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Amal, un esprit libre

Sortie  le  17/04/2024  

De Jawad Rhalib avec Lubna Azabal, Fabrizio Rongione, Catherine Salée, Kenza Benboutcha, Ethelle Gonzalez Lardued et Johan Heldenberg


Amal, enseignante dans un lycée à Bruxelles, encourage ses élèves à s’exprimer librement. Avec ses méthodes pédagogiques audacieuses et son enthousiasme, elle va bouleverser leur vie. Jusqu’à en choquer certains. Peu à peu Amal va se sentir harcelée, menacée.

Depuis maintenant quelques années, l’actualité dans nos « chères » écoles fait écho et donc pas mal de résonnance avec des sujets cinématographiques plus ou moins délicats à évoquer voire carrément sensibles à montrer. L’assassinat de Samuel Paty et, dernièrement, les histoires d’altercations, de harcèlements et de violence nous rappellent que les collèges et lycées sont des viviers où peuvent s’entremêler religion, jalousie et haine viscérale des un(e)s envers les autres. Et ce genre de problème n’est pas uniquement l’apanage de nos lieux d’enseignement, il existe un peu partout comme en Belgique que le réalisateur Jawad Rhalib a voulu nous dépeindre ici.
Ce dernier, cinéaste belgo-marocain (Insoumise ; Au temps où les arabes dansaient) connu pour ses documentaires souvent récompensés, a l’habitude d’aborder des thèmes autour des droits de l'homme et du réalisme social Cette fois, il traite de respect d’autrui, de liberté d’expression, de droit d’être soi, de tolérance au sein d’une même classe et à l’extérieur de l’établissement, tout en essayant à ce que les élèves comme les professeurs puissent s’ouvrir au monde afin d’avancer et de « bien vivre ensemble » dans une école publique belge, le tout sur fond d’ouverture d’esprit (critique) avec la crainte de sortir des programmes scolaires, d’humanité bienveillante (réunions et conseils entre enseignants et parents) malgré une foi aveugle et bornée (dans un contexte religieux difficile, celui de l’obscurantisme et de l’influence de la communauté musulmane radicale), de provocation (faut-il se soumettre aux intimidations ?) jusqu’à l’(insécurité (avec pressions, intimidations, persécutions et menaces de mort à l’appui).
Caméra toujours en mouvement qui filme au plus près des différents protagonistes, jeu d’acteurs pour la plupart non-professionnels avec une grosse part d’improvisation dans leurs discours, faits et gestes, Jawad Rhalib nous propose un cinéma vérité, qui s’attaque à un sujet de fond, celui d’arriver à bien faire son métier, celui de professeur - considéré comme le plus beau du monde ! –, dans des conditions qui deviennent de plus en plus pénibles limite déplorables (« il ne faut surtout pas faire de vagues ! »). Il s’est entouré pour cela d’un casting puissant, poignant, inspiré, engagé, investi – notamment à travers le rôle hallucinant et bluffant du prof interprété par Lubna Azabal (Prendre le large ; Tueurs ; Rebel ; Le bleu du caftan ; Pour la France) qui donne toute sa force et son impact à l’histoire ébauchée.
Entre l’idéal d’enseigner et la réalité de donner dans de bonnes conditions des cours à des élèves « qui chahutent », il y a un vrai gouffre. Et c’est tout un pan de nos institutions qui est remis en cause. Face à ce constat, est-ce donc une forme d’échec pour l’école d’aujourd’hui ? C’est à croire aux vues de ce qui se passe dans certains établissements de l’autre côté de nos frontières. Bref, loin des clichés, un film coup de poing, dense, nuancé, intense et fin, certes de fiction mais qui y va franco et qui devrait être d’utilité publique afin de faire bouger une bonne fois pour touts les mentalités !

C.LB



 
 
 
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