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La fille au bracelet (sur Ciné + Club)
Sortie
le 29/03/2022
De Stéphane Demoustier avec Melissa Guers, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Annie Marcier, Anaïs Demoustier, Carlo Ferrante et Pascal-Pierre Garbarini (sur Ciné + Club les 29 et 31/03 + 01, 08, 10 et 11/04)
Lise a 18 ans, elle vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet électronique car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie.
*César 2021 de la meilleure adaptation
A travers l’image représentative de l’affiche située ci-dessus, tout est annoncé ou presque : il s’agit d’un procès - notamment en cour d’assises -, celui d’une ado comparaissant pour meurtre, apparemment jugée pour l’homicide - (in)volontaire ou pas ? - de sa copine d’école. Obligée de garder constamment un bracelet électronique fixé à sa cheville (d’où le titre du film), après avoir été en détention provisoire (6 mois d’incarcération), elle est assignée à résidence en attendant d’être jugée sur son sort. Sans plus attendre (trop longtemps), on est rapidement plongé dans cette affaire judiciaire, entre les différentes comparutions au Palais de Justice et les réactions aux rapports quelque peu tendus des parents de cette jeune fille plus ou moins douteuse et énigmatique, se dévoilant peu et se dérobant parfois à certaines questions posées par les différents magistrats présents. Coupable ? Innocente ? Qu’importe les questionnements incertains (entre autres familiaux) dans de telles circonstances, ainsi que les enjeux du réquisitoire et de la plaidoirie finale (assez prévisible d’ailleurs ; malgré la présence d’Anaïs Demoustier en avocate générale autoritaire et bien tenue !), tout ce long métrage repose surtout sur les aspects réalistes de la justice en pareil cas, notamment le déroulement des prestations et autres déclarations à la barre de la part de personnes, qu’ils soient proches ou alors experts, se relayant les un(e)s après les autres pour décliner leur identité et énoncer les évènements mystérieux survenus avant et pendant ce fait-divers sanglant, sans oublier les démêlés disons bizarres et les mœurs plutôt légères, bien exacerbées et même peu reluisantes chez ces jeunes à travers cette énigme un poil intriguante. Sans preuves irréfutables, du moins convaincantes, ni éléments à charge solides avérés, le débat ne semble pas être l’élément moteur ou essentiel de cette production, d’autant plus que tout est concentré sur cette jeune fille autonome qui nie toute implication dans cet acte crapuleux avec une formidable intensité, une certaine distance, un certain dédain et un silence lourd affiché, ne redoutant nullement ce qui pourrait bien lui arriver, elle dont sa « vie est suspendue à ce drame ». Son père – joué par un Roschdy Zem impeccable de dureté comme de compréhension – a beau affirmer dès le début qu’il n’y a « rien qui puise faire des vagues » chez sa fille, rien n’apparaît en effet sur le visage de cette actrice débutante – interprétée par la formidable Melissa Guers dont c’est le 1er rôle au cinéma -, le regard froid, rigide, limite austère par moment qui pourrait la trahir ou nous rendre soupçonneux à son égard. Le déroulement de l’audience est quant à lui plutôt clinique, chirurgicale, sans coup de théâtre ou rebondissement à l’américaine (on pense bien sûr à tous ces films américains qui laissent une place non négligeable à ce type de procédure). En résumé, du travail bien fait (celui du réalisateur Stéphane Demoustier, frère de l’actrice Anaïs, à qui l’on doit déjà Terre battue et Allons enfants), propre et soigné, loin du documentaire, sans fioriture d’aucune sorte ni un rajout quelque conque, histoire de garder le suspense à son comble, du moins jusqu’au bout !
C.LB
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