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El agua

Sortie  le  01/03/2023  

De Elena Lopez Riera avec Luna Pamies, Barbara Lennie, Niève de Medina, Alberto Omo, Irène Pellicer, Nayara Garcia et Lidia Maria


C'est l'été dans un petit village du sud-est espagnol. Une tempête menace de faire déborder à nouveau la rivière qui le traverse. Une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l'eau en elles ». Une bande de jeunes essaie de survivre à la lassitude de l’été, ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique, Ana et José vivent une histoire d'amour, jusqu'à ce que la tempête éclate...

Il faut savoir que l’eau (« el agua » en espagnol) est le thème, le vecteur sur lequel tout le film repose. Il est au centre de quasiment toutes les discussions, de presque tous les plans, bref, il n’y a pas une image ni une parole qui n’est pas un lien direct avec du liquide, que ce soit visuel (une rivière qui coule, un bassin aquatique où se baigner, une exploitation agricole que l’on arrose, la pluie diluvienne qui tombe…) ou bien alors narratif (des récits façon témoignages autour de femmes disparues, sans doute emportées – pour ne pas dire avalées - par les crues successives dans cette région hispanique sèche, et racontées par plusieurs dames d’un certain âge le plus souvent face caméra, où il est question d’ « eau à l’intérieur » - de soi, de « veillée de l’eau » à l’église…).
Pour essayer de donner corps à ces légendes, ces superstitions « ancestrales », ces « convictions » bien ancrées dans les mentalités et autres pensées dites traditionnelles, la réalisatrice espagnole Elena Lopez Riera (Pueblo, Las visceras et Los que desean : que 3 courts métrages à son actif) a collé ici une rencontre amoureuse entre 2 jeunes qui s’abrutissent de bruit (des raves techno en plein air), de cigarettes (ça fume à longueur de temps, voire à tout bout de champs) et de dialogues (entre occupations sentimentales, ennuis persistants et rêves d’avenir). On suit leurs faits et gestes au quotidien en attendant que quelque chose se passe, comme un gros orage qui gronde à seulement 5 minutes de la fin.
D’un drame latent, il n’en est rien ou alors si peu (la romanesque héroïne va-t-elle disparaître ou non ?). Seuls les rapports générationnels et fusionnels entre 3 femmes soi-disant « maudites » – la grand-mère (Nieve de Medina, présente dans Les lundis au soleil) un peu sorcière sur les bords, la mère (Bárbara Lennie, vue dans La piel que habito, Everybody knows, et Petra) en pleine nouvelle relation, et la fille exaltée en quête d’indépendance – pouvaient faire espérer un recentrage sur des échanges intéressants, du moins, sur des confrontations plus ou moins mordantes et pourquoi pas piquantes.
Quoi qu’il en soit, on attend que « jeunesse se fasse » en milieu rural (l’histoire se déroule dans une petite ville de province du sud où la terre est un ancrage très fort), avec l’espoir que cette peur de nappe ou de flot ne devienne pas « source » frustrante et dévastatrice de grosse prise de tête !

C.LB



 
 
 
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