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Un long dimanche de fiançailles (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  05/11/2022  

De Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Dominique Pinon, Clovis Cornillac, Jérome Kircher, Chantal Neuwirth, Albert Dupontel et Denis Lavant - Photos de Bruno Calvo (sur Canal + Grand Ecran les 05, 11, 13, 16, 18, 20 et 22/11)


En 1919, Mathilde a 19 ans. 2 ans plus tôt, son fiancé Manech est parti sur le front de la Somme. Comme des millions d’autres, il est « mort au champ d’honneur ». C’est écrit noir sur blanc sur l’avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d’admettre cette évidence. Si Manech était mort, elle le saurait. Elle se raccroche à son intuition comme au dernier fil ténu qui la relierait encore à son amant. Un ancien sergent a beau lui raconter que Manech est mort sur le no man’s land d’une tranchée nommée Bingo Crépuscule, en compagnie de 4 autres condamnés à mort pour mutilation volontaire, rien n’y fait... Mathilde refuse de lâcher le fil. Elle s’y cramponne avec la foi du charbonnier et se lance dans une véritable contre-enquête. De faux espoirs en incertitudes, elle va démêler peu à peu la vérité sur le sort de Manech et de ses 4 camarades. Le chemin est plein d’embûches, ça n’effraie pas Mathilde. Tout paraît surmontable à qui veut défier la fatalité….

Comment on l’attendait avec impatience, le nouveau film de Jean-Pierre Jeunet après l’énorme succès de son précédent long métrage ! En effet, le papa du Fabuleux destin d’Amélie Poulain se devait de prendre son temps avant de se lancer dans une nouvelle aventure cinématographique et de choisir un sujet qui ne puisse décevoir en aucun manière ni ses fans de la première heure, ni les autres spectateurs qui l’ont découverts plus tard, avides de sensations délicieusement positives et dont le réalisateur a toujours eu le secret. Cette fois, au lieu d’écrire lui-même une histoire originale, il a préféré adapter le roman haletant du même nom, écrit par Sébastien Japrisot (L’été meurtrier, Compartiment tueurs), à grands renforts d’une imposante reconstitution historique, plein de décors de cette période, d’effets spéciaux subtiles, de costumes d’époque, d’un casting aussi éclectique qu’inattendu et d’un budget conséquent.
C’est que pour raconter une plongée sans retour dans les tranchées de la guerre de 14-18 avec les pérégrinations de Mathilde, une jeune fille à la recherche de son amoureux jamais revenu du front, il fallait des moyens et le savoir-faire d’un tel réalisateur. Ce nouveau projet très ambitieux est à la hauteur de cet homme, même si au final, on est un petit peu déçu du résultat. Il est vrai qu’on ne peut pas dire qu’il se soit vraiment creuser la tête question manière de filmer et choix d’acteurs puisqu’on retrouve cette même façon de cadrer les scènes, d’utiliser des flash-backs sous forme d’inserts et de prendre pratiquement tous les acteurs qui jouaient précédemment dans Amélie Poulain, Dominique Pinon, Ticky Holgado (dont c’est ici la dernière apparition !), Jean-Claude Dreyfus et bien sûr Audrey Tautou en tête. Ce n’est pas que cette dernière soit mauvaise, bien au contraire, mais on a la nette impression qu’elle nous rejoue le même personnage quelques décennies auparavant, version 1920 après celle de 2000. D’ailleurs, c’est comme si Amélie Poulain avait hérité du caractère plein de bonté de sa grand-mère, ici la fameuse Mathilde. On l’attendait sur un autre registre, tout comme le réalisateur, et on découvre un remake « historique » d’Amélie Poulain. Jean-Pierre Jeunet se doutait bien qu’on allait l’attendre au tournant, voir s’il ne se laisserait pas porter par la vague de la facilité en réutilisant les mêmes ingrédients et la même équipe que précédemment. Et bien, il l’a fait exactement pareil ! On ne change pas une équipe qui gagne, pas vrai ?
Malgré cela, on suit tout de même avec beaucoup d’intérêts la quête obsessionnelle de cette jeune femme qui ne peut se résoudre à la mort de son jeune amant malgré toutes les évidences et qui part à sa recherche à travers les témoignages de tous ceux qui ont été de prêt ou de loin liés à lui ou seulement témoins de sa présence. C’est l’occasion de voir sur pellicule des familles d’acteurs diverses avec des gueules, des personnalités et des tempéraments très différents tels que Clovis Cornillac (Mensonges et trahisons), Marion Cotillard (Taxi 1, 2 & 3), Jean-Pierre Darroussin (Le cœur des hommes), Julie Depardieu (Podium), Albert Dupontel (Le convoyeur), André Dussollier (Agents secrets), Tchéky Karyo (Ne quittez pas), Jérôme Kircher (Les enfants du naufrageur), Denis Lavant (Promenons-nous dans les bois), Jean-Paul Rouve (Rrrrr !), le regretté Gaspard Ulliel (Embrassez qui vous voudrez) et….Jodie Foster(Panic room). Comme une enquête policière, on veut nous tenir en haleine en nous entraînant ainsi jusqu’à la conclusion qui est vraiment captivante. On assiste donc petit à petit aux différentes étapes qui nous amèneront à la découverte de la vérité, même si pour cela, on doit passer 2h14 devant l’écran ! A force d’images efficaces et de couleurs retravaillées, parfaitement cadrées et léchées comme il se doit, on ne peut qu’être sous le charme et saluer au passage les prouesses techniques de ce réalisateur hors pair.
Mais fallait-il pour autant nous en mettre spectaculairement plein la vue, histoire de cacher le peu de remise en question sur le plan de sa manière de raconter une histoire d’amour et de monter un film au budget aussi colossal (46 millions d’euros)? Quoi qu’il en soit, l’originalité du projet méritait un investissement conséquent, ce qui nous permet de prendre un réel plaisir à voir la guerre de 14 et le Paris de 1920 reconstitués de la sorte. Grâce à la technologie numérique, c’est devenu un jeu d’enfant qui coûte cher, voire très cher ! Bref, à vouloir placer la barre plus haut et monter d’un cran l’enjeu de réussir aussi bien, voire même mieux, qu’Amélie Poulain, c’est la course sans fin au succès à gros coup de pognon ! Maintenant, les paris sont ouverts….

C.LB



 
 
 
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