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Mon nom est personne

Sortie  le  20/12/2023  

De Tonino Valerii (et Sergio Leone) avec Henry Fonda, Terence Hill, Jean Martin, R.G. Armstrong, Mario Brega et Neil Summers


En 1895, une bande de 150 tueurs, "La Horde sauvage", fait régner la terreur à travers plusieurs Etats. Sullivan, ex-aventurier sans crupule, tueur à gages, chercheur d'or et voleur, propriétaire d'une mine d'or, s'est associé avec la Horde pour écouler l'or volé par les bandits en faisant croire que leur butin provient officiellement de la mine. Il donne en outre l'ordre de faire abattre l'un de ses anciens complices, William Beauregard, le frère du célèbre pistolero Jack Beauregard. Il engage alors Personne, une gâchette particulièrement redoutable.

C’est Sergio Leone qui eut l'idée originale du film, mais par lassitude envers le western, il en confia la réalisation à Tonino Valerii, son assistant et fils spirituel (ce dernier n’a pas vraiment reconnu son travail et son implication sur ce long métrage dont il était le producteur). Il ne put toutefois s'empêcher de tourner certains passages et ça se voit comme le nez au milieu de la figure, de par le style visuel du maître (notamment avec la scène d’ouverture, celle du concours de verres et celle de l’affrontement entre Jack Beauregard et la Horde sauvage), d’autant que le célèbre compositeur Ennio Morricone est de la partie avec une BO magistrale et que les scénaristes présents, Vincenzoni et Donali, sont ses collaborateurs réguliers. Bref, c’est un Tonino Valerii revu et corrigé par Sergio Leone, ce qui ne gâche rien au plaisir de ce western à la fois émouvant et comique, depuis estampillé culte.
Pour fêter ses 50 ans (il est sorti en 1973), on a le droit à une version restaurée 4K en langue originale c’est-à-dire italienne, ce qui peut paraître surprenant - et prêter à sourire dans un western - lorsque Henri Fonda commence à parler dans la langue romane. Qu’importe, les 2 paires d’yeux bleus clairs (ceux d’Henri Fonda, le méchant dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, et ceux de Terence Hill, le héros de la saga parodique à succès Trinita qui réussit même à faire de l’ombre aux propres productions de Sergio Leone) illuminent ce « spaghetti » d’une excellente manufacture où toutes les références et tous les codes léoniens sont respectés à la lettre, avec en prime un gros clin d’œil avec le nom de Sam Peckinpah qui apparaît furtivement (on lui doit entre autres la réalisation de « La horde sauvage », nom donné ici aux bandits auxquels est opposé Jack Beauregard).
C’est d’ailleurs un festival débonnaire auquel nous avons droit, tout en contraste, en provoc et en admiration pour les 2 têtes d’affiche : autant pour le jeune et facétieux Terence Hill qui enchaine avec insolence les duels aux colts et les distributions de paires de baffes en accéléré (au même titre que dans les comédies d’action intitulées Trinita), que pour l’impérial Henri Fonda style vieux routier, lui qui a été le héros de plusieurs classiques du western hollywoodien, un « rescapé » de sa précédente participation avec Sergio Leone (il mourrait sous les balles de Charles Bronson), mais toujours aussi digne, charismatique, sage, malicieux et imposant quelque soit la situation. Sous l’impulsion du premier, ce dernier sera bien obligé - et malgré lui - d’entrer dans l’Histoire avant de partir à la retraite, à force de confrontations plus ou moins mouvementées, le tout sur fond d’un Ouest en pleine mutation ou plutôt, à la fin d’une ère.
Quel plaisir et quel régal de les retrouver dans ce duo de haut vol à travers ce long métrage virtuose aux dialogues fort savoureux, mettant en scène un Far-West sur le point de disparaître, l’un des derniers du genre vu au cinéma !

C.LB



 
 
 
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