaire de water bed, des matelas à eau, Didier Travolta, 40 ans, vit au Havre dans le quartier populaire du Grand Large chez sa maman : madame Graindorge. Il reçoit une lettre de la mère de son fils Brian, 8 ans, qui vit en Angleterre, lui signifiant qu’il ne pourra recevoir le petit cette année s’il n’est pas capable de lui payer des vacances, des vraies vacances, c’est-à-dire loin des docks, des PMU et des grandes surfaces. Jean-François Jackson et son associée « La Baronne » viennent de réouvrir le mythique Gin Fizz et de fonder la « Gin Fizz Academy » afin de relancer ce qui fit sa légende, les concours de danse Disco. Le premier prix : un voyage de 2 semaines pour 2 personnes en Australie, au pays des kangourous. Didier Travolta décide alors de rechausser les boots et de reformer son trio de danse, celui qui faisait mal dans les années 80 dans la région du Havre : les Bee Kings. Le disco est de retour ! Après avoir retrouvé et décidé ses anciens partenaires, Neuneuil, vendeur chez Darty et Walter, gruttier-docker syndicaliste, de reprendre pour la bonne cause le chemin du dance-floor, Didier Travolta se lance à fond dans l’aventure. Mais les années ont passé. Les Bee Kings sont rouillés. Son passeport pour le succès s’appelle France Navarre, de retour de New York et professeur de danse classique.

On reprend les mêmes et on recommence ! Le réalisateur Fabien Onteniente et l’acteur Franck Dubosc, le tandem de scénaristes très gagnants du dorénavant incontournable Camping, remettent le couvert pour une nouvelle comédie bien franchouillarde, formule à la fois débridée et populaire qui a fait ses preuves et leurs petites heures de gloire en 2006. Cette fois, 2 ans plus tard, il s’agit non plus de campement estival mais de concours de danse disco : on est passé de la côte Atlantique, dune du Pilat, à la Manche, direction Le Havre. Quoi qu’il en soit, si le principe narratif est légèrement différent (on passe de la boîte Le Shogun au Gin Fizz), le personnage principal, tenu par Franck Dubosc oblige, est quand à lui assez similaire au précédent, un tendre plouc aussi touchant que ringard (à en devenir parfois mièvre), qui ne se ballade plus en « moule bite » mais en blue-jeans vintage ultra moulant, bottines noires cirées, débardeur plein de paillettes et coupe de cheveux tendance James Dean version brushing haut et blondeur à la Cloclo. Il s’est fait le total look parodique du fan de John Travolta, d’où son surnom (après celui de Chirac dans Camping !), au point de ressembler presque à un anglais très middle-class, un peu à la façon des personnages sociaux du film The Full Monty. D’ailleurs, il va même plus loin, jusqu’à arborer la tenue de Michel Serrault, alias Zaza dans La cage aux folles, lorsqu’il va faire ses courses en tirant son caddie. Bref, Dubosc est de retour pour le plus grand plaisir des fans et autres inconditionnels de la première heure ! N’empêche qu’il en fait toujours autant, pour ne pas dire des tonnes, avec un abatage digne de Chevalier & Laspalès, jouant à fond la carte du gentil has-been, chômeur de surcroît, plein de grâce et sans méchanceté, vivant dans son monde juvénile fait de naïveté, d’infantilisme et d’irresponsabilité. Pour ceux qui le connaissent un peu et qui l’ont déjà vu sur scène, c’est toujours la même rengaine, le regard de serial lover quand il vous regarde, les yeux (de hibou !) bleues exorbités lorsqu’il rencontre une femme, les expressions de timidité quand il s’adresse à elles, l’allure un tant soit peu dégingandée lorsqu’il marche. Du 100% Dubosc dans un festival rien que pour et par lui (normal, il a co-écrit le sujet) ! Quoi qu’il en soit, il n’y a rien de nouveau ni d’original ici, juste un copié/collé assez évident de ces personnages de perdants dans certains sketches de ses « one-man-show », sur fond de caricature juste et exacerbée, une redite de lui-même dans Camping, et de gags faciles, voire éculés et même pas drôles. A part une bande originale nostalgique pour le moins excitante, aussi survoltée qu’étourdissante (The Jacksons, Cerrone, Gloria Gaynor, Boney M, Earth Wind & Fire, The Weather Girls, Donna Summer), on attend tout de même autre chose comme un bon mot, une situation mémorable ou une pitrerie hilarante. Rien de cela ou alors très vaguement ! Il ne faut pas s’attendre à un raz-de-marée comme Camping (5, 5 millions d’entrées), loin de là, d’autant que ce ne sont ni les scènes et encore moins les protagonistes qui feront la différence. Que ce soit Samuel Le Bihan en gréviste macho et danseur aux gros bras peu crédible, Annie Cordy en mère pas très en colère d’avoir encore à supporter chez elle son fils de 40 ans, Emmanuelle Béart en danseuse triste qui titre toujours autant la tronche où qu’elle joue, François-Xavier Demaison en frère de cette dernière qui semble sorti tout droit de l’un de ses shows (il était meilleur dans L’auberge rouge !), ou Gérard Depardieu en tenancier de boîte qui nous sort son éternel numéro de redresseur de torts dans une tirade bien à lui, un monologue genre leçon de morale qu’il ressasse à chaque nouvelle prestation, il n’y en a pas un pour relever l’autre, si ce n’est Abbès Zahmani qui tient la route malgré tout en 3ème danseur souvent apeuré. Bref, ici, pas beaucoup de naturel, pas vraiment d’effet de surprise, pas franchement d’entrain ni de grande fluidité, pas du tout de bons jeux de mots et encore moins d’excellents acteurs pour le moins transcendants, d’autant que personne n’intervient pour leurs mettre quelque fois des bâtons dans les roues. En résumé, que des clichés outranciers, des dialogues lus et soulignés qui tombent souvent à plat, trop de sérieux là où il faudrait plutôt de la légèreté, du prévisible à souhait, et de l’Enorme (que viennent faire là Julien Courbet et Francis Lalanne à part boucher quelques trous ?) pour cacher les imperfections notables de cette comédie plutôt vite bâclée et assez vite montée. C’est sûr, la fièvre du samedi soir ne prend pas autant qu’un bon Benco tout chaud sous sa tente ! On dit que le ridicule ne tue pas, c’est vrai, mais là, il risque de faire quelques victimes parmi ceux qui s’imaginaient pouvoir en vivre grassement !

C.LB



 
 
 
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