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La vénus d'argent

Sortie  le  22/11/2023  

De Héléna Klotz avec Claire Pommet, Niels Schneider, Sofiane Zermani, Anna Mouglalis, Grégoire Colin et Mathieu Amalric


Jeanne a 24 ans. Elle vit dans une caserne en banlieue avec son père gendarme, son petit frère et sa petite sœur. Elle a fait le pari de réussir sa vie dans le monde de la finance. Pas pour la gloire ou le luxe, mais parce que c’est le moyen qu’elle a trouvé pour gagner sa liberté.

« Si à 50 ans, on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie ! », dixit l’ex-président Nicolas Sarkozy en 2009. Cette petite phrase, à l’air pourtant anodine, a du sûrement trotter dans la tête de la réalisatrice Héléna Klotz (L’âge atomique) pour qu’elle imagine ce scénario plein de déterminations affichées, d’ambitions refoulées, d’élévation sociale et d’envie de grandeurs autres que celles qui semblent se profiler à l’horizon pour l’héroïne de cette histoire. Mais pour avoir « les avantages et le statut », il faut parfois recourir à des stratagèmes qui ne correspondent pas toujours à ces valeurs et aspirations premières.
Voler un costume d’homme style de « représentation » pour paraître, avoir remarqué le truc qui cloche avant les autres et prendre la place de celui qui n’a pas vu l’erreur alors qu’elle n’est qu’une simple stagiaire dans une banque d’affaires, bref, devenir une arriviste et naviguer tel un requin dans le milieu de la finance. Voilà l’avenir radieux que vont lui faire miroiter tous ceux et toutes celles qui vont croiser son chemin, au risque de rester sur le carreau après moult promesses à la clé, tenues ou pas.
C’est cet envers du décor que l’on découvre ici à travers les différentes étapes et « épreuves » rencontrées par une jeune fille forte, compétente et pleine de sang-froid, qui a « la science infuse », un peu sur la défensive puisqu’inadaptée mais assez effrontée voire « cash » dans ses « évaluations », au regard plutôt énigmatique, issue de la classe populaire. Au lieu de « trouver un job normal », elle s’escrime à vouloir être « trader » et côtoyer un monde qui n’est pas le sien et qui va plus ou moins profiter de son (in)expérience. Pour jouer ce personnage frondeur, Claire Pommet, chanteuse sous le nom de Pomme, a l’attitude et la détermination correspondante, avec une petite ressemblance avec Sean Young, réplicante dans Blade runner de Ridley Scott, due à sa frange et son côté garçon manqué.
Une belle performance pour une toute première fois à l’écran, au service d’un script taillé sur mesure pour elle, qui devrait aussi la révéler rapidement dans le milieu du cinéma. Quant au reste du casting, rien à redire, il est solide : Anna Mouglalis a la voix de plus en plus grave, et Niels Schneider, toujours ce petit air de belle gueule charismatique, un peu voyou sur les bords, qui va encore en faire craquer plus d’un(e) !

C.LB



 
 
 
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