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Ce plaisir qu’on dit charnel

Sortie  le  20/07/2022  

De Mike Nichols avec Jack Nicholson, Arthur Garfunkel Candice Bergen, Ann-Margret, Rita Moreno et Cynthia O’Neal


Deux amis - Jonathan et Sandy, la quarantaine - se connaissent depuis la faculté. Ils ont traversé l'épreuve du Vietnam et vécu les années Kennedy. Jonathan est devenu un fiscaliste renommé, tandis que Sandy est médecin. Ce dernier s'est marié jeune avec la belle et intelligente Susan ; ils ont eu des enfants. Déçu, il abandonne son couple au profit de liaisons sans lendemain. Jonathan, un instant accroché par Susan (ce que ne sait pas Jonathan) puis par Bobbie, est parti voir ailleurs, multipliant les conquêtes, de plus en plus insatisfait et inquiet. Tous deux sont, vingt ans après, dans une impasse, et se demandent quel aurait été le bon choix.

Le plaisir de (re)voir Jack Nicholson au cinéma ne se refuse pas, même si le film, une comédie douce-amère dans lequel il joue un coureur de jupons invétéré, date un peu (sortie en 1972). Déjà son sourire carnassier, son regard coquin, ses sautes d’humeur et son air sarcastique comme s’il se foutait de tout se doivent d’être vu et revu encore une fois, bien avant qu’il n’interprète des rôles beaucoup plus marquants voire devenu mémorables pour certains comme dans Chinatown, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Shining, Le facteur sonne toujours deux fois, Reds, L’honneur des Prizzi, sans oublier le joker dans Batman (de Tim Burton). D’ailleurs, l’écouter parler des femmes ici, à la fois sexiste, macho et injurieux, est un « plaisir » qu’il ne faut en aucun cas ignorer.
Ce qui ne l’empêche nullement d’être très bien entouré par un casting de premier choix, en l’occurrence Candice Bergen (Merci d’avoir été ma femme ; Riches et célèbres ; Gandhi), et Ann-Margret qui fut nommée aux Oscars pour ce rôle (Le kid de Cincinnati ; Tommy ; Joseph Andrews). Si elles ne manquent vraiment pas de charme, elles sont dépeintes d’une manière un peu désuète et naïve, donnant une image surannée de la femme peu émancipée qui a bien changé aujourd’hui. Côté masculin, c’est Art Garfunkel (oui, le fameux chanteur du célèbre duo Simon et Garfunkel !) qui sert de confident aux frasques amoureuses de chacun des 2 compères, interprétant un (faux ?) timide adepte notamment du baiser et du pelotage.
Cette adaptation d’une pièce de théâtre est l’œuvre du regretté réalisateur américain Mike Nichols (Qui a peur de Virginia Woolf ?; Le lauréat ; Le mystère Silkwood ; Biloxi blues ; A propos d’Henry) qui, pour son 4ème film, narre ce que les hommes pensent du sexe opposé, presque crûment parfois, avec les hauts et les bas qui vont jalonner leur quête et approche amoureuse, celle de 2 amis anciens copains de fac dans les années 50 devenus adultes, en plein âge mûr et faisant le bilan de leur vie respective vers les années 70. On les retrouve à 3 périodes bien distinctes de leur existence, tour à tour rêveurs, engagés, salauds, misérables, n’omettant ni l’un ni l’autre d’analyser et de tout se raconter de leurs différentes relations.
Certes, l’ensemble a prit un petit coup de vieux – normal ! - mais la compagnie de ses bons acteurs/actrices bouleversant(e)s en plein bavardage dégage un parfum vintage fort délicieux, légèrement pimenté voire acerbe et même osé, qui prouve qu’on savait déjà à cette époque-là parler au cinéma d’amour comme de haine, de libertinage comme de psychologie sans se voiler la face ni ignorer le sujet en l’édulcorant : bref, une bonne occasion de se (re)mettre un peu à la page époque nouvelle vague, et au goût du jour, celle d’une période pas si révolue que cela !

C.LB

*Sortie le même jour d’un autre film de Mike Nichols : « Le jour du dauphin » avec George C.Scott, Trish Van Devere, Paul Sorvino, Buck Henry, Elizabeth Wilson et Edward Hermann



 
 
 
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