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Eragon (sur Ciné + Famiz)

Sortie  le  02/11/2022  

De Stefen Fangmeier avec Ed Speleers, Jeremy Irons, Sienna Guillory, Robert Carlyle, Djimon Hounsou, Garrett Hedlund, Joss Stone et John Malkovich (sur Ciné + Famiz les 02, 04, 08, 13 et 18/11)


Autrefois, la paix et la prospérité régnaient en terre d’Alagaësia. Les dragonniers avaient reçu de leurs dragons des pouvoirs magiques. Aucun ennemi ne pouvait les vaincre…jusqu’à ce que l’un des leurs, Galbatorix, décide de les trahir pour s’approprier tous ces pouvoirs et en jouir seul. Un jeune homme, Eragon, découvre par hasard un œuf étrange aux lueurs bleues, qui donne naissance à un dragon femelle. Il le baptise Saphira. Le temps des dragonniers est revenu…Avec l’aide de son mentor, Brom, Eragon va découvrir quel est son vrai destin. Lui seul peut faire renaître l’âge d’or de la justice, il est l’unique espoir du peuple d’Alagaësia, mais pour cela il va devoir affronter Galbatorix et vivre la plus fabuleuse des aventures…Le destin de l’Empire est entre ses mains…

Voilà la saison des trilogies épiques et fantastiques, appelées Heroic Fantasy, qui recommencent ! Vous n’y échapperez pas, c’est sûr, d’autant que ce nouveau chapitre, tiré d’une trilogie intitulée L’Héritage (écrite en 2003 par Christopher Paolini, un jeune auteur américain qui avait 22 ans à l’époque et immense succès international paraît-il !), semble prendre le même chemin, à la fois visuel et narratif, que son glorieux prédécesseur, Le seigneur des anneaux ! Même univers de légende avec en plus cette fois un gentil dragon ; mêmes personnages petits (nains et elfes) et donc foncièrement bons ; même parcours initiatique vers la bravoure, le courage, la loyauté et la sagesse ; même combats titanesques avec moults figurants et affrontements, même sacrifice humain de quelques proches pour bien prouver leur allégeance au héros ; même quête de justice et de liberté contre le jonc d’un despote tyrannique ; mêmes paysages féeriques à perte de vue (cette fois tournés non pas en Nouvelle Zélande, à part quelques effets visuels créées dans le studio néo-zélandais WETA digital, mais en Slovaquie et en Hongrie) ; et même pitch scénaristique pour tenter d’émerveiller les spectateurs encore une fois !
N’empêche qu’ils vont se sentir un peu lésés les pauvres, eux qui croyaient assister à quelque chose de vraiment différent, enfin, de franchement nouveau, alors que l’ensemble n’est qu’une pâle copie de ce qui a déjà été fait en moins bien. Ce n’est pas que ce ne soit pas réussi, bien qu’on ait à redire sur certains points d’effets spéciaux pas franchement transcendants, mais la trame est strictement identique à la trilogie citée ci-dessus et pas loin de celle du Monde de Narnia dont on attend d’ailleurs la suite impatiemment. En attendant de voir donc prochainement Le secret de Térabithia qui s’annonce sous les mêmes hospices que celui-ci, il faudra pour l’instant se contenter de cette nouvelle mouture, à la sauce Donjons & dragons, qui se destine plus spécialement aux enfants, aux vues de ses péripéties gentillettes et de ses dialogues linéaires.
En effet, ici, on est assez loin de l’écriture de J.R.R. Tolkien (même avec des noms à coucher dehors sauf Galbatorix, sorti tout droit d’une bande dessinée d’Astérix !) et de son univers très précisément décrit, chargé d’histoire, de culture et de symboles, de magie noire, de références maléfiques comme de secrets multiples. Ici, pas beaucoup de représentations de ses codes, à part quelques rares peuples anciens au savoir préservé et peu de contrées traversées aux décors majestueux fort différents, représentatifs d’un monde fantastique (sauf peut-être les parois d’un cratère de volcan et encore !).
Tout a été ici traité de façon presque brut de forme, assez linéaire, voire cheap. C’est simplement l’histoire d’un jeune garçon de ferme qui hérite d’un dragon et qui part en quête de vengeance avec un fidèle serviteur pour combattre le méchant roi, et un point c’est tout ! Pas l’ombre d’une ramification avec une légende ancestrale (re)connue, pas le moindre petit mythe à se mettre dans l’esprit ! L’ensemble est dépeint sans relief, assez platement d’ailleurs, entre un jeune garçon blondinet mal dégrossi et aux traits poupins (Ed Speleers qui a des faux airs de Skywalker dans Star Wars, justement, une autre trilogie !) et un ancien dragonnier sur le retour devenu coach à ses heures perdues (Jeremy Irons portant toujours beau l’habit moyenâgeux – voir dans Kingdom of heaven – mais avec un sacré coup de vieux en prime !). Là-dessus, il faut bien évidemment l’intervention d’une femme et c’est Sienna Guillory (Resident evil 2, La machine à explorer le temps, Love actually) qui s’y colle en guerrière elfe, plus proche du mannequin apprêtée que de la comédienne chevronnée d’ailleurs. Côté méchants, John Malkovich est quasi inexistant en roi malfaisant (qu’est-il venu faire ou chercher dans cette production ?, on se le demande encore !), et Robert Carlyle (Transpotting, The full monty, Guns 1748, Les cendres d’Angela, La plage) se la joue diaboliquement démoniaque et caricatural à souhait dans la peau du sorcier Durza, un peu comme dans Le monde ne suffit pas mais cette fois avec des cheveux rouges et des yeux injectés de sang.
Bref, il n’y a pas beaucoup de nuance ou de subtilité, histoire de rester le plus terre-à-terre possible et le plus clair qui soit pour ne surtout pas faire fuir les jeunes qui voudraient bien comprendre sans demander d’explications à leurs voisins ! N’empêche qu’on était en droit à s’attendre à quelque chose d’un peu plus travaillé, de beaucoup plus original et surtout de bien mieux réalisé ! Stefen Fangmeier n’est en définitif qu’un bon informaticien qui a travaillé chez ILM comme superviseur des plans numériques sur Terminator 2, Hook, Jurassic Park et Caper, puis des effets visuels sur Twister, Small soldiers, Il faut sauver le soldat Ryan, En pleine tempête, Galaxy quest, La mémoire dans la peau, Signes, Dreamcatcher et Master & commander. Certes, c’est un beau palmarès cinématographique mais ça n’en fait pas pour autant un bon réalisateur ! Son dragon a beau être expressif et fort mignon au début, sa représentation laisse à désirer lorsqu’il a atteint sa taille adulte puisque sa tête vire à celle d’un chien. Les hordes de peuples sauvages et cruels (les Ra’zac et les Urgals) aux ordres du roi sont calquées sur celles du Seigneur des anneaux, au point qu’on se demande si ce n’est pas le même logiciel qui a été employé (toutefois, c’est le même studio qui a conçu les effets spéciaux du Seigneur des anneaux – voir au début !).
En résumé, on a vraiment l’impression que les studios américains essayent de surfer sur les succès mérités du Seigneur des anneaux et du Monde de Narnia pour exploiter le filon à « donf » et tenter de gagner un peu d’argent et éventuellement de respect dans la culture dite populaire avec cette franchise trilogique pas franchement mirobolante au demeurant ! Attendons de voir la suite qui s’appellera L’aîné, le 3ème tome n’étant toujours pas fini……

C.LB



 
 
 
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