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L’homme d’argile

Sortie  le  24/01/2024  

De Anaïs Tellenne avec Emmanuelle Devos, Raphaël Thierry, Mireille Pitot, Marie-Christine Orry et Cesare Capitoni


Avec son oeil borgne, sa carrure imposante et ses presque soixante ans, Raphaël le sait, il fait peur aux gens. Il vit avec sa mère dans un pavillon situé sur le vaste domaine du manoir dont il est le gardien. Depuis que les propriétaires sont morts, il mène une existence tranquille.
Tout bascule la nuit où l’héritière, Garance, revient dans la demeure familiale…


Ce qui frappe dès les premières images du film, c’est le visage – avec une de ces « gueules » ! –, un œil en moins genre cyclope et les mains calleuses de cet homme, une sorte d’ogre aussi doux qu’aimable, impressionnant par son allure massive, pas loin d’ailleurs de celle de la créature de Frankenstein. Il détonne un peu au milieu d’une mère plutôt autoritaire limite acariâtre, et d’une postière allumée, complètement frappadingue côté sexuelle. L’arrivée d’une bourgeoise, propriétaire des lieux et plasticienne on ne peut plus singulière (il faut voir ses tatouages), va bouleverser son petit monde bien réglé, sa petite existence bien réglée, le transformant voire même le métamorphosant en un être disons amoureux, du moins, avec des sentiments qu’il n’avait encore jamais ressenti auparavant.
Comment ne pas penser à « La belle et la bête » version moderne, où le « monstre » se retrouve cloitré, du moins « accaparé » dans la château de la « maitresse », lui le « serviteur » qui va faire office de « mannequin » ou plutôt de « muse » en posant pour elle dans le plus simple appareil. Si on peut trouver des similitudes scénaristiques avec « La belle noiseuse » de Jacques Rivette question art, c’est plus d’argile que de peinture dont il est question ici (d’où le titre de cette production). Entre attachement, rapprochement, subtilité et sensualité, c’est tout un rapport humain très romanesque qui s’installe entre eux, sans équivoque ni l’ombre d’un soi-disant « péril en la demeure ».
Avec peu de dialogues et de musique (la BO est très sporadique), la réalisatrice Anaïs Tellenne installe pour son premier long métrage une ambiance assez particulière, tout en retenue et tout en délicatesse. Mais c’est l’incroyable prestation de Raphaël Thierry (La dégustation ; Poor things ; L’envol) qui marque(ra) les esprits pour longtemps, vampirisant même au passage sa non moins excellente partenaire, Emmanuelle Devos. Une bonne surprise autour d’un sujet « différent » et d’une oeuvre particulièrement bien « charpentée » qui se regarde du côté du "cœur" !




 
 
 
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