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Kingdom of heaven (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  25/04/2023  

De Ridley Scott avec Orlando Bloom, Eva Green, Jeremy Irons, David Thewlis, Brendan Gleeson, Marton Csokas,Ghassan Massoud et Liam Neeson (les 25 et 26/04)


En perdant sa femme et son fils, Balian, un jeune forgeron, a presque perdu la foi. Alors qu’il pleure leur disparition, un chevalier vient le trouver. Godefroy d’Ibelin est un croisé, un baron du roi de Jérusalem ayant pour mission de préserver la paix en Terre Sainte. Il révèle à Balian qu’il est son père et lui demande de l’accompagner jusqu’à la Ville Sainte. Balian accepte mais Godefroy tombe dans une embuscade. Juste avant de mourir, le père transmet à son fils son titre et ses terres à Jérusalem. Entre la 2ème et la 3ème croisade, une paix fragile règne sur la Ville Sainte, grâce aux efforts de son roi chrétien, Baudoin IV, et à la modération du légendaire chef musulman, Saladin. Les habitants de confession chrétienne, musulmane et juive, coexistent pacifiquement. Malade, les jours de Baudouin sont comptés et le fanatisme, l’appât du gain et la jalousie menacent la trêve. D’une intégrité sans faille et lié par son noble serment, Balian se retrouve en terre étrangère au service d’un roi déclinant. Il y rencontre Sibylle, la sœur du roi mourant, une jeune femme aussi belle qu’énigmatique. C’est à Jérusalem que Balian deviendra le plus valeureux et le plus héroïque des chevaliers, accomplissant un destin que personne ne pouvait imaginer….

Qui mieux que le réalisateur Ridley Scott pouvait se targuer de reconstituer consciencieusement une fresque épique et historique de cette ampleur, avec décors faramineux (merci les techniques de la 3D !), costumes d’époque plus flamboyants les uns que les autres, combats aussi sanglants qu’imposants, et figuration nombreuse et variée ? Ne nous avait-il pas déjà subjugué en s’appropriant l’histoire d’un soldat romain devenu esclave qui se rebella contre son empereur dans le fameux Gladiator ? Ou bien celle de ces 2 officiers qui se cherchent querelle puis duel pendant les grandes campagnes napoléoniennes dans Les duellistes ? Ou encore l’histoire de la découverte des Amériques dans Christophe Colomb 1492 ? Plus c’est grand et plus il aime, nous semble-t-il !
Fort de cette expérience qui l’a rendu célèbre depuis longtemps, le voilà qui réitère cette longue expérience, non pas cette fois-ci dans une autre période Antique mais un peu plus tard, au Moyen Age, pendant les croisades. Il a déposé son dévolu filmographique sur la destinée d’un homme ordinaire à travers les luttes intestines de pouvoir militaire et religieux en Terre Sainte vers l’an 1186. Seulement voilà, à vouloir refaire le même genre de pitch cinématographique pour tenter de remporter le même succès que Gladiator, il retombe à nouveau dans les mêmes ingrédients visuels et les mêmes clichés narratifs en nous servant entre autre le même type de tragédie et les mêmes épreuves humaines à affronter que précédemment. En effet, on a le droit à nouveau aux mêmes références et descriptions qu’auparavant dans une espèce de copier/coller éhonté de ses films passés, notamment avec l’histoire de cet homme qui a perdu sa femme et son fils, qui refuse de se laisser abattre en tentant de se racheter dans une sorte de parcours initiatique en forme de rédemption qui le mènera au bout de lui-même, qui doit éviter les pièges tendus par ses rivaux, conspirateurs et autres jaloux, qui doit servir son « maître », un roi, le plus fidèlement possible dans une action juste tout en lui tenant tête, exactement comme dans Gladiator. Il a tellement calqué cette histoire sur l’autre qu’on retrouve les mêmes plans (tournés encore une fois au Maroc), que ce soit dans le découpage avec un premier combat plutôt violent pour finir par un autre encore beaucoup plus imposant (d’ailleurs, très proche de ceux dans Le seigneur des anneaux 2 et 3), ou que ce soit dans les éléments du type ralentis stylisés et utilisés à bon escient, focales de différentes couleurs pour faire plus séduisants style pub, effets de neige comme au tout début, et réunion des chefs pour se partager le pouvoir comme dans la Rome Antique. C’est tellement flagrant qu’on a l’impression qu’il pourrait employer ce subterfuge pour toutes ses prochaines mises en scène.
Mais là n’est pas l’unique problème ! Le plus préoccupant est celui du choix de son héros, Orlando Bloom (Ned Kelly, Pirates des Caraïbes, Le seigneur des anneaux), qui n’a pas l’envergure ni le regard de Russell Crowe, peu convaincant et pas emblématique en tant que défenseur de Jérusalem (par contre beaucoup plus en forgeron !), pas expressif pour un sou et sans charisme pendant presque 2h30. C’est à se demander ce qui a bien pu décider le réalisateur à le choisir, bien qu’il ait déjà tourné dans l’un de ses films, La chute du faucon noir, et dans le même genre de trame avec Troie, tant il ne dégage rien à l’image, ni compassion, ni élan de sympathie, ni désir de vouloir s’identifier à lui. Il défend certes des valeurs morales (honneur, devoir, intégrité) mais en gardant le même rictus (fort triste d’ailleurs) du début à la fin, peu enclin à être séduit pourtant par la belle Eva Green (Innocents, Arsène Lupin), trop jeune et inexpérimentée pour son rôle de maîtresse troublante et surtout de reine inaccessible. Heureusement que les autres, Jeremy Irons, David Thewlis, Brendan Gleeson et Liam Nesson (exit Edward Norton, totalement méconnaissable car recouvert de bandelettes de la tête aux pieds et le visage caché par un masque en argent), apportent un peu d’expressions nouvelles, d’humanité et de testostérone dans ce Royaume des cieux bien trop lourd à porter pour un seul chevalier.
On pourrait presque dire que cette aventure extraordinaire ressemble à s’y méprendre à celle de l’indigeste Alexandre qui avait remporté, on s’en souvient, une belle défaite lors de sa sortie en salles. Mais que voulez-vous, les « péplums » semblent être de retour en ce moment et à la mode à Hollywood, et il semblerait qu’il y ait encore quelques promotions à venir sur ce type de produit quelque peu avarié !

C.LB



 
 
 
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