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Anthony Zimmer (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  06/08/2023  

De Jérôme Salle avec Sophie Marceau, Yvan Attal, Sami Frey, Gilles Lellouche, Daniel Olbrychski et Samir Guesmi (les 06, 08, 12, 18 et 24/08)


Génie de la finance criminelle, Anthony Zimmer est recherché par toutes les polices du monde. Personne ne sait à quoi il ressemble, mais dans la course qui oppose ceux qui veulent le coincer, Akerman, un flic d’exception, possède une longueur d’avance : il sait que Zimmer prendre tous les risques pour revoir Chiara. Alors que la jeune femme a rendrez-vous avec l’insaisissable malfrat, elle reçoit un mot de sa main. Pour perdre ceux qui le pourchassent, Zimmer lui demande d’accoster un inconnu et de faire croire qu’il est celui que tous recherchent. Chiara jette son dévolu sur François, un homme banal qui, fasciné par la jeune femme, va rapidement plonger dans le cauchemar. Entre manipulations et faux-semblants, tous vont découvrir qu’au-delà des apparences, ils ne sont que les pièces d’une partie d’échecs qui se joue en attendant que le maître arrive…

On nous a changé notre petite Sophie Marceau ! Plus de rondeurs, plus de joues pleines et plus l’air mutin qu’on lui connaissait ! Difficile maintenant de la reconnaître en femme fatale, capable d’aguicher, de manipuler et de piéger les hommes à sa guise, alors qu’hier encore, elle était notre gentille copine d’école dans La boum et notre jolie universitaire amoureuse dans L’étudiante. Le temps passe si vite qu’on pourrait presque oublier ses rôles de jeune femme décidée dans Braveheart, Anna Karenine, La fidélité, Belphégor ou encore Je reste. Pourtant, n’oublions pas que l’une de nos plus charmantes ambassadrices du cinéma français sait aussi endosser le rôle de la trouble et ambiguë héroïne comme c’était le cas, il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, dans Le monde ne suffit pas.
Néanmoins, elle n’a ici plus la même apparence, ni le même regard ni la même allure qu’autrefois. Elle s’est évidemment émancipée et son visage ressemble désormais à celui d’une actrice qui approche de la quarantaine, du style Nathalie Baye. C’est tellement frappant qu’on est impressionné du résultat après toutes ces années. En effet, elle s’est transformée pour l’occasion (c’est la première fois d’ailleurs qu’elle joue un tel personnage) en une mystérieuse et sophistiquée amoureuse, aussi sexy qu’énigmatique et aussi fascinante que potentiellement dangereuse, qui essaye de sauver son amant de la police et de tueurs professionnels, un malfrat d’envergure internationale, interprété par…c’est la surprise du film, on va pas tout vous dire quand même ! Sophie Marceau utilise tous les subterfuges émotionnels qui sont en son pouvoir et qui font la réputation d’une femme au charme vénéneux, tour à tour élégante, voire même glamour, énergique, charmeuse, tentatrice, sensuelle puis séductrice, et finalement insaisissable ou imprenable, pour arriver à ses fins. Avec toutes ses cartes en mains, elle vous retourne un mec comme elle veut tel que par exemple Yvan Attal qui, en séducteur alpagué, arrive à être parfois vampirisé par la magistrale présence de sa partenaire !
Quoi de plus naturel que d’être subjugué dès le départ par ce générique qui suit à ras le sol les pas de cette belle aventurière aux jambes superbes en talons hauts, qui s’attarde par la suite sur une échancrure, un déshabillé ou une toilette (un point sur lequel Yvan Attal s’attarde de temps à autre sans en louper une miette, apparemment !), pour finir sur une expression intense de désir ou de baiser fougueux. Bref, tous les attraits, qu’ils soient artificiels ou non, sont bel et bien là au rendez-vous. On sent que ce film policier prenant, pour le moins mystérieux et intense, n’a pas lésiné sur les moyens pour nous en mettre plein la vue, montrant ici et là tout le luxe nécessaire à une telle entreprise dans un décor de Riviera idéalisée, une Côte d’azur fantasmée avec ses palaces (celui du Carlton de Cannes et sa suite au 7ème étage) et ses propriétés incroyables, nichées face à la mer (une superbe villa ultra moderne, cachée dans une vaste pinède). Tout cet apparat de faste et toute cette démonstration de strass sont néanmoins obligatoires pour qu’on puisse croire à cette histoire à la fois rocambolesque et enlevée qui se déroule dans les hautes sphères du grand banditisme et que nous sert admirablement bien le réalisateur Jérôme Salle. Pour sa première longue mise en scène, c’est une réussite !
Rien n’a été oublié, ni l’énigme solide, ni l’intrigue bien ficelée, ni le suspense finement distillé qui va crescendo et qui ne laisse rien présager du dénouement final. Quand à la direction des acteurs, elle est menée de main de maître. On n’y croît vraiment en cherchant à comprendre ce qui se passe réellement, même si parfois, on se doute bien de l’identité de Zimmer, peu curieux de l’identité de cette sublime femme qui déboule dans sa vie et qui s’offre (presque) à lui, peu perplexe et craintif face à sa nouvelle condition d’homme traqué et surtout peu enclin à vouloir se sortir de ce mauvais pas. On est quelque peu déçu par la participation certes crédible mais distante et froide de Samy Frey qui ne sort malheureusement pas beaucoup des ornières dans lesquelles on a l’habitude de le voir jouer. Malgré une prestance intimidante d’une ampleur évidente, il n’apporte pas grand-chose de transcendant à son rôle de flic taciturne, homme monolithique et chasseur solitaire.
Qu’importe, on se laisse emporter par ce jeu du chat et de la souris avec ces belles images du sud de la France, ainsi que ces retournements de situations, liens, mensonges et autres mécanismes de manipulation qui jalonnent toute l’histoire, faisant de ces rebondissements multiples un thriller hitchcockien (en référence à La mort aux trousses) plutôt cohérent et parfaitement maîtrisé. Grâce au simple fait que ce film soit construit sur le mystère, les apparences trompeuses et la manipulation, avec peu de dialogues mais beaucoup de non-dits et de sous-entendus, on se laisse mener par le bout du nez sans jamais lâcher prise. Bref, 2 surprises de taille en une seule production pour cette fin d’avril assez morose, cinématographiquement parlant !

C.LB



 
 
 
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