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Casino Royale (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  21/06/2022  

De Martin Campbell avec Daniel Craig, Judi Dench, Eva Green et Mads Mikkelsen (sur Ciné + Frisson les 21, 22, 23, 25 et 28/06)


Pour sa première mission, James Bond affronte le tout-puissant banquier privé du terrorisme international, Le Chiffre. Pour achever de le ruiner et démanteler le plus grand réseau criminel qui soit, Bond doit le battre lors d’une partie de poker à haut risque au Casino Royale. La très belle Vesper, attaché au Trésor, l’accompagne afin de veiller à ce que l’agent 007 prenne soin de l’argent du gouvernement britannique qui lui sert de mise, mais rien ne va se passer comme prévu. Alors que Bond et Vesper s’efforcent d’échapper aux tentatives d’assassinat du Chiffre et de ses hommes, d’autres sentiments surgissent entre eux, ce qui ne fera que les rendre plus vulnérables…

Comme le Beaujolais nouveau, le grand crû James Bond, alias 007, est arrivé ! Un retour après 4 ans d’absence et fort attendu puisqu’il y a un gros, un très gros changement pour le moins de taille dans ce 21ème opus : Pierce Brosnan a rendu son tablier et sa panoplie d’espion, cédant sa place à Daniel Craig, un acteur anglais blond et fort athlétique (à l’allure d’un Steve McQueen) mais néanmoins pas brun comme l’original, l’incontournable et indétrônable Sean Connery ! Sacrilège, horreur et damnation dirons certains puristes, n’importe quoi pour d’autres, d’autant qu’il n’y a pas véritablement de nouveaux gadgets high-tech ultrasophistiqués (à part un kit médical de survie radio contrôlé et quelques belles voitures rutilantes dont une Aston Martin – clin d’œil - gagnée au jeu !), ni de coucheries intempestives comme à l’accoutumée (pas de scènes au lit sauf à la fin avec l’héroïne). Mais ne soyons pas si vindicatif, si emporté, si critique, et attendons de voir comment évoluera ce grand gaillard musclé dans les prochaines séries à venir de cette longue saga. Laissons-lui au moins le temps de faire ses preuves !
Mais souvenez-vous que vous l’avez sans doute vu dans Elizabeth, Je rêvais de l’Afrique, Lara Croft – Tomb Raider, Les sentiers de la perdition et récemment dans Munich. Loin d’être aussi glamour et charismatique que ses prédécesseurs, Daniel Craig a quelque chose d’autre de pas vraiment classique, de plus physique, de plus sexy et de plus félin dans l’allure, une réelle violence sauvage dans le regard (d’un bleu d’azur accrocheur !), ainsi qu’une certaine tristesse et un côté aussi sombre que dangereux dans le visage (aussi carré qu’un boxeur !). S’il peut sembler rugueux et manquer d’une certaine classe originelle par rapport aux autres protagonistes qui ont endossé ce rôle mythique, il se rattrape avec une détermination et une pugnacité qu’on ne connaissait pas chez les autres auparavant. C’est vrai que ce solitaire viril parle peu et agit beaucoup (c’est le moins qu’on puisse dire !), qu’il manque d’un peu d’humour et de décontraction (on le sent un peu étriqué dans ses costumes par moment), mais il apporte du sang neuf dans cette franchise à succès.
Certes, il faut prendre son mal en patience et espérer qu’il va se lâcher dans le futur mais ce gars-là a de la ressource à revendre et une véritable force intérieure, c’est sûr ! Il suffit de le voir se démener comme un beau diable dans les poursuites, les cascades et autre corps à corps que lui inflige le scénario. Lui au moins, il mouille sa chemise et ça se voit à l’écran ! De ce côté-là, la production n’a pas mégoté sur les situations pures et dures les plus incroyables et les plus spectaculaires qui soit, aussi folles, périlleuses et inventives que possible, de la première course sur un chantier de construction à Madagascar jusqu’à la dernière avec l’effondrement progressif d’un palais vénitien en ruines, en passant par une poursuite sur le tarmac de l’aéroport international de Miami. C’est vrai, on ne voit pas le temps passé (2h18 tout de même !) entre les Bahamas, le lac de Côme et Venise en Italie, et aussi Prague en république tchèque. Bon, d’accord, l’intrigue sentimentale et l’histoire d’amour traînent un peu en longueur vers la fin mais il n’y a pas que de la tension dramatique et l’action dans les films de Bond !
Pensez que sous sa carapace, notre agent secret est un sensible, un romantique et un émotif : en effet, il tombe éperdument amoureux (et cela pour la seconde fois après Au service de sa majesté où il restait marié 30 secondes, sa femme étant abattue en fin de compte après ce petit laps de temps !) de sa co-équipière et qu’il est prêt à donner sa démission et rendre son permis de tuer à M (remarquable Judi Dench) pour vivre calmement à côté de sa bien aimée. Le seul hic, c’est que cette dernière ne fait vraiment pas le poids : Eva Green, fille de Marlène Jobert et aperçue notamment dans Les innocents, Arsène Lupin et Kingdom of heaven, n’est pas la hauteur de cet énorme blockbuster américain, trop jeune, trop typée petite fille pas encore mature et trop inexpérimentée pour jouer une telle femme, d’autant plus fatale, à la fois charmeuse et envoûtante. Elle manque carrément de puissance et de profondeur vis-à-vis d’une Carole Bouquet ou d’une Sophie Marceau, les 2 autres françaises qui ont côtoyé de près le fameux James Bond.
Côté méchants, encore un français à l’affiche pour seulement quelques scènes (Simon Abkarian, vu dans Le serpent, Ni pour ni contre bien au contraire, J’ai vu tuer Ben Barka et Le voyage en Arménie), tout comme l’italienne Caterina Murino (découverte dans L’enquête corse, L’amour aux trousses et Les bronzés 3 : amis pour la vie) qui ne fait que passer 3 minutes devant nos yeux. Mais le plus affreux et plus glacial de tous, qui reste toutefois présent plus longtemps que les autres (et pour cause !), est Le Chiffre, interprété par Mads Mikkelsen que vous avez sans doute pu apprécier dans Le roi Arthur, Les bouchers verts et Adam’s apples.
Bref, tous les ingrédients sont là pour que le succès soit assuré ! On doit cette réussite certaine au formidable travail de mise en scène du réalisateur néo-zélandais Martin Campbell, un abonné aux films à grand spectacle comme le furent Le masque de Zorro, Vertical limit, La légende de Zorro et Goldeneye, dans lequel Pierce Brosnan tenait pour la première fois le rôle de 007. N’oublions pas de remercier au passage quelques sponsors sans lesquels James Bond ne serait pas à la pointe de la modernité et de l’élégance : citons comme fournisseurs officiels la compagnie aérienne Virgin (avec la présence furtive de son président, le milliardaire Richard Branson), la montre Omega (qui remplace la Rolex des débuts), le champagne Bollinger (boisson officielle depuis Monraker en 1979), les chaussures John Lobb (à la place des Church’s) et le smoking Brioni (marque italienne qui supplante les tailleurs anglais)….

C.LB



 
 
 
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