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House of Gucci (sur Canal + Décalé)

Sortie  le  03/06/2022  

De Ridley Scott avec Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto, Jeremy Irons, Al Pacino, Jack Huston, Salma Hayek et Camille Cottin (sur Canal + Décalé les 03, 08 et 10/06)


Gucci est une marque reconnue et admirée dans le monde entier. Elle a été créée par Guccio Gucci qui a ouvert sa première boutique d’articles de cuir de luxe à Florence il y a exactement un siècle.
À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque. Le groupe est dirigé par les deux fils du fondateur – Aldo, personnage rusé et haut en couleur, et son frère Rodolfo, beaucoup plus froid et traditionnel.
Pugnace, Aldo n’a pas la moindre intention de céder le contrôle de l’empire à qui que ce soit – et certainement pas à son fils Paolo, garçon fantaisiste qui aspire à devenir styliste. Quant à Maurizio, fils timide et surprotégé de Rodolfo, il a davantage envie d’étudier le droit que de diriger un groupe de luxe mondialisé.
C’est alors que Maurizio tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Lorsque Aldo se découvre des affinités avec Patrizia, il réussit, avec l’aide de la jeune femme, à convaincre son neveu de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier. Ce qui ne manque pas de nourrir la rancoeur de Paolo, dont le talent n’est pas à la hauteur de ses rêves artistiques…


Ce n’est pas toujours les plus pauvres ou bien les plus démunis à qui il arrive les plus grands malheurs ! Jugez-en par vous-même à travers ce biopic tragique autour de la véritable histoire d’une riche famille milanaise qui possédait, dans les années 70 & 80, l’une des marques de luxe les plus prestigieuses au monde ! Mais quand les futurs héritiers commencèrent à vouloir s’émanciper de leurs aînés et n’en faire qu’à leur tête, cela a débouché sur de gros problèmes internes et déclenché en son sein bien des conflits, voire même pire.
Il n’en fallait pas plus pour que le talentueux réalisateur Ridley Scott (16 films au compteur en 20 ans) adapte au cinéma le livre de Sara Gay Forden, La saga Gucci, sorti en 2001. Déjà coutumier de grandes – et lentes – fresques aussi passionnelles que dramatiques (« Tout l’argent du monde » sur la fratrie Getty), il retrace cette fois le parcours des Gucci, de ces frères et pères ainsi que de ces oncles, cousins et épouses essayant de préserver leurs intérêts (« les actes ont des conséquences ») comme de gérer au mieux leurs profits (« marque d’opérette, Gucci doit se renouveler »), le tout sur fond de convoitise et d’héritage jusqu’à l’irréparable, le crime. Et en pareil cas, c’est à celui ou celle qui saura mettre le grappin sur le « magot ».
« Gucci, cet univers impitoyable… », pourrait-être tout à fait de mise ici – similaire à la célèbre série télévisée - si ce scénario ne s’étirait en longueur (2h37), en peu de profondeur d’esprit (beaucoup de banalités verbales) et en beaucoup de transition narrative (on saute des périodes pour mieux s’étirer sur d’autres). S’il est forcément question de richesse, de style et de pouvoir, la mise en scène se borne maladroitement à en dessiner seulement les contours sans y mettre plus de nuance et de subtilité, comme si le maître mot avait été de rester superficiel, un point, c’est tout. C’est bel et bien à ce prix que le film existe.
On ne peut pas en dire autant du casting qui complète ce tableau narratif pas toujours reluisant : les noms des acteurs et actrices au générique en sont d’ailleurs une preuve flagrante. Pensez donc, Lady Gaga en traîtresse ambitieuse (« les yeux et les oreilles »), Adam Driver en gentil et réservé mais orgueilleux époux, Jared Leto en cousin azimuté, Jeremy Irons en père guindé un tant soit peu psychorigide sur les bords, Al Pacino en tonton Aldo roi de la fraude à l’évasion fiscale, Jack Huston en avocat inspiré, Salma Hayek en diseuse de bonnes aventures et Camille Cottin en compagne de la Haute. Bref, un nid de crabes perdus et un parterre d’égos surdimensionnés, incapables de renouer sainement avec la dynastie.
Comment dans ce cas-là ne pas voir une malédiction s’abattre sur eux comme la peste sur le bas clergé ? Pas un(e) n’y échappera, au point de se demander s’ils n’ont pas fait exprès de chercher les problèmes comme les embrouilles à plus grande échelle ! Quoi qu’il en soit, une bonne demi-heure de moins n’aurait fait aucun mal à ce script on ne peut plus classique, fort heureusement rehaussé par une BO fort entraînante (George Michael ; Eurythmics ; Blondie ; David Bowie ; Marc Cerrone, plus du disco tel que Donna Summer et consorts…

C.LB



 
 
 
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