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Magnificat

Sortie  le  14/06/2023  

De Virginie Sauveur avec Karin Viard, François Berléand, Maxime Bergeron, Nicolas Cazalé, Patrick Catalifo et Anaïde Rozam


À la mort d’un prêtre, la chancelière du diocèse découvre abasourdie qu’il s’agissait d’une femme ! Contre l’avis de son évêque qui souhaite étouffer l’affaire, elle mène l’enquête pour comprendre comment et avec quelles complicités une telle imposture a été possible...

La définition du titre du film, Magnificat, est déjà un peu une source d’interrogation voire une petite énigme en soit : ce « cantique de la Vierge Marie » chanté aux vêpres (lors des cérémonies religieuses – essentiellement catholiques - célébrées l’après-midi) n’apparaît nullement à l’écran, si ce n’est à travers l’écoute assez brève d’un disque vinyle pendant seulement une quinzaine de secondes. On n’est pas plus avancé sur ce choix mais, au moins, l’aspect religieux et tout ce que cela comporte comme positions parfois absurdes sont mis en place pour que « l’erreur » prenne une tournure tout autre, mi-dramatique, mi-policière.
En effet, c’est bien à une investigation dite de moralité à laquelle nous sommes conviés ici, celle de découvrir la vérité autour d’une recherche de signalement, à travers l’échange pour ne pas dire l’usurpation d’identité d’un « homme » qui a tout fait pour devenir prêtre alors que c’est une chose qui « lui » est interdit. Ce que l’église catholique et ses nombreuses règles immuables depuis des siècles ne veulent surtout pas entendre, tout cela afin d’éviter un scandale. Et c’est cette chancelière « 50 piges, célibataire » – sous les traits de Karin Viard - qui va prendre les devants en vérifiant elle-même, « en long, en large et en travers », le pourquoi du comment d’une telle « supercherie ».
Dire que ce long métrage, sorte de pamphlet militant contre l’exclusion et les normes sectaires employées par l’église, serait un euphémisme pour ne pas dire une hérésie, d’autant que tout ici est source d’entendement et d’ouverture d’esprit. On parle tour à tour de vocation, de 2ème naissance, de refuge dans la foi, de bonté, d’inspiration pour devenir meilleur, de mettre les choses au clair avec Dieu, bref, de chercher sa voie en ce bas monde. Cette démarche n’est donc pas incompatible avec ce désir bien visé au corps, celui d’avoir la foi, « d’épouser » les préceptes, dogmes et autres recommandations de la religion en étant ordonné prêtre (les femmes peuvent aujourd’hui devenir diacres, c’est-à-dire servir le prêtre ou l’évêque à l’autel, et même proclamer l’évangile).
On doit ce petit bijou cinématographique pour le moins intriguant, tout en originalité, en subtilité et en nuance, à une jeune première cinéaste côté version longue - Virginie Sauveur (quel nom prédestiné !) –, réalisatrice et scénariste de son état dans des téléfilms et courts métrages, qui s’est inspirée du roman du même nom pour dépeindre les tumultes engendrés par de telles découvertes et révélations. On peut la remercier d’avoir également su parfaitement diriger l’actrice principale en gommant tous ses « tics » (et tocs) habituels, révélant ainsi chez elle une direction hors pair et un savoir-faire hors norme. En résumé, une production pleine de finesse, à la fois intelligente, romanesque, piquante et délicate, qui aborde plusieurs questions : à hautement et chaudement recommander en ces temps d’abandon spirituel !

C.LB



 
 
 
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