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Holodomor, la grande famine ukrainienne

Sortie  le  01/03/2023  

De George Mendeluk avec Max Irons, Samantha Barks, Terence Stamp, Barry Pepper, Aneurin Barnard et Lucy Brown


Une évocation de la période dite de l'Holodomor, la grande famine qui a eu lieu en Ukraine en 1932 et 1933 et qui a fait plusieurs millions de morts.
La vie d'un jeune homme est changée à jamais quand l'armée de Staline envahit l'Ukraine lors de cette période.


En des temps pas si éloignés que cela, on appelait l’Ukraine, le grenier à blé de l’Europe, bien avant que le régime du mal, à travers un « plan » famine intentionnel mis en place par Lénine et appliqué par Staline sans aucune pitié, ne s’abatte sur ce grand pays et y règne en maître. On a beau se dire que ce film a été tourné en 2017, c’est-à-dire après 2014 (à l’époque du rattachement de la République de Crimée à la fédération de Russie) et bien avant les évènements hostiles russes survenus en Ukraine il y a maintenant bientôt un an (le 24/02/22), il n’en est pas moins prémonitoire à bien des égards, aux vues de la situation actuel où des centaines de milliers d’habitants vivent dans la crainte, le froid, la misère, la peur et la terreur. Comme quoi, on n’en retire aucune leçon : l’Histoire, même révélée sur le tard (seulement qu’en 1991), se répète invariablement et malgré tout ce qu’elle est capable d’offrir de plus terrible, de plus ignoble, de plus cruel et de plus atroce !
Quoi qu’il en soit, cette production tente d’évoquer ce qui s’est réellement passé là-bas, il y a maintenant 90 ans, à travers la destinée de plusieurs personnages pris dans l’étau bolchévique, évitant d’adhérer coûte que coûte au système soviétique intraitable, au prix de sacrifices et d’actes de bravoure. Un tel scénario se devait d’être réalisé avec le panache, l’élan et la virtuosité d’un metteur en scène inspiré - George Mendeluk (il travaille pour le grand et le petit écran) -, porté par cette fresque à la base ô combien ambitieuse. Sans doute trop grande ou alors trop lourde pour lui à mettre en scène dignement à l’écran, il en résulte un bon téléfilm avec des belles images académiques, de beaux paysages tels des tableaux peints, noyé autour d’une BO omniprésente et pleine d’envolées instrumentales, le tout servi par un casting aux expressions soulignées façon assez théâtrales. Leurs prestations oscillent entre joie et larmes, (sou)rires et drame, insouciance voire innocence et armes.
Plus idyllique, plus romancé pour ne pas dire plus romantique, y a pas ou bien alors, il y a bien longtemps, dans la lignée de ces fameux longs métrages ampoulés qui dégoulinaient de bons sentiments et de belles valeurs. Bref, des films comme celui-là, on en fait plus ! On pourrait essayer très vaguement de se rapprocher du sublime Docteur Jivago mais s’il en a en très infime partie le fond, il n’en a pas du tout la forme, loin de là ! D’autant que rien n’a été laissé au hasard ici, ni les méchants très méchants et les gentils bien gentils (le rôle principal est tenu par Max Irons, le fils de Jeremy Irons), ni les phrases toutes faites et répétées (« personne ne peut te retirer ta liberté »), ni les retournements de situations inopinés et autres réactions humaines incroyables (l’artiste peintre devient tout un coup un redoutable guerrier), ni les symboles redondants (entre reliques et icônes), et encore moins les prouesses physiques impensables pour certains (Terence Stamp, quasiment 80 ans au moment du tournage, jouant dans un second rôle un cosaque « acrobate », drôlement souple pour son âge).
En résumé, c’est presque trop « beau » pour donner l’impression que ça s’est vraiment déroulé ainsi – avec pourtant à la clé, l’un des pires crimes du communisme, celui d’un génocide comptant entre 3 à 5 millions de victimes tout de même ! - et c’est sans doute pour cette raison que le film/biopic L’ombre de Staline, tourné en 2019 et qui possède une trame assez similaire, avait eu une portée disons plus sensible, plus « réaliste », même si ce dernier « témoignage », autour d’un sujet aussi difficile à traiter, manquait cruellement d’informations rigoureuses et d’enjeux tangibles à donner aux spectateurs peu renseignés sur les faits avérés.

*A ce sujet, le Grand Prix Documentaire national vient tout juste d’être décerné à Moissons sanglantes – 1933, La famine en Ukraine de Guillaume Ribot (France) au FIPADOC 2023.

C.LB



 
 
 
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