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Hot fuzz (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  17/05/2022  

De Edgar Wright avec Simon Pegg, Nick Frost, Bill Nighy, Joe Cornish, Chris Waitt, Eric Mason, Peter Wright, Timothy Dalton, Julia Deakin, Bill Bailey, Lorraine Hilton et Jim Broadbent (sur Canal + Grand Ecran les 17 et 18/05)


A Londres, Nicholas Angel est un flic tellement bon que ses supérieurs sont obligés de le muter à la campagne parce qu’il fait de l’ombre à trop de monde. Et voilà Superpoulet cantonné à Sandford, où il ne se passe jamais rien. Avec son nouvel équipier, le jeune Danny Butterman, Angel va devoir s’habituer à un autre genre de missions : surveiller les fêtes de voisinage et retrouver les volatiles égarés. Pourtant, une série d’accidents suspects va éveiller ses soupçons. Tout n’est peut-être pas si tranquille que çà à Sandford….Pour Angel et son nouveau partenaire, il est temps de reprendre les armes et de tout exploser jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que la vérité qui tienne debout…..

Heureusement que les américains font parfois des films dits sérieux pour que parfois les autres, notamment d’origine anglo-saxonne, s’amusent à les parodier assidûment et à leur manière, à la fameuse sauce anglaise ! Avec leurs moyens mis à disposition, certes petits mais relativement conséquents tout de même à l’écran, les irrévérencieux britanniques se paient le luxe de détourner au passage quelques blockbusters U.S. à la Jerry Bruckheimer des classiques des années 80 et 90 du type Point break extrême limite, Bad boys 2, L’arme fatale et Piège de cristal, tout en gardant un semblant d’histoire qui se tienne, ici un film d’action assez convenu mais logique, déguisé en comédie policière débridée sur fond de gore bon enfant, et un montage très rythmé avec beaucoup de scènes hyper cut pour aller rapidement à l’essentiel, entre autre vers l’humour très british.
Si en plus les situations sont aussi comiques et grotesques les unes que les autres, si l’image est parfaitement soignée et si les effets spéciaux sont assez importants, alors on ne peut qu’adhérer à ce film de genre, un pastiche caustique plein de personnages délirants et de gags décalés. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que certains acteurs très english fassent parti de la distribution, notamment Simon Pegg (Mission impossible 3, 24 hour party people) et Nick Frost que vous avez pu voir dans Shawn of the dead (déjà une comédie romantique à la fois caricaturale et trépidante qui déviait dans le films d’horreur version zombies quelque peu trash et qui a eu son heure de gloire en 2004), ainsi que Bill Nighty aperçu dans pas mal de productions anglaises (récemment Love actually) et américaines (dernièrement Pirates des Caraïbes), Timothy Dalton (ex-James Bond dans Tuer n’est pas jouer et Permis de tuer), et Jim Broadbent, présent dans Brazil, Bandits bandits, Le journal de Bridget Jones 1 & 2, Vera Drake et Moulin Rouge. Leurs bonhomies, tout en rondeur pour certains et tout en longueur pour d’autres, nous font tout de suite sourire puisqu’ils ont le profil de l’emploi, celui de nous faire rire à chacune de leur apparition au cinéma dans des situations pétaradantes pour le moins éhontées.
Avec leur flegme légendaire et leur sens de la dérision, ils nous offrent une représentation de l’Angleterre tout à fait pittoresque, à l’image de ce qu’on connaît, c’est-à-dire le style anglais dans toute sa splendeur avec la description d’un petit village typique, replié et calme. Mais voilà que débarque un citadin fraîchement muté, un policier aux méthodes expéditives qui va bousculer un peu les habitudes de ses habitants en apparence (trop) tranquilles qui semblent vivre dans une quiétude toute relative, avant que n’apparaissent quelques « accidents mortels » inexpliqués, des décès pour le moins étranges. Il aurait été inconcevable que dans cette exploitation des conventions d’un genre retournées à bon escient, on ne nous dépeigne pas cette paisible bourgade quelque peu reculée, avec ses anecdotes croustillantes, son commissariat de campagne représentatif, son comité de vigilance pointilleux, ces mœurs débonnaires et son ambiance inactive qui a d’ailleurs le mérite de mettre hors de lui ce super flic sous tension. Sous la houlette d’un co-équipier du coin plutôt cool et naïf (Nick Frost impayable), il va découvrir un monde routinier qu’il ignorait jusque-là et être obligé de faire avec. Bien décidé finalement à mettre de l’ordre à la manière d’un Robocop, il va se frotter à presque tous les autochtones qui veulent garder une image irréprochable de leur petit paradis (perdu) sur terre.
Le résultat aurait été impeccable s’il n’y avait cette intrigue aussi complexe qu’abracadabrante, et surtout ces quelques longueurs qui viennent plomber la fin de cette production décapante. 2 heures de poursuites, de combats ou d’explosions en tout genre dans un décor de hameau bien propret, ça va, d’autant que la dernière demie heure n’en finit pas de repartir de plus belle pour se conclure en apothéose, une fusillade en bonne et due forme, digne des grands westerns américains (encore un petit dérapage !). Ca a beau être complètement farfelu et saugrenu, on se laisse prendre tout de même au piège de cette bande de bras cassés aux prises avec un flic trop hyper zélé, à cheval sur les principes et l’œil toujours aux aguets, tout en se faisant avoir par ce changement de ton qui nous prend par surprise. Destiné à séduire un public jeune, la génération « geeks » qui correspond aux 15/35 ans férus de science-fiction, de films d’horreur et de bandes dessinées de super héros style les comics de chez Marvel, ce pastiche n’en est pas moins dosé comme il se doit de gags nuancés et loin de l’effet de répétition que nous servent souvent ce style de réalisation. Félicitons au passage le réalisateur Edgar Wright qui a su éviter, comme dans son premier long métrage Shawn of the dead, de tomber dans le piège de la lourdeur et de la vulgarité !
Vous voilà prévenu, vous savez à quoi vous attendre et ne dites pas que vous n’étiez pas prévenu, d’autant que ce « Hot fuzz » (qui signifie Poulets chauds en langage familier) est devenu le plus gros succès de l’année en Angleterre !

C.LB



 
 
 
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