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La légende du roi crabe

Sortie  le  23/02/2022  

De Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis avec Bruno di Giovanni, Claudio Castori, Domenico Chiozzi, Ercole Colnago, Gabriele Silli et Maria Alexandra Lungu


De nos jours, dans la campagne italienne, de vieux chasseurs se remémorent la légende de Luciano.
Ivrogne errant dans un village isolé de Tuscie, Luciano s’oppose sans relâche à la tyrannie du Prince de la province. La rivalité grandissante entre les deux hommes, alimentée par les passions et la jalousie, pousse Luciano à commettre l’irréparable.
Contraint à l’exil dans la lointaine Terre de Feu, à l’extrême sud de l’Argentine, l’infortuné criminel, entouré de chercheurs d’or cupides, se met en quête d’un mystérieux trésor enfoui qui pourrait bien être sa seule voie vers la rédemption. Mais sur ces terres arides, seules l’avidité et la folie prévalent.


La première chose qui frappe en voyant les personnages évolués devant nos yeux, c’est cette rudesse sur leurs visages « frottés » par le vent ou les embruns, un peu comme du papier froissé ou bien mâché, des « gueules » rougeaudes, peut-être celles de paysans traditionnels burinées et marquées par leurs dures besognes. Les voir jouer le plus simplement du monde devant la caméra, tels des amateurs en goguette, donne au film cet aspect certes nature mais âpre, dur et violent, tourné dans un coin paumé sans (aucun) doute reculé de l’Italie, là où un touriste n’aurait pas forcément l’idée d’aller y jeter un coup d’œil.
Et parmi tout ce beau petit monde bien « rural », on découvre la performance de l’acteur principal, Bruno di Giovanni, dans le rôle d’un grand échalas à la barbe fournie et au regard halluciné (la folie semble le gagner peu à peu), interprétant un fils alcoolique et rebelle, celui du docteur d’un petit village perdu. Suite à un incendie qu’il a provoqué mais sans savoir qu’il avait causé la mort de quelqu’un, il doit s’extrader tel un infortuné émigrant au fin fond ou, plutôt, au « trou du cul » du monde, tout en bas de l’Argentine. D’où des décors et des paysages d’une rare beauté, d’ailleurs tous aussi arides que les différents faciès présents à l’écran.
On se laisse doucement mais sûrement porté par les escapades d’abord bucoliques puis un peu plus tendues de ce « héros » en quête de salut, sur une île soi-disant pourvue d’un trésor et convoitée par des brigands de la pire espèce. On apprécie cette peinture quelque peu « impressionniste » et bien rugueuse comme une réalisation d’un autre temps, élaborée à partir de plans certes simples, posés et épurés, mais réfléchis, très méticuleux et fort esthétisants. L’ensemble, assez lent, est comme récité de façon assez théâtrale, le tout entrecoupé de vieux airs folkloriques chantés a capella. Bref, une sorte de retour en arrière magnifiquement orchestré par le duo de réalisateurs italo-américains Alessio de Righi et Matteo Zoppis, que n’aurait sûrement pas boudé bon nombre de leurs confrères cinéastes et, pourquoi pas, concitoyens par exemple…

C.LB



 
 
 
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