4 étoiles (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  03/08/2023  

De Christian Vincent avec José Garcia, Isabelle Carré, François Cluzet, Jean-Paul Bonnaire et Michel Vuillermoz

4 étoiles est une histoire d’argent, donc de sentiments. C’est l’histoire d’une fille qui hérite de 50.000 euros dont elle ne sait pas trop quoi faire. C’est encombrant l’argent ! Ca vous attache comme les sentiments. Elle décide alors de le dépenser en filant sur la Côte d’Azur. C’est au Carlton qu’elle tombe sur Stéphane. Lui, c’est l’argent des autres qui l’intéresse. Stéphane va en vouloir à l’argent de Franssou. La demoiselle ne va pas se laisser faire. Ils vont faire cause commune, tenter d’escroquer un 3ème larron, ex-pilote de course. Une histoire qui mélange vice et vertu, argent et sentiments.

Ne pouvait-on pas imaginer plus beau casting que celui-ci, entre un José Garcia en pleine forme, culotté, de mauvaise foi, gonflé à bloc et gouailleur comme c’est pas permis, capable de vous embrouiller la tête comme un rien et de vous emmener là où il veut sans qu’on s’en rende compte ; une Isabelle Carré mutine et resplendissante, pleine de candeur, d’innocence et de naturel, toujours aussi magique, tellement lumineuse, voire même parfois méconnaissable, enfin, plus belle que jamais ; et un François Cluzet irrésistible et grandiose en pigeon magnifique, de plus maniaco-dépressif, souvent à côté de la plaque et, on peut le dire, complètement « aware » dans une version à la Jean-Claude Van Damme. N’oublions pas au passage un 4ème intervenant non négligeable et de taille puisqu’il s’agit tout bonnement d’un palace « 4 étoiles », l’hôtel Carlton (n’en a-t-il pas 5 d’ailleurs ?) sur la Croisette de Cannes, qui joue ici un rôle prépondérant en tant que décor quasi unique du film.
Avec ses 3 noms à l’affiche, plus un hôtel prestigieux (déjà à l’affiche de Anthony Zimmer et de….La main au collet de Hitchcock !), c’est déjà un gage de réussite ! Ils sont tous époustouflants autant les uns que les autres dans leur interprétation « taillée » sur mesure, avec le dialogue soigné, le costume chic et le gestuel de circonstance. Ils sont si parfaits qu’ils vampiriseraient presque le scénario, une histoire d’escroquerie menée tambour battant sur fond de glamour. Il est vrai qu’on ne sait pas très bien où cette aventure entre un sympathique escroc volubile et roublard, intéressé par une femme qui veut changer de vie en dépensant rapidement l’argent d’un héritage, et un ancien coureur automobile plein aux as et follement amoureux de cette dernière, va nous embarquer. Alors qu’en réalité, tout le suspense repose uniquement sur comment gaspiller cette petite fortune plutôt embarrassante, voire encombrante, qui empêche les protagonistes d’être pleinement heureux.
On se laisse prendre au jeu de ses comédiens émérites qui distillent le grand art de la comédie avec un excellent sens de la répartie (bravo au scénariste Olivier Dazat !), une bonne humeur évidente et une grande gaîté communicative. On se laisse avoir par leur entrain, leur dynamisme, leur joie de vivre et aussi leurs péripéties savoureuses mais pour le moins tumultueuses, même si le script repose uniquement que sur un cliché, celui de la fille un peu naïve qui tombe sur un type arnaqueur ne s’intéressant qu’à son magot. Néanmoins, ce genre connu, déjà maintes fois revu et corrigé, a ses règles et ses conventions qui sont ici parfaitement maîtrisées et nuancés.
Le réalisateur Christian Vincent (La discrète, Beau fixe, La séparation, Sauve-moi, Les enfants) semble s’être beaucoup amusé à faire « tourner en bourrique » ses 3 acteurs en pleine possession de leur moyen et en plein rapport de force, eux qui donnent l’impression de s’être approprier leur personnage comme une gourmandise qu’on déguste lentement au fond de la bouche. C’est l’effet qu’ils donnent, au point que le spectateur sort ravi et conquis par ce trio comique et bon enfant, aussi manipulateur que joueur, qui se plaît à être un peu canaille sur les bords avec juste ce petit côté vulgaire qui va si bien à certaines situations. On dirait des gosses espiègles qui ne sauraient pas quoi faire d’une pareille somme, qu’elle soit à eux ou pas, et qui iraient tout mettre en œuvre pour la dilapider dans les règles, vite et bien, tout en tentant de faire marcher les autres dans leur combine.
En résumé, voilà une bonne surprise toute en finesse, aussi drôle qu’intelligente, à laquelle on ne peut qu’adhérer, magistralement interprétée par des acteurs vraiment transcendants et au somment de leur art !

C.LB