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Rouge (sur Canal + Décalé)

Sortie  le  30/04/2022  

De Farid Bentoumi avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olivier Gourmet, Thierry Rousset, Henri-Noël Tabary et Alka Balbir (sur Canal + Décalé les 30/04 + 05/05)


Nour vient d’être embauchée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical et pivot de l’entreprise depuis toujours.
Alors que l’usine est en plein contrôle sanitaire, une journaliste mène l’enquête sur la gestion des déchets. Les deux jeunes femmes vont peu à peu découvrir que cette usine, pilier de l’économie locale, cache bien des secrets.
Entre mensonges sur les rejets polluants, dossiers médicaux trafiqués ou accidents dissimulés, Nour va devoir choisir : se taire ou trahir son père pour faire éclater la vérité.


L’éternel dilemme entre sauvegarder des emplois dans une région économique où une grande partie des habitants dépende de son usine locale – ici, de chimie lourde -, et sauver des vies, celles des employés de cette entreprise polluante qui fait néanmoins travailler beaucoup de personnes aux alentours ! On avait découvert ce genre de films plus ou moins social voire même politique, basé le plus souvent sur des faits réels avérés et dénoncés, à travers des productions notamment américaines telles qu’Erin Brockovich et dernièrement Dark waters. Cette fois, ça se passe en France mais le fond du problème reste identique, entre autre celui de ces sociétés « voyous » qui déversent leurs déchets – souvent toxiques – dans la nature en se fichant complètement de l’environnement et des répercussions sanitaires sur ses salariés et sur le reste de la population avoisinante.
Comme Julia Roberts, c’est une jeune femme, interprétée par la très expressive Zita Hanrot (vue par exemple dans Eden, Fatima, La fête est finie, Carnivores, et Paul Sanchez est revenu), qui va dénoncer les malversations d’une firme dirigée par un patron aux pratiques douteuses et complice avec les « politiques », et autres méfaits engendrés par ces rejets sur ses ouvriers, malades ou bien rarement déclarés lorsque un accident survient, de peur de « saboter leur travail ». Cette dernière va jouer l’infirmière justicière, autant comme « lanceuse d’alerte » que par « excès de zèle », au point de mettre dans l’embarras toute sa famille dont son père, sous les traits du poignant Sami Bouajila). Sans oublier la présence convenue d’une journaliste – c’est Céline Sallette qui s’y colle avec conviction pourtant -, histoire de provoquer un « scandale d’état » en perspective.
Sans effet particulier pour nous en mettre plein la vue, ni surcharge narrative quelque peu pompeuse sur les bords, ce drame profond et pertinent se laisse regarder agréablement, laissant le spectateur s’impliquer, seul juge de ce qu’il voit tout en sachant comment cela va finir. Le réalisateur Farid Bentoumi (Good luck Algéria) s’applique à suivre l’évolution des faits sans toutefois y apporter un part de surprise ou alors de suspense, se focalisant beaucoup plus sur l’ambiance dégagée (cadrages serrés au plus près des acteurs) et la lumière soulignée (photo parfaitement maîtrisée). Bref, un long-métrage aussi soigné qu’engagé qui passe aisément son « contrôle de formalité comme celui de qualité »…

C.LB



 
 
 
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