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Holly

Sortie  le  06/03/2024  

De Fien Troch avec Cathalina Geeraerts, Greet Verstraete, Els Deceukelier et Robbie Cleiren


Holly, 15 ans, appelle son école pour dire qu'elle reste à la maison pour la journée. Peu après, un incendie se déclare à l'école, tuant plusieurs élèves. Suite à la tragédie, Anna, une enseignante, intriguée par Holly et son étrange prémonition, l'invite à rejoindre le groupe de bénévoles qu'elle dirige afin d'aider le reste de la communauté...

N’imaginez surtout pas que vous allez assister à un film ensorcelant, dit effrayant du moins d’horreur, on est très loin de ce style de production ! Ici, nous sommes en présence d’une adolescente introvertie et peu enthousiaste, perçue comme une fille bizarre ou plutôt un peu spéciale par ses camarades de classe (ces derniers lui font des réflexions désobligeantes, la traitant soit de « sorcière » soit de « malédiction »), qui a eu un pressentiment – ce qui l’a d’ailleurs sans (aucun) doute sauvée d’une mort certaine ! – et qui, du jour au lendemain, se retrouve à protéger et à soulager les gens de leurs chagrins en les rendant heureux, comme si elle possédait un don envoyé « du ciel ».
Quoi qu’il en soit, la découverte de cette énergie cathartique ne semble pas la rendre plus épanouie, ni plus extravertie et encore moins plus sociale que cela avec autrui – elle arrive même à en rigoler ! - : non, juste considérée comme un « ange », une sainte, genre de « messie » au féminin, une guérisseuse au touché miraculeux recherchée par tou.te.s ! Il n’en fallait pas plus pour que nous pensions avoir à faire à une « diablesse » ayant pactisé avec le mal, alors que cette fille très réservée n’aspire en réalité qu’à réconforter, à faire le bien autour d’elle et, pourquoi pas en échange, à se faire « rémunérer » pour cela, d’autant qu’à la voir, on lui donne(rait) bel et bien « le bon Dieu » sans confession.
De cette situation on ne peut plus « profitable » puisqu’elle commence à faire commerce de son don de ressentis et de visions auprès de gens vulnérables – ces derniers lui donnent de l’argent de manière spontanée -, elle va petit à petit déraper et partir en vrille, là où la frontière entre l’(entr)aide « désintéressée » et l’abus (de confiance et de « pouvoir ») pécunier s’estompe pour laisser la place à un fardeau qui l’a sanctifié malgré elle. La cinéaste flamande Fien Troch (Kid ; Home) nous offre un 5ème long métrage épuré de toute psychologie et statut dit « divin » pour ne se focaliser principalement que sur la réaction de celles et ceux qui souffrent et qui ont besoin de cette « aptitude » surnaturelle. Et pour cela, elle filme au plus près de son héroïne principale (Cathalina Geeraerts qui a notamment remporté le prix de la meilleure interprétation lors de la 80ème édition de la Mostra de Venise) pour mieux comprendre son cheminement intérieur et sa destinée plus ou moins mouvementée à court terme.
En résumé, une mise en scène sans grande empathie ni gros effet, certes froide, sèche et légèrement alambiquée sur les bords mais néanmoins non-dénuée de réalisme, qui touche là où le mysticisme peut faire des « miracles » sans qu’on en comprenne vraiment le pourquoi du comment, le tout sur fond d’une BO aussi planante qu’évanescente avec en prime une version modernisée de « The power of love » de Frankie Goes To Hollywood !

C.LB



 
 
 
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