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Il reste encore demain

Sortie  le  13/03/2024  

De Paola Cortellisi avec Paola Cortellesi, Valerio Mastandrea, Romana Maggiora, Emanuela Fanelli, Giorgio Colangeli et Vinicio Marchioni


Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes.
Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.


C’est sûr, des films comme ça dit à l’italienne – et en plus tourné à l’ancienne, c’est-à-dire en noir & blanc -, cela faisait longtemps qu’on n’en avait pas vu, au moins depuis celui d’Ettore Scola, Une journée particulière, réalisé en 1977. D’ailleurs, à bien y regarder de plus près, il y a ici beaucoup de similitudes avec ce dernier : outre la période décrite (on est cette fois juste après la seconde guerre mondiale alors que le précédent se déroulait pendant la visite d’Hitler à Mussolini), on assiste à la triste destinée quotidienne d’une épouse, plus bonniche à tout faire voire même « paillasson » qu’autre chose, se soumettant sans rechigner aux multiples tâches ménagères et, parfois, au devoir conjugal (souvenez-vous du rôle ingrat de Sophia Loren dans le long-métrage cité ci-dessus !).
Pour jouer cette femme « en prison », certes bonne mère de famille mais corvéable à souhait, dévolue corps et âme à son mari aussi hypocrite que machiste (« ma patience a des limites ») et à sa progéniture plus ou moins turbulente (sauf sa fille - la ravissante Romana Maggiora - a des petits airs de Vivien Leigh jeune), il fallait tout le sens d’interprétation et de conviction de la présentatrice, humoriste, chanteuse et actrice Paola Cortellesi (Garçons contre filles ; Contes italiens) pour exprimer à l’écran les différents stades par lesquels elle va devoir passer, entre (peu de) joie et (beaucoup de) déprime, tout en se laissant faire et en prenant sur elle malgré tout, A la voir traiter de la sorte, on se demande bien pourquoi elle n’a pas songé à prendre ses clics et ses claques pour déguerpir fissa !
Paola Cortellisi s’est même décidé à passer de l’autre côté de la caméra pour mettre en scène cette comédie plus ou moins sociale et sentimentale, ne sachant jamais s’il fallait accentuer le côté romantico-épanouie et asservie, voire dominée pour ne pas dire opprimée limite tyrannisée de son personnage ou si, au contraire, elle devait rendre cette histoire plus prenante, plus poignante, plus engagée (vous parlez d’une rebelle !) et moins misérabiliste que l’atmosphère édulcorée qu’elle nous dépeint. L’atmosphère qui s’en dégage est d’une gentillesse et d’une douceur à toute épreuve, d’autant plus que les situations, d’une lenteur exacerbée (beaucoup de remplissage pendant presque 2 h) et qui tournent toutes en rond (ne parlons pas des nombreux silences qui plombent parfois l’ambiance !), sont toutes prévisibles.
A quoi bon ces longs plans séquences certes fort esthétiques mais traînants, peu inspirés et sans intérêt narratif, ces « bagarres » chorégraphiées façon danse afin d’atténuer le côté soi-disant violent de la situation, ou bien encore ces rencontres fortuites qui ne font que rallonger le script, notamment celles avec le soldat américain et le garagiste amoureux, qui au final ne font qu’alourdir l’ensemble. Nous aussi, on aspire à plus de fluidité et de liberté cinématographique mais, malheureusement, cette production n’en prend pas vraiment le chemin. Bref, comme on dit, « autre temps, autres mœurs »….

C.LB



 
 
 
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