|
Ensemble, c’est tout (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 19/12/2024
De Claude Berri avec Audrey Tautou, Guillaume Canet, Laurent Stocker et Françoise Bertin (les 19 et 26/12)
L’action se déroule à Paris, au cours d’une année. Une jeune femme, Camille, se lie d’amitié avec ses 2 voisins, Philibert et Franck, puis s’installe chez eux pour connaître plus de confort, de réconfort. En harmonie, ces 3 personnages que tout oppose, dans leur caractère comme dans leur histoire familiale, retrouvent le goût de vivre. Au-delà des disputes, des réconciliations, des querelles, des complicités, le plaisir d’être « ensemble » les rend plus fort. Quand ils décident de prendre en charge la grand-mère de Franck, vieille dame aussi têtue qu’adorable.
Petit film deviendra grand pourvu que le scénario lui donne (en)vie ! C’est là tout le problème du cinéma actuel qui espère sortir un peu du lot des productions vite ficelées ou mal tournées, très souvent dans l’esprit des fictions télévisées, et qui réussissent tout juste à franchir le cap du succès d’estime ou alors, si vous préférez, qui ne dépassent pas la barre de la rentabilité dite d’ordre commercial bien sûr. On sent bien qu’ici, Claude Berri s’est juste fait plaisir, histoire de faire tourner sa caméra entre 2 grosses productions de sa société Renn ! A premières vues, il semble plutôt qu’il est ici taquiné sans véritable esprit un petit sujet assez personnel, à la fois réaliste et poétique, un pitch aussi simpliste qu’intimiste qui pourrait tenir en 3 lignes et qui en définitif ne casse pas 3 pattes à un canard. Il s’est certes amusé à mettre en scène entre autre 2 grands acteurs du moment (la charmante Audrey Tautou et le débonnaire Guillaume Canet) mais l’histoire ne se résume à pas grand-chose de nouveau ni de passionnant, juste une amourette ou mieux, une bluette entre plusieurs personnages sauvages et solitaires, une fille et 2 garçons qui ont peur de la rupture et de la dispersion de la cellule familiale, en quête de soi à travers l’autre, et à la recherche d’un peu de bonheur et d’amour, ainsi que d’un but dans leur piètre existence. C’est vrai qu’ils sont tous mal « logés », quelque peu cabossés par la vie et qui se demandent comment être heureux, chacun dans sa partie (elle, femme de ménage anorexique mais franche et entière, l’un des garçons, cuisinier au grand cœur mais au mauvais caractère, et l’autre, aristocrate érudit mais bègue et de plus vendeur de cartes postales). En réalité, il ne se passe rien ou si peu, pas d’effets de surprise ni de suspense haletant et encore moins de scènes palpitantes, du moins attrayantes. Bref, que des saynètes quotidiennes mises bout à bout et toutes prévisibles d’avance, où chacun des protagonistes essaye de sortir tant bien que mal du lot ! Le seul qui y arrive d’une façon magistrale et d’ailleurs assez pittoresque est l’excellent Laurent Stocker, vu dans Sade, Confessions d’un dragueur et Aux abois. Ce sociétaire de la Comédie Française, qu’on pourrait tout à fait prendre pour incarner le rôle de Claude François dans un biopic quelconque, est la véritable révélation de ce film assez bancal, au point qu’il vampirise les autres, quitte même à leur faire de l’ombre tout au long du film. N’oublions pas non plus Françoise Bertin (L’année dernière à Marienbad, Le journal d’une femme de chambre, La guerre est finie, Calmos, Diabolo menthe, Loin des barbares, On connaît la chanson, La captive, La fleur du mal, L’enfer) qui tire honorablement son épingle du jeu en grand-mère encombrante dans cette histoire pour le moins théâtrale. En effet, la quasi-totalité du film se déroule dans une bulle unique, celle d’un immense appartement haussmannien qui pourrait lui aussi revendiquer à juste titre son nom ou du moins son lieu à l’affiche. Quoi qu’il en soit, on pouvait s’attendre tout de même de la part de Claude Berri, qui adapte ici le célèbre roman d’Anna Gavalda, à un peu plus de dialogues soutenus et de retournements de situations originaux dans ce conte émouvant et sensible, plus ou moins sentimental, qui tâtonne entre douceur et drôlerie sans trouver à aucun moment sa véritable vitesse de croisière. On s’en rend compte d’ailleurs dès les premières minutes, présageant un film tendrement gnangnan mais fort heureusement pas trop long pour une fois. Ca c’est sûr, monsieur Berri, on est loin de Tchao pantin, Jean de Florette et Manon des sources ! Qu’importe, vous dira-t-il, puisqu’il y a pris du plaisir avec son argent et c’est le plus important, n’est-il pas ? Toutefois, est-ce que le public sera au rendez-vous, tous « ensemble » ? Ca, c’est une autre histoire, un point, « c’est tout » !
|