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Nobody (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  22/03/2023  

De Ilya Nhaisuller avec Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, J.P. Manoux, Gage Munroe, Michael Ironside et Aleksey Seebrryalkov (les 22, 23 et 26/03)


Les gens les plus insignifiants sont parfois les plus dangereux.
Hutch Mansell, un père et un mari frustré, totalement déconsidéré par sa famille, se contente d’encaisser les coups, sans jamais les rendre. Il n’est rien. Une nuit, alors que deux cambrioleurs pénètrent chez lui, il fait le choix de ne pas intervenir, plutôt que de risquer une escalade sanglante. Une décision qui le discrédite définitivement aux yeux de son fils Blake, et qui semble l’éloigner encore plus de sa femme Becca. Cet incident réveille chez cet homme blessé des instincts larvés qui vont le propulser sur une voie violente, révélant des zones d’ombres et des compétences létales insoupçonnées. Dans une avalanche de coups de poings, de fusillades et de crissements de pneus, il va tout faire pour tirer sa famille des griffes d’un redoutable ennemi et s’assurer que, plus jamais, personne ne le prenne pour un moins que rien.


Nobody, non pas comme Mr. Nobody, film de Jack van Dormael sorti en 2009, mais plutôt comme n’importe qui, comme un gars « ben » ordinaire et sans histoire, un monsieur tout le monde (ou presque) ne laissant rien transparaître de particulier chez lui, si ce n’est d’avoir une femme sublime, 2 enfants magnifiques, une belle maison dans une résidence pavillonnaire et un travail routinier genre du pareil au même, aussi répétitif que lassant. Bref, pas le moindre élément ou le plus petit signe qui laisserait supposer une nature différente chez cette personne effacée et un peu lâche sur les bords. Il suffira pourtant d’une étincelle pour faire (ré)surgir « la bête » qui sommeille en lui depuis si voire trop longtemps !
Dans ce Bob Odenkirk (vu notamment dans Nebraska, Pentagon papers, et Les filles du docteur March, ainsi thriller qui va se révéler vite être d’action, il y a d’abord - et surtout – la gueule de l’acteur que dans des séries télévisées telles que Breaking bad, Better call Saul et Fargo) qui, sous son (faux) air un tant soit peu absent, cache des velléités à se battre (et à se défendre) insoupçonnées. Et quand il vrille, il faut s’attendre à la voir donner – et recevoir – des coups « en veux-tu en voilà » et à « qui mieux-mieux ». Un John Wick en puissance mais avec quelques années de plus (l’acteur a 58 ans tout de même !), un certain culot pour ne pas dire un aplomb assuré face à l’ennemi, et de la chance de ne pas être totalement seul lorsque le grabuge commence à prendre des proportions démesurées (un vieux papa, ancien du FBI, sous les traits goguenards de Christopher Lloyd, et un « frère » caché qui débarque à point nommé au final).
Cette production particulièrement mouvementée ne cherche pas à copier son « illustre » prédécesseur cité ci-dessus – bien qu’écrit par Derek Karlstad à qui l’on doit le fameux John Wick -, ni à coller plus ou moins à une réalité ambiante, et encore moins à garder un semblant de sérieux en toutes occasions. Ici, on n’est pas loin d’une parodie quelque peu exagérée (« c’était un poil excessif... »), où le comique de plusieurs situations est souvent présent, où le réalisateur russe Ilya Naishuller (Hardcore Henry en 2015 et aussi plusieurs clips musicaux) ne se prive pas d’en rajouter («...mais grandiose : j’ai pris mon pied »), et où la mise en scène, certes lente au début, ne manque pas de rythme entre des russes tarés et de la violence bien dosée. En résumé, un long-métrage quelque peu libératoire de nos (bas) instincts qui se donne une constance (c’est l’éternelle histoire du loup déguisé en agneau) et, au minimum, l’assurance de ne pas s’ennuyer pendant 1h30...

C.LB



 
 
 
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