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Le garçon et le héron

Sortie  le  01/11/2023  

De Hayao Miyazaki avec les voix de Masaki Suda, Takuya Kimura, Kô Shibasaki, Karen Takizawa, Aimyon et Shohei Hino


Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l'entoure et percer les mystères de la vie.

Soyez rassuré, le célèbre réalisateur japonais Hayao Miyazaki n’est pas mort, simplement parti à la retraite tout récemment (normal à 82 ans !), mais sa longue et néanmoins riche filmographie dans le style longs métrages d’animation lui succédera bien après son retrait des studios Ghibli qu’il a cofondé, et son œuvre lui survivra encore très longtemps après sa disparition, tant ses histoires originales pleines d’imagination débridée, ses scénarios à la puissance émotive forte et ses mises en scène d’une grande et belle qualité visuelle, lui confèrent un statut à part, unique et sans égal à ce jour dans le monde très particulier du dessin animé.
C’est à nouveau le cas avec cette nouvelle production qui sort 10 ans après sa précédente création, Le vent se lève, où le « maître » utilise comme à son habitude ses thèmes récurrents dit de prédilection, notamment autour de la famille, de l’écologie, de l’amour, du pacifisme, plus cette fois ceux de l’héritage et de la passation. Là-dessus, rajoutez pas mal de détails bien spécifiques propres à son univers – des vieilles « mamies » avec des grosses têtes à la forme souvent surdimensionnée -, des valeurs morales et sentimentales toujours défendues, des références au plus ou moins glorieux passé de son pays natal (nous sommes ici plongés en pleine seconde guerre mondiale), et des gentils - ou bien méchants - monstres sortis tout droit sorti de son imaginaire particulièrement fertile (un homme-oiseau, des warawara – sorte de petites créatures à l’aspect rond et très mignon, bref, de futures icônes -, des pélicans, un roi perruche et sa clique de soldats ailés, un grand oncle qui a les traits d’un Albert Einstein à la moustache fournie).
Si chaque décor et paysage est merveilleusement reproduit tel de véritables peintures aussi délicates que colorées, on est à la fois quelque peu étonné voire dérouté pour ne pas dire désorienté par le message complexe qui émane du script et qui semble s’adresser plus à un public adulte qu’à celui des enfants (manque de limpidité narrative et multiples lectures à la clé dans beaucoup de situations rencontrées). Un peu déçu par la lenteur comme par la répétition de plusieurs passages, ainsi que de certains sujets déjà abordés précédemment à l’écran par le même auteur.
L’effet de surprise n’étant plus forcément toujours au rdv, d’autant plus qu’on arrive vite à lâcher prise et à se laisser guider dans ce récit initiatique, il reste tout de même beaucoup de « choses étranges (et surnaturelles) » à voir dans ce château abandonné, hanté par des personnages bigarrés limite hors normes, sur fond d’un monde parallèle qui sert en quelque sorte de catalyseur au jeune héros, afin que ce dernier puisse se reconstruire, murir et grandir en parfaite harmonie avec son nouvel environnement « pluriel », à la fois troublant et hypnotique, mi-réel et mi-fantastique, tout entouré de merveilleux. En résumé, encore un pan de la culture nippone qui n’est pas prête de disparaître de sitôt !

C.LB



 
 
 
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