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Ne le dis à personne (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  20/10/2023  

De Guillaume Canet avec François Cluzet, André Dussollier, Marie-Josée Croze, Kristin Scott Thomas, François Berléand, Nathalie Baye, Jean Rochefort et Guillaume Canet


Sa femme Margot a été sauvagement assassinée par un serial-killer. Totalement détruit, Alex ressasse jour après jour le souvenir bouleversant de son amour perdu. 8 ans ont passé. Alex reçoit un e-mail anonyme. Il clique : une image, le visage d’une femme au milieu d’une foule, filmé en temps réel. Celui de Margot….

Tout ce qu’on peut dire, c’est que le réalisateur/acteur Guillaume Canet est en forme, à en juger par ce 2ème long métrage aussi époustouflant et maîtrisé que le premier, le fameux Mon idole. Voilà un nouveau venu dans le milieu des cinéastes sur lequel il va falloir compter à présent ! Avec un scénario bétonné (un chef-d’œuvre de la littérature policière, écrit par Harlan Coben, l’un des maîtres du suspense et du roman noir), de l’action juste ce qu’il faut (notamment une poursuite époustouflante sur le périphérique parisien et dans le marché aux Puces), et des comédiens hors pairs (voir la liste plus bas), il réussit à nous tenir aux tripes pendant plus de 2h, ce qui est un exploit en ces temps de productions souvent trop longues ou bien alors fort ennuyeuses.
Tiré d’après le best-seller Tell no one de Harlan Coben (traduit en 27 langues et vendu à plus de 6 millions d’exemplaires), cette adaptation nous tient vraiment en haleine et nous permet de suivre à la trace et quasiment en temps réel l’enquête pour le moins mouvementée que va suivre notre héros principal, accusé injustement de meurtre et acculé à fuir pour découvrir la vérité pour pouvoir se disculper. On n’est pas loin de la série télévisée 24 heures version française, c’est vous dire la réussite ! On peut dire que c’est aussi en grande partie grâce à la prestation juste et véritable de François Cluzet qui est fantastique en pédiatre solitaire et fuyard, aussi surprenant en être tendre et inquiet, éperdu d’amour, qu’en homme aux abois, tendu, soupçonneux, suspicieux et même brutal. Il arrive à maintenir une certaine pression dans ses faits et gestes, ce qui nous oblige à rester attentif à chaque scène, de peur d’en perdre une miette. A ses côtés, une pléiade d’autres acteurs, pour certains très connus, qui lui donne le change et la répartie avec beaucoup de force et de présence, même s’ils ont pour certains que quelques scènes très courtes à jouer.
Il y a là Marie-Josée Croze (Les invasions barbares, Mensonges et trahisons, Munich), très émouvante en épouse adorée qui disparaît subitement ; André Dussollier (36 quai des Orfèvres, Lemming, Cœurs), très convaincant en beau-père énigmatique ; François Berléand (Mon idole – déjà ! -, L’ivresse du pouvoir, Le passager de l’été) excellent comme d’habitude en flic (encore !) consciencieux et posé, aussi bien calme que tenace, et plein de tocs décalés ; Nathalie Baye (L’un reste l’autre part, Le petit lieutenant, La Californie), fort juste en avocate pugnace et autoritaire ; Philippe Lefebvre (Tu vas rire mais je te quitte, Selon Charlie, OSS 117 La Caire nid d’espions) parfait en flic auxiliaire excité et vif ; et Gilles Lellouche (Anthony Zimmer, Ma vie en l’air, On va s’aimer) sympathique en patient speedé et surtout voyou au grand cœur. Par contre, on se demande ce que viennent faire ici Jean Rochefort (L’enfer, Akoibon, Désaccord parfait) en père malveillant et homme d’affaires véreux, Kristin Scott Thomas (Man to man, La doublure, Secrets de famille) en copine lesbienne, et Marina Hands (Les invasions barbares, Les âmes grises, Lady Chatterley) en petite copine de cette dernière et de plus sœur de François Cluzet.
Ils semblent faire plus de la figuration qu’autre chose, le réalisateur n’ayant sans doute pas pu s’empêcher de leurs dire oui à chacun, et résister à l’envie de les faire tourner (n’a-t-il pas dit qu’à chaque fois qu’il croise un acteur ou une actrice que le séduit, il a envie de travailler avec lui ou elle !). Néanmoins, il y a beaucoup trop de personnages qui interviennent dans ce récit, noyant parfois le suspense avec des interférences inopinées pas vraiment nécessaires et provoquant une certaine pagaille inutile dans l’échafaudage des indices et des soupçons que le spectateur pourrait avoir. Ce n’est déjà pas si facile à suivre, alors avec des fausses pistes et des interventions supplémentaires, c’est un peu « full up » !
On pourrait aussi trouver son histoire d’amour un peu trop soulignée avec des plans douceâtres et mielleux à souhait (baignade et câlin nocturnes, champs d’arbres en fleurs, soleil couchant,…). Toutefois, l’ensemble tient ses promesses, autant dans l’intrigue pleine de rebondissements que dans les rôles à la fois énergiques, forts et singuliers, histoire de crédibiliser un peu plus ce thriller nuancé, aussi bien rythmé que charpenté. Il y avait longtemps que le cinéma français n’avait pas accouché d’un si captivant et intriguant polar !

C.LB



 
 
 
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