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Mensonges et trahisons et plus si affinité…(sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  20/11/2022  

De Laurent Tirard avec Edouard Baer, Marie-Josée Croze, Clovis Cornillac, Alice Taglioni, Eric Berger et Jean-Michel Lahmi (sur Canal + Grand Ecran les 20, 23, 25 et 26/11 + 01/12)


Lorsqu’une personnalité publie un livre sur sa vie, c’est souvent Raphaël qui l’a écrit. Cet auteur très discret sait mieux que personne raconter les existences, sauf lorsqu’il s’agit de la sienne…Alors qu’il prépare laborieusement l’autobiographie d’une star du foot, Raphaël découvre que Claire, son premier amour, vit à présent avec le sportif. Tiraillé entre celle qu’il aime aujourd’hui, celle qu’il a aimée 10 ans plus tôt, celui pour qui il travaille et tous les problèmes que cela entraîne, Raphaël va affronter en quelques jours toutes les questions qu’il évitait soigneusement depuis des années…

Vous allez me dire, encore un film qui traite de la remise en questions des trentenaires à une période ou un carrefour de leur vie, et vous n’aurez pas tort ! Mais, ce qui est bien avec ce genre de sujet qui alimente une partie des films actuels, c’est qu’il est traité ici avec humour, intelligence, pragmatisme et perspicacité, le tout servis par des dialogues percutants et drôles, et par des comédiens tous excellents dans leur rôle respectif, correspondants d’ailleurs beaucoup à l’image qu’on peut avoir de ces personnages et totalement réalistes dans notre vie de tous les jours. Parfaitement dirigés, ils n’en font pas des tonnes pour tirer la couverture à soi et semblent tous en parfaite osmose avec les aventures et péripéties qu’ils doivent vivre ou subir ici. Bref, ils habitent complètement cette histoire avec leurs regards et leurs sentiments dans les situations incarnées.
On ne s’ennuie pas une seconde, passant du rire aux larmes avec brio, dans les pensées et actes amoureux de cet écrivain qui vit égoïstement, sans pouvoir (ou vouloir) faire partager ce qu’il est réellement et ce qu’il pense vraiment des autres. Il a beau avoir une petite amie attentive et spontanée qui semble l’aimer, il se sent obliger de douter de tout et d’aller voir ailleurs s’il n’y aurait pas mieux, quelque chose de plus existant à se mettre sous la dent. C’est le cas de beaucoup d’hommes, encore indécis ou en pleine période de réflexion, qui passent leur temps à se chercher avant de se trouver, d’éclore et de prendre leur envol dans l’existence.
Laurent Tirard, dont c’est ici la première réalisation, a bien compris les humains et nous fait remarquer que les hommes vivent dans le fantasme (c’est d’ailleurs le métier de son héros !) alors que les femmes dans la réalité (sa petite amie et son ancienne y sont très ancrées). Ainsi, dans son scénario, il évite la mécanique trop souvent bien huilée des sujets du même type pour nous plonger agréablement dans une situation contemporaine pleine de vie, d’élan et de surprise. Le gros avantage de cette histoire, c’est que chacun peut s’y retrouver à un moment ou à un autre, un sujet dans lequel d’ailleurs toute une génération risque de s’y retrouver aussi.
Dans ce divertissement, il est question de choix, de hasard, de regret, de chance, mais aussi d’amour, de courage face à la vie, de la façon dont on tient à ses rêves, bref de tout ce qui nous rend malade sur le coup et qui nous fait tellement rire quelques années plus tard. Bref, un film où tout le monde trouvera son compte ! Traité exactement comme une comédie anglo-saxonne, Mensonges et trahisons est porté par des comédiens exceptionnels, tout à fait à l’image de ceux qu’on pourrait y voir habituellement. En effet, Edouard Baer (Rien sur Robert, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, Cravate club, Le bison) a le même charme, le même humour, la même spontanéité et la même maladresse qu’un Hugh Grant. La distance qu’il met dans tout, son autodérision et sa façon d’être, correspondent totalement au personnage principal.
Tous les autres sont aussi forts que lui, que ce soit la canadienne Marie-Josée Croze (Ararat, Nothing, Les invasions barbares, Taking lives) qui joue ici sa première comédie en nana fonceuse, Clovis Cornillac (A la petite semaine, Mariées mais pas trop, Malabar princess) passionnant dans son personnage de footballeur superstar hors des clichés habituels, et Alice Taglioni (La bande du drugstore, Le pharmacien de garde, Le cœur des hommes, Broceliande) idéale en wonder woman qui sait ce qu’elle veut. Quoi qu’il en soit, après la crise de la quarantaine (Kennedy et moi, Le cœur des hommes), voici la meilleure représentation de celle à 30 ans, aussi réjouissante et encourageante qu’elle puisse l’être !

C.LB



 
 
 
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