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Universal theory

Sortie  le  21/02/2024  

De Timm Kröger avec Jan Bülow, Olivia Ross, Hanns Zischler, Gottfried Breitfuss, Philippe Graber, David Bennent et Ladina von Frisching


1962 : lors d’un congrès de physique dans les Alpes suisses, le jeune Johannes défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais personne n’y croit, pas même son tuteur. Les mystères s'accumulent pourtant : une curieuse formation nuageuse dans le ciel ; la présence fantomatique de Karin, cette jeune pianiste qui l’obsède et semble tout savoir de lui… Et ces personnes victimes d’accidents étranges dans la montagne ? Le réel semble bien fragile en ce lieu.

Ce n’est pas tous les jours qu’on a la possibilité – et surtout la chance – de voir un film d’origine germanique, d’autant plus que son réalisateur, Timm Kröger (The council of birds), s’essaye pour son 2ème long métrage à un thriller d’un style assez peu conventionnel, très énigmatique voire parfois délirant, tout auréolé de mystère et nappé d’images sobres en noir et blanc pratiquement pendant toute sa durée (presque 2h). Il est certain qu’avec une ambiance aussi séduisante et intrigante que celle dépeinte ici devant nos yeux, et des évènements plutôt étranges qui surviennent çà et là sans explication logique apparente (des « trous » dans la réalité), on ne peut que penser à un vibrant hommage, rendu aux productions d’antan, de la belle époque, telles que des références à celles d’Orson Welles (« Citizen Kane »), d’Alfred Hitchcock (« Les enchainés »), de Bob Fosse (« Lenny »), de Sydney Lumet (« Le boulevard du crépuscule »), de Charles Laughton (« La nuit du chasseur ») ou bien encore - et surtout – de l’allemand Fritz Lang (« M. le maudit »).
Outre cet esthétisme à la fois élégant, envoûtant et prenant, l’autre grand attrait de ce long métrage, c’est la BO très enveloppante et omniprésente qui joue un rôle non dénué d’intérêt et non négligeable, pour ne pas dire crucial afin d’installer différentes atmosphères qui règnent tout au long des séquences, comme l’était d’ailleurs les fameuses musiques de films composées notamment par Bernard Herrmann (dans certains des plus célèbres films d’Hitchcock), Jerry Goldsmith (« Chinatown »), Philippe Sarde (« Le locataire ») et ou bien encore Georges Delerue (« Descente aux enfers »). Question décor (l’hôtel) et paysage (celui des montagnes enneigées), ils forment des « personnages » à part entière qui baignent de mélancolie et de secrets l’ensemble de ce polar kafkaïen à la mode nostalgique.
Quant aux acteurs, ils méritent autant d’éloges que le reste, que ce soit Jan Bülow (Le temps des rêves ; Radio heimat ; L’inciseur), Olivia Ross (Je l’aimais ; Personal shopper ; Doubles vies), Hanns Zischler (Amen ; Munich ; Sils Maria), ou bien encore Gottfried Breitfuss (Les amitiés invisibles ; Ma talentueuse Wanda). On passera vite sur la « théorie de fonction d’ondes universelles » qui émaille le scénario pour se focaliser principalement sur cette histoire d’amour obsédante, ces morts inexpliquées, ces hommes inquiétants qui vivent dissimulés dans des tunnels creusés sous la montagne et ces effets de distorsions visuelles qui lorgnent du côté du surnaturel d’un autre âge. Quoi qu’il en soit, on ne reste pas insensible à ces dissimulations énigmatiques comme à ces révélations intrigantes qui émoustillent toujours notre esprit et notre soif d’« extraordinaire » cinématographique.

C.LB



 
 
 
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