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Chien blanc

Sortie  le  22/05/2024  

De Anaïs Barbeau-Lavalette avec Denis Ménochet, Kacey Rohl, K.C. Collins, Sara Montpetit, Peter Bryant et Jhaleil Swaby


1968 - Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles,
recueillent un chien égaré, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc.
L'écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers.


Voilà une nouvelle adaptation cinématographique du roman éponyme de Romain Gary, après celle intitulée « Dressé pour tuer » de Samuel Fuller, sortie en 1982. Disons-le tout de suite, cette version manque cruellement de beaucoup de choses, autant de rythme (avec pas mal de lenteurs et de silences narratifs) que d’un scénario qui se tienne (on passe du couple en déliquescence, à leurs escapades chacun de son côté en terrain plutôt « hostile » et au chien sur la défensive, le tout entrecoupé d’extraits d’images d’archives). Qu’a bien voulu nous raconter ici la réalisatrice et scénariste québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette (Inch’Allah ; La déesse des mouches à feu), si ce n’est de nous montrer 2 êtres qui se délitent petit à petit face au combat pour l’égalité des afro-américains en Amérique du Nord à la fin des années 60.
Vaste programme qui se perd complètement en route, n’arrivant pas à retenir l’attention du spectateur à force de passer régulièrement d’une situation elliptique à une autre sans une véritable suite logique (là-dessus, il faut rajouter le lecture en voix off de passages du fameux livre de Romain Gary), comme si la cinéaste s’était amusée à proposer une sorte de patchwork scénique façon puzzle, filmé pourtant avec beaucoup de sensibilité et de style très évanescent limite même évaporé. A nous de recoller les morceaux pour y trouver notre compte ! On peut appeler cela du cinéma « engagé » mais la finalité de ce récit se borne à tourner et à suivre au plus près des protagonistes, chien compris, une manière de tenter de capter l’air du temps qui, malheureusement, n’apparaît pas à l’écran, se dissipant dès la scène suivante.
Et le « chien blanc » dans tout cela ? Eh bien, il faut savoir que « ce n’est pas juste un chien », sans doute une métaphore de l’animal qui est en chacun(e) de nous et qui cherche à s’affranchir d’une quelconque condition humaine pour mieux revenir et vivre à l’état sauvage. D’où les images de violence extrême qui viennent ponctuer constamment ce film ! Et sur le (re)dressage de ce canidé raciste aux crocs bien féroces, il n’en est pratiquement pas voire plus question comme s’il y avait eu un désengagement volontaire de la part des différents intervenants, telle une panne d’inspiration en chemin à savoir comment (bien) intervenir convenablement.
A croire que le titre de cette production « à messages », certes ambitieuse mais maladroite et boiteuse, avec des sous-intrigues sans intérêt, n’est qu’un prétexte pour parler d’autre chose, notamment de lutte contre le racisme exacerbé, de douleurs psychologiques sociales et autres complexités familiales – ici inutiles - propres à l’être humain, par exemple lorsqu’il est confronté à un conflit qui le dépasse ou bien qu’il est en quête de liens et de stratégies identitaires. Les plus à plaindre dans cette « aventure », ce sont les 2 acteurs principaux mal exploités : le pourtant excellent Denis Ménochet semble perdu et avoir bien du mal à incarner et personnifier le célèbre écrivain ; quant à la canadienne Kacey Rohl (Le chaperon rouge), elle manque cruellement de pertinence, de charisme – et de ressemblance – en la personne de Jean Seberg, presque « à bout de souffle » pourrait-on dire !

C.LB



 
 
 
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