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La guerre des Lulus (sur Canal + Box office)

Sortie  le  14/01/2024  

De Yann Samuell avec Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens, Alex Lutz, Ahmed Sylla et Luc Schiltz


À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, quatre amis inséparables, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’Abbé Turpin…Lorsque l’orphelinat de l’Abbaye de Valencourt est évacué en urgence, les Lulus manquent à l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse, le « pays jamais en guerre »...Les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés !

Le titre plutôt évocateur pourrait aisément nous faire un peu penser à La guerre des boutons sauf que, en ce qui concerne la période dépeinte dans le livre écrit par Louis Pergaud, l’histoire a été publiée en 1912. On pourrait également croire que nous sommes plongés juste après la Seconde Guerre mondiale comme dans le film Les choristes qui lui se déroulait en 1949, excepté que c’est bien de la Première dont il s’agit ici et sans ambigüité possible, uniformes et tranchées l’attestant. Fort est de constater que quelque soit l’époque représentée, elle porte toujours son lot de situations aussi mélodramatiques que comiques, assez souvent clichés lorsqu’il s’agit de représenter des enfants dit « en goguette » plus ou moins malgré eux !
« Ce n’est pas un conte de fées, c’est la guerre ! ». Là-dessus, on l’aura compris, ces jeunes « laissés pour contre » - des orphelins évidemment ! - vont devoir se débrouiller tant bien que mal en s’unissant avec, pour chacun(e), une spécificité bien particulière déjà maintes fois vues dans d’autres productions du même acabit. Il y a donc là le grand (une sorte de Lebrac si vous voyez ce que je veux dire !), le gros, l’intello et le petit (un vrai P’tit Gibus en puissance !). Leur chevelure impeccable à tou.te.s et en toute circonstance nous laisse à croire que le budget coiffure a du être conséquent et que les responsables de ce métier étaient sur le qui-vive pour chaque plan tourné avec eux. Ils ont beau être entourés de grandes personnes durant leur périple soi-disant « mouvementé », ils leurs portent la poisse pour ne pas dire ils leurs arrivent malheur à cause d’eux, les obligeant soit à s’en aller, soit à se faire arrêter, soit à se faire tirer dessus quasiment à tous les coups. Toutefois, ils seraient parfaits s’ils n’en faisaient pas un peu trop, appuyant chaque scène d’une expression sérieuse ou d’une réflexion existentielle voire philosophique plus adulte que correspondant vraiment à leur âge.
Cette adaptation au cinéma, tirée d’une bande dessinée éponyme écrite par Régis Hautière et éditée chez Casterman depuis 2013, ne tient pas toutes ses promesses si ce n’est celle de plaire aux plus jeunes. La mise en scène est d’un classicisme exacerbé, la guerre a tendance à passer au second rang tel un prétexte narratif pour laisser sa place à des séquences de facilité scénaristique ainsi que d’ « émotions » attendues, sans oublier le casting adulte peu crédible (Isabelle Carré en « sorcière », Didier Bourdon en une espèce d’ogre, François Damiens en curé, et Alex Lutz en prof). Tout ce beau monde n’arrive pas à convaincre malgré une réalisation stylisée (Yann Samuell nous a déjà offert des longs métrages ciblés pour un public familial comme La guerre des boutons – version 2011, L’âge de raison, et Fantômes & Cie), une reconstitution léchée et des effets spéciaux légers.
On sourira aux quelques clins d’œil « empruntés » à d’autres films tels que les 2 motards pourchassant un camion (La grande vadrouille) ou la locomotive à charbon, ici en version réduite (Le train). Bref, cette production devait en théorie nous tenir en haleine mais, en pratique, elle se limite à enquiller des saynètes d’un optimisme exacerbé, bien loin des réalités - et parfois des horreurs - de la guerre.

C.LB



 
 
 
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