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Eté 85 (sur Canal +)

Sortie  le  02/06/2021  

De François Ozon avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge, Valeria Bruni Tedeschi, Laurent Fernandez, Aurore Broutin, Melvil Poupaud et Isabelle Nanty


L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu'un été ? L’été 85...

Le réalisateur François Ozon garde ses sujets de prédilection – ses thèmes privilégiés sont souvent voire en général la sexualité, l'ambiguïté, l'ambivalence et la subversion des normes sociales ou familiales – mais change encore une fois de registre cinématographique – après avoir explorer divers genres tel que le drame intimiste, le mélodrame, le film fantastique, la comédie, le film policier, la comédie musicale, le film noir, le thriller et le film à costume, il aborde le teen-movie avec ses codes légers et bien particuliers mais à la sauce populaire française. Adaptant librement le roman La danse du coucou d’Aidan Chambers, il fait d’Eté 85 une histoire sentimentale aux liens forts, teintée de romanesque à la fois envoûtant et énigmatique, empreinte de références déjà utilisés ici et là dans certains de ses précédents films (entre autres Frantz, Dans la maison, Sous le sable et Une nouvelle amie).
Cette fois, il confronte 2 jeunes garçons pratiquement du même âge, 2 ados qui vont s’opposer dans un rapport de force amoureux assez différent. Si l’un est plutôt innocent tel un agneau venant de naître, certes sincère, sans l’ombre d’une tricherie dans l’âme, mais quelque peu naïf dans ses jugements, surtout face à ses sentiments, l’autre est quant à lui plus mâture et manipulateur, complètement libre dans ses attitudes, particulièrement cynique, voire pervers et même autodestructeur envers lui et les autres, totalement à l’image d’un fauve mâtiné d’un scorpion. Ils ont beau – avec leur gueule d’ange dite « de tapette » -, leur dégaine de mignon ou de marlou, et leurs regards qui en disent long - former tous les deux « une super équipe », ils n’en sont pas moins à jouer un jeu dangereux, fait d’obsession latente et quelque peu morbide (notamment celle de la mort), d’amitié bafouée (pour cause d’infidélité), ainsi que de peine de cœur abrupte (rupture sans concession).
N’empêche qu’à cet âge là, on ne voit pas et on ne se rend pas (encore) compte des faits et gestes qui pourtant ne trompent pas (rarement équivoques à l’écran, même pour celui à qui ils sont destinés, il y a pourtant des allusions comme des dialogues qui ne font pas illusion !), ni l’anguille sous roche qui annonce un drame sous-jacent (c’est beaucoup trop idéal pour durer !). Sans trop forcer le trait (bien qu’à plusieurs reprises, il soit impossible d’y échapper : les torses saillants et souvent nus des protagonistes principaux, les remarques « pertinentes » et plutôt directes de Valéria Bruni-Tedeschi qui en fait des tonnes, les yeux doux de Melvil Poupaud, les photos de Freddie Mercury accrochées au mur), il faut tout de même remarquer ou, du moins, avouer que certains passages manquent de simplicité et de fluidité évidentes, sonnant faux comme trop téléphoné, trop souligné, trop emprunté, trop apprêté et trop enjolivé, bref, pas vraiment naturel autant dans les actions que dans les échanges verbaux.
Même si l’époque traitée veut ça (un soin a été apporté aux styles de tenues), elle n’en était pas moins pleine de désirs, de sensualité, d’insouciances, d’inconstances aussi, ainsi que de doutes et de confusions psychologiques. Quoi qu’il en soit, la BO est à la hauteur de cette période bénie des Dieux (Cure ; Rod Stewart ; Bananarama ; Movie Music avec Stars de la pub....). Ah, nostalgie, quand tu nous prends !

C.LB



 
 
 
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