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The nest (sur Canal +)

Sortie  le  14/01/2021  

De Sean Durkin avec Jude Law, Carrie Coon, Charlie Shotwell, Oona Roche, Adeel Akhtar et Michael Culkin


Dans les années 1980, Rory, un ancien courtier devenu un ambitieux entrepreneur, convainc Allison, son épouse américaine, et leurs deux enfants de quitter le confort d’une banlieue cossue des États-Unis pour s’installer en Angleterre, son pays de naissance. Persuadé d’y faire fortune, Rory loue un vieux manoir en pleine campagne où sa femme pourra continuer à monter à cheval. Mais l’espoir d’un lucratif nouveau départ s’évanouit rapidement et l’isolement fissure peu à peu l’équilibre familial.

Grand Prix du Jury, Prix de la Critique et Prix de la Révélation lors de la 46ème édition du festival du cinéma américain de Deauville, ce film a reçu tous les honneurs qui lui était dû à travers une fresque assez juste et fort révélatrice des comportements et autres agissements plutôt « irresponsables » d’un père de famille vis-à-vis du reste de sa fratrie. Porté par un Jude Law au meilleur de sa forme en vendeur d’actions frustré, affabulateur et « éreintant », et une Carrie Coon (Gone girl ; Pentagon papers ; Avengers – infinity war ; Les veuves) très inspirée en épouse tendue, dépassée et « gênante », ce drame social démontre comment une personne idéaliste, saine de corps et d’esprit « en apparence », persuadée de sa bonne fortune et prompt à prendre des risques disons « inconsidérés » lorsque une opportunité se présente, est capable de plonger tous les siens comme lui-même dans une spirale infernale voire irréversible.
Si tous les signes de richesse limite d’opulence parfois s’étalent au grand jour, au fur et à mesure de l’histoire (une « trop » grande maison dans le Surrey, une Mercedes, une Range Rover, un cheval, ainsi qu’une femme sublime à la garde-robe conséquente et 2 enfants magnifiques qui suivent leur scolarité dans des établissements prestigieux), le centre d’intérêt réside surtout dans l’art et la manière de paraître, de vivre au-dessus de ses moyens, lui qui attend plus de la vie en faisant semblant d’être riche et elle, en plein stress ambiant, qui part en vrille lorsque son monde commence à s’écrouler autour d’elle. Une peinture sans pitié et implacable d’un couple « nouveau riche » en déliquescence jusqu’à l’implosion, qui a succombé au rêve - qu’il soit d’ailleurs américain ou bien anglais ! – sans discernement et qui va payer très cher leur frénétique « folie des grandeurs » dans tous les sens du terme (« tes dépôts sont à mille lieux de tes dépenses ! »).
Le réalisateur et scénariste américain Sean Durkin (Martha, Marcy, May Marlène) nous propose un regard intimiste, particulièrement observateur et révélateur, d’une certaine mentalité bourgeoise – autant du côté de la vieille Angleterre que de celui du Nouveau monde -, tout en respectant une distance avec ses protagonistes avides et vaniteux, filmant doucement, lentement, posément, en silence, avec discrétion, sobriété et légèrement en retrait, pour mieux nous laisser constater l’ampleur du désastre qui se joue inexorablement devant nos yeux. De plus, il nous offre une BO conséquente que ne renierait pas n’importe quel fan des eighties (The Cure, Heart, The Thompson Twins, Bronsky Beat, The Communards, New Order, The Pretenders, Simply Red, This Mortal Coil…).
Bref, voilà une production honnête, soignée et méritante au final qui dénote par rapport au reste conflictuel, nous faisant penser à Noces rebelles de Sam Mendes en un peu moins abouti, mais néanmoins pleine de bons (comme de mauvais) sens illusoires, dans laquelle vous trouverez peut-être et sans (aucun) doute votre « compte »…

C.LB



 
 
 
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