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Pour un garçon (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  09/02/2024  

De Chris et Paul Weitz avec Hugh Grant, Toni Collette, Rachel Weisz et Nicholas Hoult


Will Freeman est un trentenaire londonien et un célibataire endurci. Vivant allégrement grâce aux droits d’auteur qu’il perçoit des œuvres de son père, il s’invente un fils pour draguer des mères célibataires. Un jour, il fait la connaissance de Marcus, un garçon de 12 ans, fils de Fiona, une thérapeute, et tête de turc de l’école. Will et Marcus deviennent amis, et pendant que Will apprend à Marcus l’art d’être cool, Marcus apprend à Will l’art d’être…adulte.

Quand un succès cinématographique anglais vient de rafler la mise, on est à peu près sûr de retrouver quelque temps après un certain nombre de similitudes et de ressemblances dans la réalisation d’un nouveau film, notamment sur le sujet choisi, les acteurs sélectionnés et l’ambiance dépeinte. Autrement dit, une suite quelque peu déguisée, pratiquement identique à la production précédente aussi bien dans son contexte que dans ses dialogues. C’est sans doute pour cette raison que Pour un garçon a été un très grand succès outre-Manche, juste après le succès du Journal de Bridget Jones. Souvenez-vous, cette histoire autour d’une relation femme/homme se déroulait à Londres et était interprété entre autre par Hugh Grant ! Eh bien, Pour un garçon est joué par le même acteur et dans le même lieu, le scénario posant plutôt un regard inverse, cette fois-ci sur la relation homme/femme. Bien sûr, vous me direz qu’ici, nous sommes en présence de l’adaptation d’un des best-sellers de Nick Hornby (son 3ème roman de nouveau porté à l’écran après Carton jaune et Haute fidélité) qui n’a rien à voir avec celle qui a écrit Bridget Jones.
Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher de comparer ses 2 univers très réciproques. Quoi qu’il en soit, si vous aimez l’ambiance, l’humour, le cynisme et les acteurs typiquement anglais, alors vous adorerez ce film. Loin du côté social, si cher à beaucoup de réalisateurs comme Mike Leigh et Ken Loach, nous voici en présence d’une représentation assez comique de l’adulte/enfant et de l’enfant/adulte dans un environnement sophistiqué, plutôt aisé en ce qui concerne l’adulte. Dans ce milieu confortable qui masque assurément un vide émotionnel, on découvre les rapports de 2 êtres humains totalement à contre-courant. En effet, d’un côté, nous avons un célibataire de 38 ans un tant soit peu superficiel, glandeur pas très ambitieux et pas porté sur l’auto-analyse, allergique à tout engagement sentimental et dragueur invétéré qui passe son temps à courir après toutes les bonnes occasions pour rencontrer de nouvelles conquêtes féminines, entre autre des mères célibataires. De l’autre, un garçon timide de 12 ans, souffre-douleur de toute son école à cause de sa différence de comportement et son non-conformisme, pourtant plein d’intuition et de cran mais élevé par une mère pour le moins spéciale, idéaliste et suicidaire. Ils sont tous les 2 entêtés dans leur choix de vie. Comment vont-ils arriver à se rapprocher, à s’entendre et à s’aider mutuellement ?
A partir de là, les 2 réalisateurs, Paul et Chris Weitz (American pie, Les pieds sur terre), se sont amusés à baigner cette drôle de rencontre et cet improbable amitié dans une atmosphère pleine d’imprévus et dans un esprit décontracté et humoristique, assez proche de ceux des films Coup de foudre à Notting Hill, et 4 mariages et un enterrement. Si cette mise en scène a été confiée à 2 cinéastes américains, cela ne lui enlève en aucune manière un véritable et authentique esprit britannique. Dans cette confrontation qui met en exergue autant des faiblesses humaines fort amusantes que des conduites adoptées souvent dérangeantes, on découvre différents personnages, certains jeunes et d’autres pas, tous finalement d’une grande profondeur émotionnelle, fondée en grande partie sur des éléments de tristesse. A travers eux, le film aborde aussi bien les thèmes de la solitude, de la peur de l’engagement, de la famille que de l’amour, le tout dans un savant cocktail d’humour et de drame.
Si cette comédie contemporaine à l’anglaise, charmante et fascinante, fonctionne aussi bien, c’est que les évènements, les séquences et les dialogues sont incroyablement justes, vrais, évidents et naturels. Qui n’a jamais été confronté aux interrogations audacieuses d’un enfant, aux multiples questions vérités d’une femme et aux maigres réponses parfois vaseuses d’un homme ? Il faut remarquer que l’humour est ici plus spirituel que purement visuel, plus subtil que bon nombre de comédies du même genre. De plus, le fait de retrouver Hugh Grant (déjà présent dans les 3 productions citées auparavant) dans ce style de rôle sérieux qui lui va d’ailleurs comme un gant (même s’il n’est pas ici tout à fait le jeune premier romantique que l’on connaît), est un gage de surprise, de crédibilité comme de réussite. Quant au jeune garçon, Nicholas Hoult, il a beau avoir une présence insolite et une part de bizarrerie, il ne possède pas moins un charisme fou, une honnêteté toute naturelle et une maladresse touchante qui font que nous l’adoptons tout de suite. Il ne faudra pas attendre très longtemps pour se rendre compte que ce film deviendra, également chez nous, le nouveau succès du moment !

C.LB



 
 
 
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